"Prenons congé des vieux réflexes supranationalistes, utopie infantile nostalgique de Babel, qui prend la diversité humaine pour l’origine des guerres. Il est temps de grandir"
"L'Europe, vous le savez comme moi, sera un accord entre les États, ou rien. Donc, rien. Nous sommes les derniers Européens de l'Europe, qui fut la Chrétienté." Charles de Gaulle (cité par André Malraux, "Les chênes qu'on abat", Gallimard, 1971)
Comité Orwell : Après le Brexit, les réactions ont été multiples, entre ceux qui pensent que c’est une catastrophe économique et politique, ceux qui estiment qu’il prendra dix ans voire ne se concrétisera jamais et ceux qui y voient la révolte des peuples après la sécession des élites diagnostiquée par Christopher Lasch. Quelle est votre analyse de la victoire des indépendantistes anglais ?
Christophe Beaudouin – Les Anglais ont la plus vieille démocratie du monde. Comment leur reprocher d’y tenir plus que tout ? On peut comprendre une certaine rancœur à Bruxelles, à Paris, à Berlin et à Londres mais pas que celle-ci obscurcisse la raison et nourrisse encore toutes sortes d’annonces de punitions divines contre le Royaume Uni. Prêcher un « divorce long et sanglant » par esprit revanchard et pour donner une leçon préventive aux autres peuples, relève de l’aveu : soixante ans après le traité de Rome, cette Union européenne n’a pas rencontré le cœur des peuples.
Et si nous faisions plutôt chacun notre examen de conscience ? Qu’avons-nous donc manqué pour que tous les référendums ou presque – de la France au Danemark, de l’Italie à l’Irlande, de la Grèce aux Pays-Bas et même en Suisse ou en Islande – se soldent par des sanctions populaires contre l’Union européenne et ses politiques ?
En écoutant le premier ministre Theresa May, on entend la voix d’une vieille et grande nation confiante en elle-même, en ses capacités et en son avenir hors du cadre institutionnel de l’Union.
Dans le mariage de raison européen, chacun s’est engagé dans des proportions et avec des motivations très différentes et pas toujours conscientes. La France a pu se représenter l’Europe des six originelle comme un retour de la « France en grand », une Europe française située quelque part entre le rêve hugolien des « États-Unis d’Europe » et la première version du plan Fouchet. L’Allemagne, elle, a trouvé dans la construction européenne le moyen inespéré d’une rédemption de ses fautes en même temps que du recyclage démocratique de ses ambitions séculaires. De fait, pour elle au moins, l’euro est un succès.
Au Royaume-Uni, où ne pèse pas comme sur le continent le souvenir de l’occupation et de la culpabilité post-hitlérienne, l’Europe n’a jamais été une nouvelle communauté de destin mais plutôt un contrat. Elle fut un pari pascalien : si l’Europe réussissait, on gagnerait tout, si elle échouait on ne perdrait rien et, en bon marin, on “mettrait les voiles”. Si, comme il l’annonce, le Royaume Uni se transforme en paradis fiscal pour attirer les entreprises, lance une vraie politique industrielle – que les traités nous interdisent -, s’il sait utiliser ses positions stratégiques en Asie et si les États-Unis lui accordent un traité de commerce très avantageux, c’est nous, Européens du continent, qui pourrions le plus pâtir de l’indépendance du Royaume Uni.
À moins que nous sachions entre temps prendre congé de nos vieux réflexes supranationalistes, cette utopie infantile nostalgique de Babel, qui prend la diversité humaine pour l’origine des guerres. Il serait peut-être temps de grandir.
Le Brexit est-il un signe important, voire le déclencheur de la fin de l’Union européenne ? Quels sont les indices (élection de Trump, votes des peuples …) qui permettraient d’appuyer ou au contraire de réfuter cette idée d’une Union européenne qui se disloque ?
Christophe Beaudouin – L’eau abonde certes au moulin de ceux qui prédisent la dislocation inexorable de l’Union européenne. Ils vont vite en besogne.
Le Brexit réjouit en fait le cynisme des deux camps. Certains y voient en effet la fin du cauchemar post-démocratique de « l’Europe sans les peuples » pour reprendre la formule de Georges Berthu, le penseur originel du souverainisme. En face, beaucoup de supranationalistes y voient une nouvelle « crise bénéfique » pour faire faire aux pays fondateurs notamment le saut ultime. Ils ont toujours su faire de chaque nouvel obstacle une formidable occasion de rebondir.
