« Je vous souhaite la bienvenue à Paris, en France. Nous allons avoir plusieurs heures, plusieurs jours même, de cogitation intellectuelle sur les cimes de l’Europe, avec une dizaine d’intervenants dont vous mesurerez vous-même la qualité, à commencer par celui qui va me succéder dans quelques instants, monsieur François-Xavier Bellamy, qui est un très grand professeur de philosophie, dont la pensée, malgré son jeune âge, est déjà très aboutie.
Il me revient d’introduire ces journées d’études, je le ferai en résumant, en quelques mots, ce qu’a été la grande course de la construction européenne depuis le 25 mars 1957 jusqu’à nos jours, du rêve à l’abîme, donc je le ferai à notre manière à nous, qui avons une vision critique de cette grande course, ou plutôt, de ce rêve brisé.
Tout a commencé avec un rêve et un mensonge : le rêve d’une Europe idyllique à partir d’un mensonge qui était celui de la souveraineté partagée, comme il y eut plus à l’Est, un autre mensonge : celui de la souveraineté limitée.
On nous a expliqués – hélas les peuples l’ont cru – qu’en cédant une partie de nous-mêmes pour la mettre en commun à Bruxelles, nous allions retrouver un multiple de notre souveraineté. Il fallait faire une soustraction pour faire une addition.
On nous a expliqués que s’il n’y avait plus d’agriculture française, ou italienne, ou danoise, ou allemande, s’il n’y avait plus d’industrie de chaque pays, s’il n’y avait plus de services de chaque pays, de recherche de chaque pays, alors il y aurait une recherche européenne, une industrie européenne, une agriculture européenne, qui affronteraient celles des Etats-Unis et demain celles de la Chine.
On nous a vendu l’idée que si nous acceptions de mutiler nos bras et nos jambes, nous allions courir plus vite. Voilà le mensonge ; car aujourd’hui on voit bien qu’il n’y a plus d’industrie européenne, si peu de recherche européenne, si peu d’agriculture européenne, si peu de puissance économique européenne et il n’y a plus du tout d’industrie, d’agriculture, ou de services ou de recherche nationale, en tout cas plus pour la France. La souveraineté partagée, c’était l’idée qu’il fallait faire un geste de générosité pour devenir plus fort tous ensemble.
Alors on nous a demandé d’abandonner nos souverainetés, en nous disant : « ne vous inquiétez pas, vous allez offrir vos souverainetés mais vous allez garder vos identités ». Après tout, la Pologne n’avait plus sa souveraineté sous le régime soviétique, mais elle a gardé son identité ? Pourquoi pas nous… ? Et on a construit un système monstrueux, qui est un système post-démocratique, répondant dans le triptyque d’Aristote, au troisième terme qu’on n’avait jamais appliqué complètement à une telle échelle : l’oligarchie ! L’oligarchie entre les mains d’une bureaucratie cooptée, qui n’est pas un système politique mais qui est un système apolitique. C’est la première fois dans l’Histoire des Hommes qu’on tente une expérience inédite, inouïe : l’absence de souveraineté !
La souveraineté n’est plus dans nos Nations, elle n’est plus nulle part ! Puisqu’on a dispersé la Potestas et l’Auctoritas entre des antres de puissances extérieures et bureaucratiques. Un bout de la souveraineté est partie à Bruxelles, la Loi, entre les mains de la Commission ; un bout de la souveraineté est partie à Luxembourg, la Justice ; un bout de la souveraineté est partie à Washington à l’OTAN (alors qu’on nous expliquait qu’il s’agissait de faire une puissance militaire européenne indépendante) et un bout de la souveraineté est partie à Francfort. Il n’y a plus de souveraineté nulle part.
Quand on est parlementaire européen, on s’habitue à tout, on a la main dans le boitier : trois touches, trois doigts. Soixante fois, cent fois, cent cinquante fois : on ne sait plus ce qu’on vote ! Mais on se doute que derrière le doigt qui bouge, il y a un lobby germano-allemand ou sino-italien, mais nous votons à l’aveugle. Nous sommes devenus des enfants pris dans le jeu de lego des commissaires, au service d’un système monstrueux qui nous submerge mais qui ne nous dit pas quelle est son origine ni sa carte d’identité. Nous avons offert nos souverainetés pour être plus puissants et nous avons finalement vécu cet abandon comme une soustraction, une mutilation, une amputation ! A la manière d’un athlète qui offre ses jambes à la science et qui prétendrait encore courir les Jeux Olympiques.
