Analyse
En 1941, l'Américain James Burnham signait un essai dystopique "The Managerial Revolution" publié après-guerre en France sous le titre "L'ère des organisateurs". Il annonçait le règne des bureaux, agissant en réseau et dirigés par une élite directoriale, les "managers" (Taylor), celui de la "démocratie contrôlée", du Politique absorbé par l'Economie, et de la gestion technique de l'Humanité. Dès 1952, Norbert Wiener fondait la "cybernétique", science de la communication et de la décision dont les lois devaient s'étendre à toutes les relations sociales et au pouvoir, bien avant que les institutions traditionnelles ne...
Le donnant-donnant d’Aix-la-Chapelle 28/01/2019
C’est ce qui s’appelle avoir le sens du symbole. Le 21 janvier, Emmanuel Macron paradait à Versailles, dans le château du Roi-Soleil. Objectif : séduire les plus grands patrons des multinationales. Le lendemain, il officiait à Aix-la-Chapelle, la capitale de Charlemagne. Il s’agissait de signer un nouveau traité franco-allemand. Ledit traité a suscité beaucoup de commentaires unilatéraux, caricaturaux, voire fantaisistes. Ce qui a permis, en retour, à certains d’assurer que le texte était en réalité anodin, ce qui n’est pas le cas. Pour en saisir le contexte et l’esprit, il convient de lire l’accord lui-même, mais aussi...
A l'occasion du bicentenaire de la naissance de Karl Marx, une statue de bronze offerte par la Chine a été inaugurée à Trèves, la ville natale du philosophe allemand. Invité d’honneur, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker y a délivré un discours invitant à replacer Marx...
Normalien, agrégé de philosophie, professeur de philosophie politique à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, directeur du Centre de recherches politiques Raymond-Aron, Pierre Manent est l’un des rares Français à enseigner aux États-Unis. Il publie coup sur coup deux nouveaux ouvrages,...
Le "sens de l'histoire", c'est l'enflure 03/11/2017
Dès qu'un problème se présente, on ne croit pouvoir le résoudre que "par le haut, à travers une organisation d'échelle supérieure", explique le philosophe et mathématicien Olivier Rey dans son remarquable essai "Une question de taille" sur notre perte du sens de la mesure, à l'origine de la plupart des crises contemporaines. L'intégration économique et juridique "sans cesse plus étroite" de l'Europe, puis du monde, procèdent de cette démesure et cette obsession infantiles de l'unification humaine, passant par dessus bord la possibilité même qu'il ait encore une politique tout court. "Les dirigeants actuels ne font plus...
La marginalisation de l'Etat-nation et du sentiment commun d'appartenance, au motif de la "nécessaire" intégration supranationale et de la globalisation, a pour effet l'explosion des identités subjectives (religieuses, ethniques, sexuelles etc) porteuses de revendications politiques. Parmi elles, l'autonomisme régionaliste ou micro-nationaliste, encouragé depuis des années par l'Union européenne et le Conseil de l'Europe. La nature ayant horreur du vide, le pouvoir peu à peu déserté par le Politique allait être bientôt saturé en toute matière de nouvelles autorités, pouvoirs formels ou informels, publics et privés,...
Le globalisme est-il un néo-colonialisme ? 23/03/2016
La mondialisation est un fait. Le globalisme est une idéologie. La première se constate. Le second doit pouvoir être critiqué. La première appelle des réponses politiques. Le second organise au contraire l'évacuation du Politique. Derrière la globalisation entendue comme projet, il y a en effet l'extension illimitée de l'idéologie techno-marchande à toute la planète, et à tous les domaines de l'existence humaine. Ce n'est pas un seul pays en tant que tel qui le propage, c'est une superclasse mondialisée. Il n'y a pas de complot, pas de conspiration, seulement des intérêts convergents et parfaitement cupides. Une sorte de...
Que veut exactement la myriade d'intérêts privés qui lobbyisent massivement les fonctionnaires, commissaires et élus de l'Europe intégrée ? Davantage de profits, naturellement - pour ceux qui opèrent dans le champ des affaires et de la finance (deux tiers des lobbies) - et toujours plus de droits subjectifs - pour ceux qui opèrent dans le champ culturel et sociétal. Libre-échangistes et sociétalistes se proclament en choeur "Européens convaincus", alors qu'en réalité, ils rêvent moins des promesses éternelles de l'Europe unie - le mythe salvateur des « 3 p » : Prospérité, Puissance et Paix, mythe dont l'échec...
Du pouvoir aux affaires, des affaires au pouvoir : à Bruxelles, on appelle cela les "revolving doors", les "portes tournantes" ou "tourniquets". Les (ex) dirigeants, hauts fonctionnaires, agents ou (ex) députés constituent le principal canal, et sans doute le plus efficace, permettant aux intérêts privés de maîtriser les canaux de production législative et des politiques publiques. Les lobbies d'affaires et les grosses firmes recrutent beaucoup de leurs agents d’influence (les fameux "lobbyistes") parmi les commissaires européens, personnels administratifs ou députés. Le phénomène touche non seulement les très hauts...
Lorsque le pouvoir n'est plus légitimé par le consentement populaire, il perd de vue le Bien commun. Autocentré, il n'a plus d'autre finalité que lui-même et les intérêts particuliers des oligarchies qui savent manier le gouvernail que le Politique, sans contrainte ni violence, a abandonné entre leurs mains. Voilà en effet trente ans que l’on construit politiquement l’impuissance du Politique. Le pouvoir déraciné voit alors ses structures, ses procédures, ses personnels totalement transformés, devenus poreux aux grands intérêts privés, mondialisés comme lui. Capitale mondiale du lobbying devant Washington, Bruxelles...