Quatre ans après l’échec, en 1954, de la Communauté de défense devant l’Assemblée nationale, on signa à Rome un traité soigneusement ambigu quant à la finalité de la Communauté. Puis, après plusieurs crises sous présidence gaullienne, justement marquées par des divergences sur la nature de l’Europe à construire, un petit groupe de juges à la Cour de Luxembourg menés par Robert Lecourt, ancien ministre MRP, commirent le putsch en robe de 1963-64 en inventant l’effet direct et la primauté absolue du droit européen et s’autoproclamèrent « gardiens » d’un « Esprit des traités », sous les molles protestations des gouvernements. Après la crise de la chaise vide en 1965 débouchant sur le Compromis de Luxembourg privilégiant la recherche du consensus entre les États, le Conseil européen impulsé par le nouveau président Giscard d’Estaing en inversa les termes dans sa déclaration solennelle de décembre 1974. Après le rejet référendaire du traité constitutionnel par les peuples français et néerlandais en 2005, on signa en 2007 à Lisbonne le traité qui en recyclait le contenu.
Il pourrait se produire la même chose après le Brexit.
Le Parlement européen vient d’adopter un audacieux rapport de l’ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt proposant une Union à deux vitesses : un noyau dur unitaire totalement intégré entouré d’États sous statut d’association. Il envisage en particulier une Commission devenue gouvernement, un poste de ministre européen des finances, le « Haut représentant » devenu ministre des affaires étrangères, la majorité qualifiée inversée (lois réputées adoptées sauf opposition d’une majorité qualifiée d’États), l’abandon de ce qui reste de votes à l’unanimité (activation des clauses passerelles), la création d’une armée paneuropéenne, le transfert vers l’Union des dernières compétences économiques et d’immigration légale, une unification « sans cesse plus étroite » transformée en « objectif moral, politique et historique » (sic !). Le génie du dispositif réside dans le mode de ratification proposé : un « référendum paneuropéen » ou la ratification par au moins quatre-cinquièmes des États, les autres pouvant opter pour l’association.
Imaginons que les gouvernements optent pour un référendum paneuropéen, c’est-à-dire autant de référendums que d’États-membres, mais dont on additionnerait les résultats au soir du vote comme s’il s’agissait d’une circonscription référendaire unique transnationale. Alors, le saut conceptuel serait franchi : de multiple, l’Europe apparaîtrait « une ». Au moyen d’un coup de bluff arithmétique, on pourrait proclamer ex-nihilo la naissance d’un « peuple européen ». Ce serait un coup d’état constitutionnel naturellement, mais quel juge ou quel parlement s’y opposerait ? C’est une audace juridique similaire qui permit la fédéralisation des treize États américains en 1787 et la naissance des États-Unis, dans un contexte certes radicalement différent.
Vous évoquez enfin les États-Unis avec l’entrée de Donald Trump à la Maison Blanche. Il considère que l’OTAN et l’Union européenne sont obsolètes et veut renforcer le protectionnisme économique. Autant de positions qui, si elles sont suivies d’effets, vont en tous cas bouleverser les postulats de l’Europe actuelle. Depuis le Plan Marshall en 1947, notre grand allié américain n’aura cessé d’appuyer à sa façon le projet supranational, d’abord à travers ses agences, ses milieux d’affaires et leur soutien financier aux fédéralistes européens, puis par l’amicale pression de ses gouvernements successifs jusqu’à celui d’Obama. On peut donc se demander ce que deviendrait une Union européenne déjà privée d’un grand pays européen comme le Royaume-Uni qui l’a tant façonnée depuis 1973, si son « fédérateur extérieur » comme disait de Gaulle en faisant allusion aux États-Unis, se retirait effectivement des affaires européennes et mondiales. Et si le moment était venu, justement, pour la France et l’Europe, en conservant ses alliances et amitiés historiques, de retrouver un destin propre et sa fonction de puissance d’équilibre ? L’interview récente du Président Trump à deux journaux – britannique et allemand – n’évoquant même pas la France, prouve un peu plus qu’aux yeux des Etats-Unis, qu’elle a contribué à fonder, elle est devenue invisible. Quand Washington veux parler à l’Europe, il appelle Berlin…
Existe-t-il un parallèle pertinent à faire entre l’UE et l’URSS sur la fragilité d’un édifice niant les nations, comme l’a fait Philippe Séguin dans son discours de 1992 ?
Christophe Beaudouin – La différence est qu’en renonçant à la forme nationale, nous sortons carrément du Politique et donc de la démocratie au sens de « gouvernement de soi ». Les sérieux avertissements lancés par Philippe Séguin à la tribune de l’Assemblée nationale en 1992 se sont hélas amplement vérifiés.
Mais la grande querelle européenne, qui opposa longtemps les partisans de l’Europe des nations à ceux de l’Europe fédérale, n’a plus lieu d’être. L’Union aujourd’hui n’est ni l’une, ni l’autre. Elle a d’ailleurs elle-même mis fin à la préférence communautaire, sa raison d’être, pour passer au libre-échange mondial. Le sacrifice des souverainetés et frontières nationales n’a pas accouché d’une souveraineté ni de frontière européennes. Incapable de se constituer en un nouveau corps politique, l’Union a préféré se complaire dans son indéfinition essentielle.
