Emanation de l’appareil eurocratique, le Groupe Spinelli (http://www.spinelligroup.eu), du nom de l’intellectuel euro-communiste italien Altiero Spinelli (1907-1986), fait de nouveau un peu parler de lui. Non que ses positions aient évolué ou qu’il ait quelque chose d’original à proposer, mais les élections européennes approchant, il s’inquiète que l’électorat européen soit séduit par le discours eurosceptique et se détourne du grand projet de fédéralisme européen en faveur duquel le Groupe milite.
Le Groupe Spinelli pense que l’Union européenne doit devenir comme une démocratie parlementaire nationale et non plus une superstructure politique coiffant des Etats nationaux. Certes la superstructure a fait beaucoup de progrès à leurs yeux en privant les Etats nationaux de grandes parts de leur souveraineté, mais cela n’est pas assez. Il faut forcer la marche vers un Etat européen unitaire et centralisé. Jusqu’ici l’Union européenne, par son opacité organisée, l’irresponsabilité de ses décideurs et l’argent dont elle arrose ceux qui la servent fidèlement, a bien profité à cette classe politique dont font partie les membres du Groupe Spinelli. Cela ne devrait pas changer avec une Europe fédérale. Au contraire, la centralisation favoriserait la croissance de l’appareil politique et administratif, la distance entre l’élu et l’électeur et toutes les manœuvres peu avouables qui font le quotidien de l’Union européenne.
Ce projet est présenté comme tellement nécessaire au bien des Etats-membres qu’il rassemble des gens qui, apparemment, appartiennent à des horizons fort éloignés, comme Guy Verhofstadt, jadis surnommé Baby Thatcher, Isabelle Durant, écologiste belge, et Daniel Cohn-Bendit dont le personnage n’est plus à présenter. Ces trois parlementaires européens sont bien d’accord sur le point qu’il faut « plus d’Europe » pour résoudre les problèmes de l’Union européenne. Cette rhétorique bien connue rappelle étrangement l’argument censé défendre le marxisme en Russie du temps de Staline : si le communisme ne fonctionne pas, c’est parce que le monde entier n’est pas encore communiste. Si l’Union européenne ne fonctionne pas, c’est parce qu’il subsiste des réflexes nationaux et identitaires, des habitudes de souveraineté, des peuples et des langues, des intérêts nationaux et des cavaliers seuls.
Pour le Groupe Spinelli, si l’Union européenne ne suscite pas davantage d’enthousiasme chez les citoyens des Etats-membres, c’est parce qu’elle est mal connue, mal comprise et mal aimée. C’est pour cela qu’on n’est pas prêt à abandonner l’Etat-Nation pour l’Union européenne. Les membres du Groupe devraient aussi se demander pourquoi l’Union européenne est si mal aimée…
C’est ce qu’ont tenté de faire Isabelle Durant et Gesine Schwan dans leur livre Hymne pour une Europe insoumise. Les citoyens à la manœuvre. Cet ouvrage au rayonnement très limité n’a pas suscité le sursaut attendu par ses « auteures » car tout en reprenant une phraséologie révolutionnaire et gauchisante, il ne fait que plaider pour le renforcement d’un appareil politique pour lequel les citoyens devraient être soumis et surtout pas « à la manœuvre ». La « participation citoyenne » doit avoir lieu pour renforcer la légitimité de l’Union européenne, non pas pour que les citoyens donnent leur avis ou contrecarrent la marche vers un Etat européen. Une telle initiative ne fait donc que renforcer l’isolement de la classe politique européenne dans son refus de voir les vrais problèmes et forcément d’y apporter des solutions.
La confirmation de ce fait est donnée dans une autre page d’anthologie du Groupe Spinelli, "The Rise of Populism and Extermist Parties in Europe" publié avec l’appui financier de la Fondation Roi Baudouin. Ici les auteurs cherchent à comprendre le phénomène populiste comme s’il s’agissait d’un cas de délinquance juvénile : une mauvaise réponse à un problème mal perçu. En aucun cas, ils ne sont prêts à y voir une option démocratique aussi acceptable qu’une autre, même si elle devait emporter une majorité. Au contraire, il s’agit d’un comportement déviant qu’il faut éradiquer. Certes les membres du Groupe Spinelli sont prêts à reconnaître aux membres des mouvements populistes (pas à leurs leaders) des raisons compréhensibles : la crise économique (comme si elle était tombée du ciel), le chômage et la baisse du pouvoir d’achat (comme si la politique n’y était pour rien) et enfin le mode de gouvernement de l’Union européenne. A ce dernier mal, ils proposent le remède d’une « radicalisation », entendez plus de démocratie parlementaire et tout ira mieux. Or la démocratie parlementaire, tous les populistes en prennent au petit déjeuner dans leur pays respectifs sans que cela n’apporte aucun remède.
Symptomatique de l’irréalisme de la classe politique, une cause du populisme telle que l’immigration n’est pas considérée comme un problème, mais seulement comme une mauvaise lecture d’un phénomène contemporain. De même, le réflexe régionaliste est considéré comme « une illusion ». Face à cela, le Groupe Spinelli propose une culture transnationale et l’effacement des identités ou comment guérir l’allergie en doublant la dose des allergènes.