Pour l´islamologue Annie Laurent, les gouvernements européens ont tort 1) d'ignorer les spécificités de l’islam, qui n’est "pas qu’une religion" mais aussi un code juridique imposant des règles civiles, pénales, constitutionnelles et, au-delà, la patrie universelle appelée "l´Oumma" ; 2) de croire que dans son contenu théologique l’islam serait un monothéisme comme les autres, donc une religion à traiter comme les autres ; 3) d´appliquer à l’islam nos propres critères (issus de notre culture judéo-chrétienne) en matière de philosophie et d’organisation de l’Etat et de la société. 4) On a aussi manqué, explique Annie...
En dépit de l’indigence intellectuelle de l’idéologie qui régit l’Union Européenne, la capacité subversive de son langage est réelle grâce en particulier à une sélection de mots de sens fort constamment martelés. La subversion étant (dictionnaire) « l’action visant à saper les valeurs et les institutions établies », ce sont bien les principes fondateurs de la civilisation européenne qui sont aujourd’hui l’objet d’un travail de sape, à savoir : le droit à la souveraineté, la liberté des nations, les devoirs de l’intérêt national et général, l’équité comme condition d’équilibre de la société, la recherche du progrès...
Dans le bâtiment, l'intérim ou l'agriculture, les entreprises des pays de l'Est détachant des salariés vers la France sont accusées de favoriser le dumping social, à la faveur de la législation européenne qui met en oeuvre le marché unique des services prévu par le Traité. La directive Bolkestein instaurait à ce titre le "principe du pays d'origine" pour faciliter la libre-prestation de services pour les entreprises prestant dans d'autres pays. Avec la directive "détachement", il s'agit des salariés, et seulement dans le cas où ils sont détachés par leur entreprise de leur pays dans un autre, et pour une courte durée....
Emanation de l’appareil eurocratique, le Groupe Spinelli (http://www.spinelligroup.eu), du nom de l’intellectuel euro-communiste italien Altiero Spinelli (1907-1986), fait de nouveau un peu parler de lui. Non que ses positions aient évolué ou qu’il ait quelque chose d’original à proposer, mais les élections européennes approchant, il s’inquiète que l’électorat européen soit séduit par le discours eurosceptique et se détourne du grand projet de fédéralisme européen en faveur duquel le Groupe milite. Le Groupe Spinelli pense que l’Union européenne doit devenir comme une démocratie parlementaire nationale et non plus une...
Que nous réserve 2014 ? par Jacques Sapir 04/12/2013
Il est désormais clair que l’année prochaine s’annonce sous de lugubres auspices. La consommation intérieure n’est plus aujourd’hui soutenue que par un mouvement de désépargne qui touche plus particulièrement les classes populaires. La contraction du volume du Livret A en est la preuve. Par ailleurs, l’environnement économique international s’avère bien plus sombre que ce que l’on pouvait penser au début de 2013. Les Etats-Unis auront une croissance plus faible que prévue, ceci résultant tant de la baisse des gains de productivités (tombés autour de 1% par an) que d’une lente remontée des taux d’intérêts qui pénalisent...
Au regard du fédéralisme classique, l'Europe de Bruxelles a la tête en bas et les pieds en l'air... L'Union ne cesse de s'ingérer dans la vie interne des États membres, dans les compétences qui, dans le fédéralisme classique, relèvent naturellement et exclusivement des États fédérés : on sait les plaisanteries des chansonniers sur le modèle de bicyclette européenne ou sur le volume d'eau dont doit disposer la chasse d'eau européenne, réglés dans le détail par les institutions de Bruxelles - plus sérieusement, le gouvernement français de Jean-Marc Ayrault découvre, avec émotion, le 29 mai 2013, la liste détaillée des...
"Nos compromissions, nos renoncements, notre manque de courage, de dignité, le non-respect des valeurs au nom desquelles nous prétendons agir et combattre, ça ne va plus du tout. Nous ne sommes plus des pays dignes de respect de la part du monde musulman, et vous savez combien le monde musulman respecte des partenaires qui sont pleinement conscients de ce qu'ils sont, de leur identité, de leur croyance éventuellement, tout ça, ça compte énormément..." Le Dr Annie Laurent, écrivain, journaliste et chercheur spécialiste du Moyen Orient était auditionnée le 10 septembre au Parlement européen à Strasbourg, à l'invitation du...
Le 17 juin dernier, l'Union européenne et les Etats-Unis ont officiellement lancé les négociations en vue d'établir un accord de libéralisation des échanges entre les deux zones, baptisé "Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement". Dans un article publié par Alternatives Economiques cet été, le principe même de la négociation ouverte début juillet est mis en question : "Europe-Etats-Unis: Faut-il un accord de libre-échange ?" se demande Christian Chavagneux (n° 094 - juillet 2013 ). Une critique que partage Christophe Beaudouin, docteur en droit, invité de Louis Daufresne sur Radio Notre Dame le 12...
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Refondation : un Traité pour l'Europe véritable
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Le Pentagone redessine le monde
29/08/2006
L'ère démocratique est-elle finie ?
14/08/2006
Migrations : les limites de l'Europe
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La leçon oubliée de Friedman
07/12/2006
Immigration : le coût de l'irresponsabilité
26/10/2006
La France face à la question belge
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Chronique d'un coup d'Etat annoncé
21/09/2006
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