Laboratoire régional du réseau de gouvernance mondiale naissant, qui compte déjà deux mille autorités indépendantes produisant de la norme impérative et immédiate, l’Europe du marché et des droits individuels participe d’abord de l’extension du capitalisme de consommation et de sa culture juridique.
Kratos sans demos, elle n’a pas réalisé la supranationalisation du Politique, en créant un nouveau « vouloir politique » à l’échelle européenne – mais au contraire la sortie complète du Politique. Pour la première fois dans l’Histoire, le droit n’est plus absolument formulé par le Politique.
Le lien entre la volonté populaire majoritaire et la loi, jusqu’ici garanti, même de manière imparfaite, par les mécanismes de la démocratie représentative, est rompu. Le premier président de la Commission, Walter Hallstein, avait prévenu dès 1962 : « la nature même de ce monde nécessite la suppression de la frontière sémantique entre la politique et l’économie ». C’est l’expression du basculement de la pyramide vers le réseau, où Pierre Legendre voit la « re-féodalisation du monde » c’est-à-dire d’appropriation privée du pouvoir.
L’Europe post-politique que constitue aujourd’hui l’Union européenne n’est donc pas la cause, mais une manifestation d’un mouvement qui, depuis les années 70, emporte avec lui toutes les limites, les hiérarchies et les distinctions. On le constate chacun autour de nous, aucune forme de pouvoir ne résiste à la crue de ce « nouvel ordre non-énoncé » que dénonce Pasolini, qui nivelle et atomise les sociétés occidentales : la famille, l’école, la culture, la politique et même l’église…
S’en prendre à l’Europe de Bruxelles n’a donc plus grand sens. Lui-même grignoté depuis longtemps par l’érosion, le corps politique a fait des institutions européennes qu’il a voulues, le bouc-émissaire commode de ses propres renoncements et un moyen discret d’en finir avec les responsabilités exigeantes de la souveraineté.
Christophe Beaudouin – Les Anglais ont la plus vieille démocratie du monde. Comment leur reprocher d’y tenir plus que tout ? On peut comprendre une certaine rancœur à Bruxelles, à Paris, à Berlin et à Londres mais pas que celle-ci obscurcisse la raison et nourrisse encore toutes sortes d’annonces de punitions divines contre le Royaume Uni. Prêcher un « divorce long et sanglant » par esprit revanchard et pour donner une leçon préventive aux autres peuples, relève de l’aveu : soixante ans après le traité de Rome, cette Union européenne n’a pas rencontré le cœur des peuples.
Et si nous faisions plutôt chacun notre examen de conscience ? Qu’avons-nous donc manqué pour que tous les référendums ou presque – de la France au Danemark, de l’Italie à l’Irlande, de la Grèce aux Pays-Bas et même en Suisse ou en Islande – se soldent par des sanctions populaires contre l’Union européenne et ses politiques ?
En écoutant le premier ministre Theresa May, on entend la voix d’une vieille et grande nation confiante en elle-même, en ses capacités et en son avenir hors du cadre institutionnel de l’Union.
Dans le mariage de raison européen, chacun s’est engagé dans des proportions et avec des motivations très différentes et pas toujours conscientes. La France a pu se représenter l’Europe des six originelle comme un retour de la « France en grand », une Europe française située quelque part entre le rêve hugolien des « États-Unis d’Europe » et la première version du plan Fouchet. L’Allemagne, elle, a trouvé dans la construction européenne le moyen inespéré d’une rédemption de ses fautes en même temps que du recyclage démocratique de ses ambitions séculaires. De fait, pour elle au moins, l’euro est un succès.
Au Royaume-Uni, où ne pèse pas comme sur le continent le souvenir de l’occupation et de la culpabilité post-hitlérienne, l’Europe n’a jamais été une nouvelle communauté de destin mais plutôt un contrat. Elle fut un pari pascalien : si l’Europe réussissait, on gagnerait tout, si elle échouait on ne perdrait rien et, en bon marin, on “mettrait les voiles”. Si, comme il l’annonce, le Royaume Uni se transforme en paradis fiscal pour attirer les entreprises, lance une vraie politique industrielle – que les traités nous interdisent -, s’il sait utiliser ses positions stratégiques en Asie et si les États-Unis lui accordent un traité de commerce très avantageux, c’est nous, Européens du continent, qui pourrions le plus pâtir de l’indépendance du Royaume Uni.
À moins que nous sachions entre temps prendre congé de nos vieux réflexes supranationalistes, cette utopie infantile nostalgique de Babel, qui prend la diversité humaine pour l’origine des guerres. Il serait peut-être temps de grandir.
Le Brexit est-il un signe important, voire le déclencheur de la fin de l’Union européenne ? Quels sont les indices (élection de Trump, votes des peuples …) qui permettraient d’appuyer ou au contraire de réfuter cette idée d’une Union européenne qui se disloque ?