Quand, avec mon ami Georges Berthu, que je retrouve ici avec une grande joie (député européen à partir de 1994), nous avons mené, avec Jimmy Goldsmith, notre premier combat, avec un immense succès aux élections européennes en 1994, nous ne pensions pas qu’un jour nous aurions à aborder non seulement la question de la souveraineté mais aussi la question de l’identité !
Nous avons perdu notre souveraineté et nous sommes en train de perdre notre identité, je veux dire l’identité européenne. Tout ce qu’on nous a vendu comme un rêve s’est brisé, s’est brisé sur le réel. On nous a vendu la croissance, on nous a vendu l’emploi, on nous a vendu avec l’euro la convergence monétaire ; et nous avons le chômage, la décroissance, la stagnation et la dissymétrie monétaire.
Le système de l’absence de souveraineté est ancré sur une idéologie qui s’appelle le mondialisme. Qui osera nommer la nouvelle idéologie qui a succédé à la peste rouge et la peste brune du XXème siècle. Cette idéologie, elle rassemble les contraires, les deux internationales : l’internationale communiste, qui ne veut plus de Nation, qui veut unifier le genre humain et l’internationale capitaliste, qui ne veut pas de loi, qui ne veut pas de législation protectrice, qui ne veut pas d’Etat, qui ne veut pas de Nation : c’est plus facile de commercer et d’exploiter les gens quand il n’y a plus de protection !
Ce mondialisme vise à créer une agrégation inconstituée d’atomes interchangeables à l’échelle de la planète. Des atomes séparés de leurs attachements vitaux et qui n’ont plus de racine. C’est le grand déracinement : le déracinement historique, géographique, avec la nécessaire mobilité à cause de l’euro, le déracinement affectif avec la fin de l’identité sexuée, le déracinement spirituel, le déracinement culturel.
Le mondialisme est un système dans lequel ce sont les pauvres des pays riches qui subventionnent les riches des pays pauvres. C’est donc un système qui porte deux idées majeures, qui sont deux hémorragies potentielles : l’immigration de masse et la délocalisation de masse.
Regardons les choses en face, mes chers amis parlementaires européens : nous assistons à un formidable chassé-croisé qui nous détruit à petit feu ; chassé-croisé oui : avec d’un côté l’avortement de masse et de l’autre côté l’immigration de masse. Cette Europe sans souveraineté est aussi et d’abord une Europe sans frontière. La frontière est devenue, pour les européistes et les mondialistes, un interdit moral. Alors que la frontière, c’est un cercle d’inclusion beaucoup plus qu’un cercle d’exclusion ! La Nation est perçue hélas comme un obstacle à la « fraternité cosmique », alors que la Nation est le chemin du monde ! Cette Europe de Lampedusa, cette Europe du « Camp des saints », qui vise un changement de peuplement, va faire de nous des petites minorités bientôt abritées dans des réduits périphériques ; car cette Europe du mondialisme prépare l’Europe du communautarisme. C’est une Europe du multiculturalisme !
Je terminerai en disant ceci, avec un peu d’avance, au risque de choquer certains d’entre vous : cette Europe dans trente ans, elle sera islamique. L’Europe perd son identité, elle perd sa substance, elle ne sait plus d’où elle vient. Paul Valéry disait : « l’Europe c’est un espace qui a été romanisé, christianisé et soumis à la discipline des Grecs ». Si elle ne sait plus ça, si elle ne veut pas reconnaître ses racines chrétiennes, l’Europe sera musulmane, l’Europe sera islamique, elle sera islamique dans trente ans ! C’est une question démographique.
Pierre Chaunu, Fernand Braudel, les grands historiens français, qui étaient nos professeurs lorsque nous étions leurs élèves, il y a un certain nombre d’années, disaient : l’Histoire c’est la démographie, l’Histoire c’est la démographie ! L’enfant c’est la ligne de flottaison de l’Espoir : il n’y a plus d’enfant quand il n’y a plus d’espoir. Donc aujourd’hui, toutes les réformes qui sont faites, y compris en France avec le mariage homosexuel, visent à stériliser la civilisation. Et parce que nous ne voulons pas que l’Europe devienne islamique, parce que nous voulons que l’Europe survive, alors nous prônons l’Europe de l’Indépendance ! De la Démocratie ! C’est l’emblème de notre groupe : nous prônons une Europe qui se reconstruise sur les Nations. Nous ne sommes pas contre la construction européenne : nous sommes contre la déconstruction européenne !