Christophe Buffin de Chosal
Correspondance européenne
Qui sont les députés français membres de ce groupe ?
Réponse ici : http://www.spinelligroup.eu/mep-spinelli-group
Le Groupe Spinelli pense que l’Union européenne doit devenir comme une démocratie parlementaire nationale et non plus une superstructure politique coiffant des Etats nationaux. Certes la superstructure a fait beaucoup de progrès à leurs yeux en privant les Etats nationaux de grandes parts de leur souveraineté, mais cela n’est pas assez. Il faut forcer la marche vers un Etat européen unitaire et centralisé. Jusqu’ici l’Union européenne, par son opacité organisée, l’irresponsabilité de ses décideurs et l’argent dont elle arrose ceux qui la servent fidèlement, a bien profité à cette classe politique dont font partie les membres du Groupe Spinelli. Cela ne devrait pas changer avec une Europe fédérale. Au contraire, la centralisation favoriserait la croissance de l’appareil politique et administratif, la distance entre l’élu et l’électeur et toutes les manœuvres peu avouables qui font le quotidien de l’Union européenne.
Ce projet est présenté comme tellement nécessaire au bien des Etats-membres qu’il rassemble des gens qui, apparemment, appartiennent à des horizons fort éloignés, comme Guy Verhofstadt, jadis surnommé Baby Thatcher, Isabelle Durant, écologiste belge, et Daniel Cohn-Bendit dont le personnage n’est plus à présenter. Ces trois parlementaires européens sont bien d’accord sur le point qu’il faut « plus d’Europe » pour résoudre les problèmes de l’Union européenne. Cette rhétorique bien connue rappelle étrangement l’argument censé défendre le marxisme en Russie du temps de Staline : si le communisme ne fonctionne pas, c’est parce que le monde entier n’est pas encore communiste. Si l’Union européenne ne fonctionne pas, c’est parce qu’il subsiste des réflexes nationaux et identitaires, des habitudes de souveraineté, des peuples et des langues, des intérêts nationaux et des cavaliers seuls.
Pour le Groupe Spinelli, si l’Union européenne ne suscite pas davantage d’enthousiasme chez les citoyens des Etats-membres, c’est parce qu’elle est mal connue, mal comprise et mal aimée. C’est pour cela qu’on n’est pas prêt à abandonner l’Etat-Nation pour l’Union européenne. Les membres du Groupe devraient aussi se demander pourquoi l’Union européenne est si mal aimée…
C’est ce qu’ont tenté de faire Isabelle Durant et Gesine Schwan dans leur livre Hymne pour une Europe insoumise. Les citoyens à la manœuvre. Cet ouvrage au rayonnement très limité n’a pas suscité le sursaut attendu par ses « auteures » car tout en reprenant une phraséologie révolutionnaire et gauchisante, il ne fait que plaider pour le renforcement d’un appareil politique pour lequel les citoyens devraient être soumis et surtout pas « à la manœuvre ». La « participation citoyenne » doit avoir lieu pour renforcer la légitimité de l’Union européenne, non pas pour que les citoyens donnent leur avis ou contrecarrent la marche vers un Etat européen. Une telle initiative ne fait donc que renforcer l’isolement de la classe politique européenne dans son refus de voir les vrais problèmes et forcément d’y apporter des solutions.
La confirmation de ce fait est donnée dans une autre page d’anthologie du Groupe Spinelli, "The Rise of Populism and Extermist Parties in Europe" publié avec l’appui financier de la Fondation Roi Baudouin. Ici les auteurs cherchent à comprendre le phénomène populiste comme s’il s’agissait d’un cas de délinquance juvénile : une mauvaise réponse à un problème mal perçu. En aucun cas, ils ne sont prêts à y voir une option démocratique aussi acceptable qu’une autre, même si elle devait emporter une majorité. Au contraire, il s’agit d’un comportement déviant qu’il faut éradiquer. Certes les membres du Groupe Spinelli sont prêts à reconnaître aux membres des mouvements populistes (pas à leurs leaders) des raisons compréhensibles : la crise économique (comme si elle était tombée du ciel), le chômage et la baisse du pouvoir d’achat (comme si la politique n’y était pour rien) et enfin le mode de gouvernement de l’Union européenne. A ce dernier mal, ils proposent le remède d’une « radicalisation », entendez plus de démocratie parlementaire et tout ira mieux. Or la démocratie parlementaire, tous les populistes en prennent au petit déjeuner dans leur pays respectifs sans que cela n’apporte aucun remède.
Symptomatique de l’irréalisme de la classe politique, une cause du populisme telle que l’immigration n’est pas considérée comme un problème, mais seulement comme une mauvaise lecture d’un phénomène contemporain. De même, le réflexe régionaliste est considéré comme « une illusion ». Face à cela, le Groupe Spinelli propose une culture transnationale et l’effacement des identités ou comment guérir l’allergie en doublant la dose des allergènes.
Christophe Buffin de Chosal
Correspondance européenne
Qui sont les députés français membres de ce groupe ?
Réponse ici : http://www.spinelligroup.eu/mep-spinelli-group