Christophe Beaudouin – L’eau abonde certes au moulin de ceux qui prédisent la dislocation inexorable de l’Union européenne. Ils vont vite en besogne.
Le Brexit réjouit en fait le cynisme des deux camps. Certains y voient en effet la fin du cauchemar post-démocratique de « l’Europe sans les peuples » pour reprendre la formule de Georges Berthu, le penseur originel du souverainisme. En face, beaucoup de supranationalistes y voient une nouvelle « crise bénéfique » pour faire faire aux pays fondateurs notamment le saut ultime. Ils ont toujours su faire de chaque nouvel obstacle une formidable occasion de rebondir.
Quatre ans après l’échec, en 1954, de la Communauté de défense devant l’Assemblée nationale, on signa à Rome un traité soigneusement ambigu quant à la finalité de la Communauté. Puis, après plusieurs crises sous présidence gaullienne, justement marquées par des divergences sur la nature de l’Europe à construire, un petit groupe de juges à la Cour de Luxembourg menés par Robert Lecourt, ancien ministre MRP, commirent le putsch en robe de 1963-64 en inventant l’effet direct et la primauté absolue du droit européen et s’autoproclamèrent « gardiens » d’un « Esprit des traités », sous les molles protestations des gouvernements. Après la crise de la chaise vide en 1965 débouchant sur le Compromis de Luxembourg privilégiant la recherche du consensus entre les États, le Conseil européen impulsé par le nouveau président Giscard d’Estaing en inversa les termes dans sa déclaration solennelle de décembre 1974. Après le rejet référendaire du traité constitutionnel par les peuples français et néerlandais en 2005, on signa en 2007 à Lisbonne le traité qui en recyclait le contenu.
Il pourrait se produire la même chose après le Brexit.
Le Parlement européen vient d’adopter un audacieux rapport de l’ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt proposant une Union à deux vitesses : un noyau dur unitaire totalement intégré entouré d’États sous statut d’association. Il envisage en particulier une Commission devenue gouvernement, un poste de ministre européen des finances, le « Haut représentant » devenu ministre des affaires étrangères, la majorité qualifiée inversée (lois réputées adoptées sauf opposition d’une majorité qualifiée d’États), l’abandon de ce qui reste de votes à l’unanimité (activation des clauses passerelles), la création d’une armée paneuropéenne, le transfert vers l’Union des dernières compétences économiques et d’immigration légale, une unification « sans cesse plus étroite » transformée en « objectif moral, politique et historique » (sic !). Le génie du dispositif réside dans le mode de ratification proposé : un « référendum paneuropéen » ou la ratification par au moins quatre-cinquièmes des États, les autres pouvant opter pour l’association.
Imaginons que les gouvernements optent pour un référendum paneuropéen, c’est-à-dire autant de référendums que d’États-membres, mais dont on additionnerait les résultats au soir du vote comme s’il s’agissait d’une circonscription référendaire unique transnationale. Alors, le saut conceptuel serait franchi : de multiple, l’Europe apparaîtrait « une ». Au moyen d’un coup de bluff arithmétique, on pourrait proclamer ex-nihilo la naissance d’un « peuple européen ». Ce serait un coup d’état constitutionnel naturellement, mais quel juge ou quel parlement s’y opposerait ? C’est une audace juridique similaire qui permit la fédéralisation des treize États américains en 1787 et la naissance des États-Unis, dans un contexte certes radicalement différent.
Vous évoquez enfin les États-Unis avec l’entrée de Donald Trump à la Maison Blanche. Il considère que l’OTAN et l’Union européenne sont obsolètes et veut renforcer le protectionnisme économique. Autant de positions qui, si elles sont suivies d’effets, vont en tous cas bouleverser les postulats de l’Europe actuelle. Depuis le Plan Marshall en 1947, notre grand allié américain n’aura cessé d’appuyer à sa façon le projet supranational, d’abord à travers ses agences, ses milieux d’affaires et leur soutien financier aux fédéralistes européens, puis par l’amicale pression de ses gouvernements successifs jusqu’à celui d’Obama. On peut donc se demander ce que deviendrait une Union européenne déjà privée d’un grand pays européen comme le Royaume-Uni qui l’a tant façonnée depuis 1973, si son « fédérateur extérieur » comme disait de Gaulle en faisant allusion aux États-Unis, se retirait effectivement des affaires européennes et mondiales. Et si le moment était venu, justement, pour la France et l’Europe, en conservant ses alliances et amitiés historiques, de retrouver un destin propre et sa fonction de puissance d’équilibre ? L’interview récente du Président Trump à deux journaux – britannique et allemand – n’évoquant même pas la France, prouve un peu plus qu’aux yeux des Etats-Unis, qu’elle a contribué à fonder, elle est devenue invisible. Quand Washington veux parler à l’Europe, il appelle Berlin…
Existe-t-il un parallèle pertinent à faire entre l’UE et l’URSS sur la fragilité d’un édifice niant les nations, comme l’a fait Philippe Séguin dans son discours de 1992 ?