Alors que vive chacune de nos Nations, et que vive l’Europe des Nations !
Il me revient d’introduire ces journées d’études, je le ferai en résumant, en quelques mots, ce qu’a été la grande course de la construction européenne depuis le 25 mars 1957 jusqu’à nos jours, du rêve à l’abîme, donc je le ferai à notre manière à nous, qui avons une vision critique de cette grande course, ou plutôt, de ce rêve brisé.
Tout a commencé avec un rêve et un mensonge : le rêve d’une Europe idyllique à partir d’un mensonge qui était celui de la souveraineté partagée, comme il y eut plus à l’Est, un autre mensonge : celui de la souveraineté limitée.
On nous a expliqués – hélas les peuples l’ont cru – qu’en cédant une partie de nous-mêmes pour la mettre en commun à Bruxelles, nous allions retrouver un multiple de notre souveraineté. Il fallait faire une soustraction pour faire une addition.
On nous a expliqués que s’il n’y avait plus d’agriculture française, ou italienne, ou danoise, ou allemande, s’il n’y avait plus d’industrie de chaque pays, s’il n’y avait plus de services de chaque pays, de recherche de chaque pays, alors il y aurait une recherche européenne, une industrie européenne, une agriculture européenne, qui affronteraient celles des Etats-Unis et demain celles de la Chine.
On nous a vendu l’idée que si nous acceptions de mutiler nos bras et nos jambes, nous allions courir plus vite. Voilà le mensonge ; car aujourd’hui on voit bien qu’il n’y a plus d’industrie européenne, si peu de recherche européenne, si peu d’agriculture européenne, si peu de puissance économique européenne et il n’y a plus du tout d’industrie, d’agriculture, ou de services ou de recherche nationale, en tout cas plus pour la France. La souveraineté partagée, c’était l’idée qu’il fallait faire un geste de générosité pour devenir plus fort tous ensemble.
Alors on nous a demandé d’abandonner nos souverainetés, en nous disant : « ne vous inquiétez pas, vous allez offrir vos souverainetés mais vous allez garder vos identités ». Après tout, la Pologne n’avait plus sa souveraineté sous le régime soviétique, mais elle a gardé son identité ? Pourquoi pas nous… ? Et on a construit un système monstrueux, qui est un système post-démocratique, répondant dans le triptyque d’Aristote, au troisième terme qu’on n’avait jamais appliqué complètement à une telle échelle : l’oligarchie ! L’oligarchie entre les mains d’une bureaucratie cooptée, qui n’est pas un système politique mais qui est un système apolitique. C’est la première fois dans l’Histoire des Hommes qu’on tente une expérience inédite, inouïe : l’absence de souveraineté !
La souveraineté n’est plus dans nos Nations, elle n’est plus nulle part ! Puisqu’on a dispersé la Potestas et l’Auctoritas entre des antres de puissances extérieures et bureaucratiques. Un bout de la souveraineté est partie à Bruxelles, la Loi, entre les mains de la Commission ; un bout de la souveraineté est partie à Luxembourg, la Justice ; un bout de la souveraineté est partie à Washington à l’OTAN (alors qu’on nous expliquait qu’il s’agissait de faire une puissance militaire européenne indépendante) et un bout de la souveraineté est partie à Francfort. Il n’y a plus de souveraineté nulle part.
Quand on est parlementaire européen, on s’habitue à tout, on a la main dans le boitier : trois touches, trois doigts. Soixante fois, cent fois, cent cinquante fois : on ne sait plus ce qu’on vote ! Mais on se doute que derrière le doigt qui bouge, il y a un lobby germano-allemand ou sino-italien, mais nous votons à l’aveugle. Nous sommes devenus des enfants pris dans le jeu de lego des commissaires, au service d’un système monstrueux qui nous submerge mais qui ne nous dit pas quelle est son origine ni sa carte d’identité. Nous avons offert nos souverainetés pour être plus puissants et nous avons finalement vécu cet abandon comme une soustraction, une mutilation, une amputation ! A la manière d’un athlète qui offre ses jambes à la science et qui prétendrait encore courir les Jeux Olympiques.