Christophe Beaudouin – La différence est qu’en renonçant à la forme nationale, nous sortons carrément du Politique et donc de la démocratie au sens de « gouvernement de soi ». Les sérieux avertissements lancés par Philippe Séguin à la tribune de l’Assemblée nationale en 1992 se sont hélas amplement vérifiés.
Mais la grande querelle européenne, qui opposa longtemps les partisans de l’Europe des nations à ceux de l’Europe fédérale, n’a plus lieu d’être. L’Union aujourd’hui n’est ni l’une, ni l’autre. Elle a d’ailleurs elle-même mis fin à la préférence communautaire, sa raison d’être, pour passer au libre-échange mondial. Le sacrifice des souverainetés et frontières nationales n’a pas accouché d’une souveraineté ni de frontière européennes. Incapable de se constituer en un nouveau corps politique, l’Union a préféré se complaire dans son indéfinition essentielle.
Laboratoire régional du réseau de gouvernance mondiale naissant, qui compte déjà deux mille autorités indépendantes produisant de la norme impérative et immédiate, l’Europe du marché et des droits individuels participe d’abord de l’extension du capitalisme de consommation et de sa culture juridique.
Kratos sans demos, elle n’a pas réalisé la supranationalisation du Politique, en créant un nouveau « vouloir politique » à l’échelle européenne – mais au contraire la sortie complète du Politique. Pour la première fois dans l’Histoire, le droit n’est plus absolument formulé par le Politique.
Le lien entre la volonté populaire majoritaire et la loi, jusqu’ici garanti, même de manière imparfaite, par les mécanismes de la démocratie représentative, est rompu. Le premier président de la Commission, Walter Hallstein, avait prévenu dès 1962 : « la nature même de ce monde nécessite la suppression de la frontière sémantique entre la politique et l’économie ». C’est l’expression du basculement de la pyramide vers le réseau, où Pierre Legendre voit la « re-féodalisation du monde » c’est-à-dire d’appropriation privée du pouvoir.
L’Europe post-politique que constitue aujourd’hui l’Union européenne n’est donc pas la cause, mais une manifestation d’un mouvement qui, depuis les années 70, emporte avec lui toutes les limites, les hiérarchies et les distinctions. On le constate chacun autour de nous, aucune forme de pouvoir ne résiste à la crue de ce « nouvel ordre non-énoncé » que dénonce Pasolini, qui nivelle et atomise les sociétés occidentales : la famille, l’école, la culture, la politique et même l’église…
S’en prendre à l’Europe de Bruxelles n’a donc plus grand sens. Lui-même grignoté depuis longtemps par l’érosion, le corps politique a fait des institutions européennes qu’il a voulues, le bouc-émissaire commode de ses propres renoncements et un moyen discret d’en finir avec les responsabilités exigeantes de la souveraineté.
Christophe Beaudouin, auteur de "La démocratie à l'épreuve de l'intégration européenne" (LGDJ, 2014)
"Faire l'Europe politique, c'est bâtir une confédération, avec de vraies frontières et un projet de civilisation"
Est-il possible de réformer l’Europe de manière satisfaisante ou bien est-elle inéluctablement condamnée ? Est-il possible dans un contexte de fragmentation de la communauté nationale d’organiser la transition vers une Europe des nations ?
Christophe Beaudouin – Oui bien sûr, à condition de retrouver une volonté politique. Soyons réformistes au sens de Chesterton, pour qui « la réforme est une métaphore pour des hommes raisonnables et résolus : elle signifie que nous voyons une chose informe et que nous entendons lui donner une forme. Et nous savons quelle forme. »
Précisément, le grand tort des Européens depuis quarante ans est d’avoir prétendu « faire l’Europe » là où au contraire ils se contentaient – je viens de l’exposer – d’ « épouser la première forme du monde venu », pour paraphraser Musil.
Mais le monde est en train de changer. L’Union n’est donc parvenue à être ni européenne ni souveraine, la « mondialisation heureuse » déracine tout et - fait nouveau depuis le Bataclan - nos sociétés européennes gavées d’objets à consommer, d’écrans de divertissement et de relativisme mortifères, ressentent tout à coup une menace existentielle. Nous réalisons de nouveau que « nous sommes mortels ». Tout cela doit nous pousser à des retrouvailles avec la vérité refoulée de nos « architectures invisibles », celle des repères fondateurs.
Prosaïquement, il faut commencer par remettre un commandant à la barre, c’est à dire rétablir le primat du Politique. C’est la tâche immédiate du prochain président français, s’il ne veut pas finir plus bas que l’actuel, si c’est possible.
Conjointement à l’Allemagne, la France devrait proposer la réunion d’une conférence intergouvernementale pour rédiger un nouveau traité, que l’on signerait à Prague pour le symbole et qui serait ratifié partout au moyen de référendums. L’objectif : édifier l’Europe politique, protéger ses frontières et la doter d’un projet de civilisation.
Aux esprits bloqués dans le siècle précédent, qui s’imaginent que la souveraineté peut être « partagée » ou « limitée » – concept inventé par Brejnev – ou qu’une addition d’impuissances formerait une superpuissance, il faut fermement opposer l’autre principe, respectueux des démocraties et des identités nationales : celui des souverainetés partenaires.
Les États-nations étant les seuls producteurs de politique, la forme institutionnelle aboutie de l’Europe politique est la confédération.
On pourrait envisager d’y fondre les grandes institutions de l’Union et du Conseil de l’Europe, en éliminant les doublons, les organes dysfonctionnels ou obsolètes eu égard aux tâches premières à accomplir. Car ces institutions de l’Europe ne doivent plus être une fin en soi, mais un puissant moyen au service de ses États pour édifier prioritairement : 1) une défense commune avec une sorte d’« OTAN européenne » pour protéger les frontières ; 2) une politique étrangère commune visant l’équilibre des puissances ; 3) une politique de rayonnement européen culturel et scientifique ; 4) une politique européenne sans précédent de co-développement avec l’Afrique de l’Ouest, de visage à visage, à l’image notamment de celle réalisée par la Vendée de Philippe de Villiers avec le Bénin.
La seule réforme des traités valable est celle qui permettra une nouvelle renaissance européenne et nationale. Les deux ambitions n’auraient jamais dû s’opposer, mais se confondre. Au lieu de quoi nous sommes en train de perdre l’une et l’autre. La France a ici devant elle une occasion inouïe de redevenir elle-même et de retrouver le sens de sa mission pour le monde, en se servant de cette nouvelle Europe comme levier d’Archimède.
Je rappelle qu’elle dispose d’atouts stratégiques colossaux, en étant en particulier la deuxième façade maritime mondiale et que sa langue est parlée partout. Elle devrait donc, au-delà de la confédération européenne centrée sur la défense, la culture et le réenracinement, créer une union francophone avec les pays et régions du monde qui le souhaitent – 800 millions de personnes en 2050 – dotée d’un marché commun et étendant partout l’enseignement de la et en langue française.
Voilà de quoi réveiller la France et l’Europe, la vraie.
Les États-nations constituent-ils une échelle viable pour se confronter à des enjeux comme la lutte contre le réchauffement climatique, contre l’État islamique, la régulation de la finance ou le contrôle de l’immigration ?
Christophe Beaudouin – Nulle part au monde comme ici, on ne prétend que la nécessité de réponses collectives exigerait de décapiter les souverainetés !
Au contraire, la puissance repose plus que jamais sur une volonté politique forte, je l’ai dit, des réseaux d’influence, un rayonnement, une capacité de réaction, un avantage technologique (l’arme nucléaire), une cohésion interne, une identité assumée. Toutes choses que ne peut offrir aucun empire mou, acéphale, sans conscience historique, géographique et politique.
Le choix à effectuer n’est pas entre « l’ouverture » cool, libre-échangiste et cosmopolite, ou la fermeture à la coréenne. L’urgence est d’endiguer le grand déracinement, d’opposer l’intelligence politique éprise du seul Bien commun à l’entropie générale, qui s’est emparée des sociétés occidentales, de l’économie, de la culture, des lois, des symboles, des institutions, du langage, de la raison…
Repartons du souverain, de la primauté du Politique, au niveau national et européen, pour y faire ce que tout souverain digne de ce nom est censé faire : gouverner. Non pas au sens de la « gouvernance » importée par « l’empire du Management » décrit par Pierre Legendre, mais au contraire pour le retour du « gouvernement des Hommes » en lieu et place de l’ « administration des choses ».
J’ai parlé d’une politique de civilisation. Il s’agit de garantir aux peuples d’Europe leur droit à la continuité historique, inséparable du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes proclamé par la Charte des Nations unies.
N’en déplaise à Michel Onfray qui, dans son dernier livre encore, n’en finit pas de mastiquer le christianisme - sans doute pour mieux le digérer ? : nous avons bien plus et bien mieux en commun que la référence aux néo-droits de l’Homme, à une laïcité desséchante et au refus de la guerre. Un certain nihilisme moderne, qui n’a certes rien à voir avec les nihilismes brun et rouge qui ont ensanglanté le XXème siècle, tend depuis quarante ans à nier, déconstruire, éradiquer l’histoire, la géographie, l’anthropologie, la politique, à la manière de ce qu’Ernst Junger appelait « l’optimisme béat des destructeurs ».