Quand, avec mon ami Georges Berthu, que je retrouve ici avec une grande joie (député européen à partir de 1994), nous avons mené, avec Jimmy Goldsmith, notre premier combat, avec un immense succès aux élections européennes en 1994, nous ne pensions pas qu’un jour nous aurions à aborder non seulement la question de la souveraineté mais aussi la question de l’identité !
Nous avons perdu notre souveraineté et nous sommes en train de perdre notre identité, je veux dire l’identité européenne. Tout ce qu’on nous a vendu comme un rêve s’est brisé, s’est brisé sur le réel. On nous a vendu la croissance, on nous a vendu l’emploi, on nous a vendu avec l’euro la convergence monétaire ; et nous avons le chômage, la décroissance, la stagnation et la dissymétrie monétaire.
Le système de l’absence de souveraineté est ancré sur une idéologie qui s’appelle le mondialisme. Qui osera nommer la nouvelle idéologie qui a succédé à la peste rouge et la peste brune du XXème siècle. Cette idéologie, elle rassemble les contraires, les deux internationales : l’internationale communiste, qui ne veut plus de Nation, qui veut unifier le genre humain et l’internationale capitaliste, qui ne veut pas de loi, qui ne veut pas de législation protectrice, qui ne veut pas d’Etat, qui ne veut pas de Nation : c’est plus facile de commercer et d’exploiter les gens quand il n’y a plus de protection !
Ce mondialisme vise à créer une agrégation inconstituée d’atomes interchangeables à l’échelle de la planète. Des atomes séparés de leurs attachements vitaux et qui n’ont plus de racine. C’est le grand déracinement : le déracinement historique, géographique, avec la nécessaire mobilité à cause de l’euro, le déracinement affectif avec la fin de l’identité sexuée, le déracinement spirituel, le déracinement culturel.
Le mondialisme est un système dans lequel ce sont les pauvres des pays riches qui subventionnent les riches des pays pauvres. C’est donc un système qui porte deux idées majeures, qui sont deux hémorragies potentielles : l’immigration de masse et la délocalisation de masse.
Regardons les choses en face, mes chers amis parlementaires européens : nous assistons à un formidable chassé-croisé qui nous détruit à petit feu ; chassé-croisé oui : avec d’un côté l’avortement de masse et de l’autre côté l’immigration de masse. Cette Europe sans souveraineté est aussi et d’abord une Europe sans frontière. La frontière est devenue, pour les européistes et les mondialistes, un interdit moral. Alors que la frontière, c’est un cercle d’inclusion beaucoup plus qu’un cercle d’exclusion ! La Nation est perçue hélas comme un obstacle à la « fraternité cosmique », alors que la Nation est le chemin du monde ! Cette Europe de Lampedusa, cette Europe du « Camp des saints », qui vise un changement de peuplement, va faire de nous des petites minorités bientôt abritées dans des réduits périphériques ; car cette Europe du mondialisme prépare l’Europe du communautarisme. C’est une Europe du multiculturalisme !
Je terminerai en disant ceci, avec un peu d’avance, au risque de choquer certains d’entre vous : cette Europe dans trente ans, elle sera islamique. L’Europe perd son identité, elle perd sa substance, elle ne sait plus d’où elle vient. Paul Valéry disait : « l’Europe c’est un espace qui a été romanisé, christianisé et soumis à la discipline des Grecs ». Si elle ne sait plus ça, si elle ne veut pas reconnaître ses racines chrétiennes, l’Europe sera musulmane, l’Europe sera islamique, elle sera islamique dans trente ans ! C’est une question démographique.
Pierre Chaunu, Fernand Braudel, les grands historiens français, qui étaient nos professeurs lorsque nous étions leurs élèves, il y a un certain nombre d’années, disaient : l’Histoire c’est la démographie, l’Histoire c’est la démographie ! L’enfant c’est la ligne de flottaison de l’Espoir : il n’y a plus d’enfant quand il n’y a plus d’espoir. Donc aujourd’hui, toutes les réformes qui sont faites, y compris en France avec le mariage homosexuel, visent à stériliser la civilisation. Et parce que nous ne voulons pas que l’Europe devienne islamique, parce que nous voulons que l’Europe survive, alors nous prônons l’Europe de l’Indépendance ! De la Démocratie ! C’est l’emblème de notre groupe : nous prônons une Europe qui se reconstruise sur les Nations. Nous ne sommes pas contre la construction européenne : nous sommes contre la déconstruction européenne !
Alors que vive chacune de nos Nations, et que vive l’Europe des Nations !