Il est temps de reconnaître que le but de toute « construction européenne » - pour que cette formule ne soit plus une antiphrase de novlangue désignant en réalité une déconstruction - est de perpétuer la civilisation européenne, laquelle ne peut pas être « optionnelle » pour celles et ceux qui s’y installent, y naissent et y vivent. Il est temps d’assumer la prédominance naturelle et légitime de notre héritage judéo-chrétien, matrice de l’Europe et de ses valeurs : la civilisation de la liberté de l’esprit, de l’égale dignité de tout homme et femme, de la responsabilité personnelle, du pardon, du souci de l’innocent et de la justice, de la fraternité à dimension universelle.
Le mérite des défis que vous évoquez, comme le réveil spectaculaire de l’Islam, est de rappeler brutalement aux Européens, quelle que soient leurs croyances et incroyances, qu’ils sont des héritiers de Rome, Athènes et Jérusalem. Dans son éditorial du dernier Figaro hors-série, Michel de Jaeghere énumère magnifiquement ce que sans en être conscients, ils doivent à cet héritage : « l’efflorescence culturelle sans pareille dans l’histoire des hommes », la « recherche de la vérité » « disposant les esprits à des sciences profanes et à la philosophie » et tout ce « réservoir d’images, d’exemples, d’histoires, de symboles, de modèles, qui fit naître, en retour, une civilisation dont la fécondité se lit pour nous sur les fresques des murs, les tableaux des grands maîtres, sous la forêt d’ogive de nos cathédrales, dans les volutes du chant choral, les créations des dramaturges, des musiciens, des cinéastes, autant que dans les livres des savants, des romanciers et des poètes. »
Voilà une vraie digue et un cap pour la renaissance française et européenne.
Propos recueillis par Laurent Ottavi
Interview pour le Comité Orwell
https://comiteorwell.net/2017/01/20/christophe-beaudouin-il-faut-enfin-faire-de-leurope-un-levier-darchimede-pour-la-france/
Christophe Beaudouin – Oui bien sûr, à condition de retrouver une volonté politique. Soyons réformistes au sens de Chesterton, pour qui « la réforme est une métaphore pour des hommes raisonnables et résolus : elle signifie que nous voyons une chose informe et que nous entendons lui donner une forme. Et nous savons quelle forme. »
Précisément, le grand tort des Européens depuis quarante ans est d’avoir prétendu « faire l’Europe » là où au contraire ils se contentaient – je viens de l’exposer – d’ « épouser la première forme du monde venu », pour paraphraser Musil.
Mais le monde est en train de changer. L’Union n’est donc parvenue à être ni européenne ni souveraine, la « mondialisation heureuse » déracine tout et - fait nouveau depuis le Bataclan - nos sociétés européennes gavées d’objets à consommer, d’écrans de divertissement et de relativisme mortifères, ressentent tout à coup une menace existentielle. Nous réalisons de nouveau que « nous sommes mortels ». Tout cela doit nous pousser à des retrouvailles avec la vérité refoulée de nos « architectures invisibles », celle des repères fondateurs.
Prosaïquement, il faut commencer par remettre un commandant à la barre, c’est à dire rétablir le primat du Politique. C’est la tâche immédiate du prochain président français, s’il ne veut pas finir plus bas que l’actuel, si c’est possible.
Conjointement à l’Allemagne, la France devrait proposer la réunion d’une conférence intergouvernementale pour rédiger un nouveau traité, que l’on signerait à Prague pour le symbole et qui serait ratifié partout au moyen de référendums. L’objectif : édifier l’Europe politique, protéger ses frontières et la doter d’un projet de civilisation.
Aux esprits bloqués dans le siècle précédent, qui s’imaginent que la souveraineté peut être « partagée » ou « limitée » – concept inventé par Brejnev – ou qu’une addition d’impuissances formerait une superpuissance, il faut fermement opposer l’autre principe, respectueux des démocraties et des identités nationales : celui des souverainetés partenaires.
Les États-nations étant les seuls producteurs de politique, la forme institutionnelle aboutie de l’Europe politique est la confédération.
On pourrait envisager d’y fondre les grandes institutions de l’Union et du Conseil de l’Europe, en éliminant les doublons, les organes dysfonctionnels ou obsolètes eu égard aux tâches premières à accomplir. Car ces institutions de l’Europe ne doivent plus être une fin en soi, mais un puissant moyen au service de ses États pour édifier prioritairement : 1) une défense commune avec une sorte d’« OTAN européenne » pour protéger les frontières ; 2) une politique étrangère commune visant l’équilibre des puissances ; 3) une politique de rayonnement européen culturel et scientifique ; 4) une politique européenne sans précédent de co-développement avec l’Afrique de l’Ouest, de visage à visage, à l’image notamment de celle réalisée par la Vendée de Philippe de Villiers avec le Bénin.
La seule réforme des traités valable est celle qui permettra une nouvelle renaissance européenne et nationale. Les deux ambitions n’auraient jamais dû s’opposer, mais se confondre. Au lieu de quoi nous sommes en train de perdre l’une et l’autre. La France a ici devant elle une occasion inouïe de redevenir elle-même et de retrouver le sens de sa mission pour le monde, en se servant de cette nouvelle Europe comme levier d’Archimède.
Je rappelle qu’elle dispose d’atouts stratégiques colossaux, en étant en particulier la deuxième façade maritime mondiale et que sa langue est parlée partout. Elle devrait donc, au-delà de la confédération européenne centrée sur la défense, la culture et le réenracinement, créer une union francophone avec les pays et régions du monde qui le souhaitent – 800 millions de personnes en 2050 – dotée d’un marché commun et étendant partout l’enseignement de la et en langue française.
Voilà de quoi réveiller la France et l’Europe, la vraie.
Les États-nations constituent-ils une échelle viable pour se confronter à des enjeux comme la lutte contre le réchauffement climatique, contre l’État islamique, la régulation de la finance ou le contrôle de l’immigration ?
Christophe Beaudouin – Nulle part au monde comme ici, on ne prétend que la nécessité de réponses collectives exigerait de décapiter les souverainetés !
Au contraire, la puissance repose plus que jamais sur une volonté politique forte, je l’ai dit, des réseaux d’influence, un rayonnement, une capacité de réaction, un avantage technologique (l’arme nucléaire), une cohésion interne, une identité assumée. Toutes choses que ne peut offrir aucun empire mou, acéphale, sans conscience historique, géographique et politique.
Le choix à effectuer n’est pas entre « l’ouverture » cool, libre-échangiste et cosmopolite, ou la fermeture à la coréenne. L’urgence est d’endiguer le grand déracinement, d’opposer l’intelligence politique éprise du seul Bien commun à l’entropie générale, qui s’est emparée des sociétés occidentales, de l’économie, de la culture, des lois, des symboles, des institutions, du langage, de la raison…
Repartons du souverain, de la primauté du Politique, au niveau national et européen, pour y faire ce que tout souverain digne de ce nom est censé faire : gouverner. Non pas au sens de la « gouvernance » importée par « l’empire du Management » décrit par Pierre Legendre, mais au contraire pour le retour du « gouvernement des Hommes » en lieu et place de l’ « administration des choses ».
J’ai parlé d’une politique de civilisation. Il s’agit de garantir aux peuples d’Europe leur droit à la continuité historique, inséparable du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes proclamé par la Charte des Nations unies.
N’en déplaise à Michel Onfray qui, dans son dernier livre encore, n’en finit pas de mastiquer le christianisme - sans doute pour mieux le digérer ? : nous avons bien plus et bien mieux en commun que la référence aux néo-droits de l’Homme, à une laïcité desséchante et au refus de la guerre. Un certain nihilisme moderne, qui n’a certes rien à voir avec les nihilismes brun et rouge qui ont ensanglanté le XXème siècle, tend depuis quarante ans à nier, déconstruire, éradiquer l’histoire, la géographie, l’anthropologie, la politique, à la manière de ce qu’Ernst Junger appelait « l’optimisme béat des destructeurs ».
Il est temps de reconnaître que le but de toute « construction européenne » - pour que cette formule ne soit plus une antiphrase de novlangue désignant en réalité une déconstruction - est de perpétuer la civilisation européenne, laquelle ne peut pas être « optionnelle » pour celles et ceux qui s’y installent, y naissent et y vivent. Il est temps d’assumer la prédominance naturelle et légitime de notre héritage judéo-chrétien, matrice de l’Europe et de ses valeurs : la civilisation de la liberté de l’esprit, de l’égale dignité de tout homme et femme, de la responsabilité personnelle, du pardon, du souci de l’innocent et de la justice, de la fraternité à dimension universelle.
Le mérite des défis que vous évoquez, comme le réveil spectaculaire de l’Islam, est de rappeler brutalement aux Européens, quelle que soient leurs croyances et incroyances, qu’ils sont des héritiers de Rome, Athènes et Jérusalem. Dans son éditorial du dernier Figaro hors-série, Michel de Jaeghere énumère magnifiquement ce que sans en être conscients, ils doivent à cet héritage : « l’efflorescence culturelle sans pareille dans l’histoire des hommes », la « recherche de la vérité » « disposant les esprits à des sciences profanes et à la philosophie » et tout ce « réservoir d’images, d’exemples, d’histoires, de symboles, de modèles, qui fit naître, en retour, une civilisation dont la fécondité se lit pour nous sur les fresques des murs, les tableaux des grands maîtres, sous la forêt d’ogive de nos cathédrales, dans les volutes du chant choral, les créations des dramaturges, des musiciens, des cinéastes, autant que dans les livres des savants, des romanciers et des poètes. »
Voilà une vraie digue et un cap pour la renaissance française et européenne.
Propos recueillis par Laurent Ottavi
Interview pour le Comité Orwell
https://comiteorwell.net/2017/01/20/christophe-beaudouin-il-faut-enfin-faire-de-leurope-un-levier-darchimede-pour-la-france/