European Commission President Ursula von der Leyen at the start of the weekly College of Commissioners meeting at EU headquarters in Brussels, 25 January 2023

Jean Delaunay

Ursula von der Leyen face à un casse-tête difficile alors que les conservateurs réclament de gros portefeuilles à la Commission

Les gouvernements italien et tchèque ont déjà déclaré qu’ils souhaitaient que leurs commissaires se voient confier des portefeuilles importants, signe de leur conviction que les gains des conservateurs aux élections européennes devraient se refléter dans la composition du nouvel exécutif européen.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pourrait avoir plus de difficultés à établir sa liste de commissaires une deuxième fois, car les gouvernements ultra-conservateurs exigent des rôles majeurs pour leurs candidats.

« Les commissaires que Ursula von der Leyen recevra des États membres seront beaucoup plus diversifiés en termes d’opinions politiques par rapport au passé, avec plus d’eurosceptiques dans les portefeuilles », a déclaré à L’Observatoire de l’Europe Johannes Greubel, analyste politique au Centre de politique européenne.

Les gouvernements italien et tchèque ont déjà déclaré qu’ils souhaitaient que leurs commissaires se voient confier des portefeuilles importants.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni, membre des Frères d’Italie (extrême droite), a demandé une vice-présidence liée à l’économie, tandis que son homologue tchèque de droite Petr Fiala a également déclaré qu’il souhaitait « un portefeuille fort, de préférence économique ».

C’est un signe de leur conviction que les gains des conservateurs aux élections européennes devraient se refléter dans la composition du nouvel exécutif de l’UE.

Ces revendications sont aussi une réaction au cordon sanitaire des partis les plus traditionnels et pro-UE contre l’extrême droite, comme le montre le choix des dirigeants des institutions : von der Leyen vient du centre-droit, le candidat à la présidence du Conseil européen António Costa est un socialiste et Kaja Kallas, la candidate choisie comme prochaine chef de la politique étrangère de l’UE, est une libérale.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán pourra également utiliser ses bons résultats au niveau national, puisqu’il a même été le moteur d’un nouveau groupe d’extrême droite radicale au Parlement européen, les Patriotes pour l’Europe (PfE).

Orbán n’a pas encore annoncé s’il conserverait le commissaire en charge du voisinage et de l’élargissement, Olivér Várhelyi, ou s’il nommerait quelqu’un d’autre.

Ce ne sera toutefois pas le cas de la coalition d’extrême droite aux Pays-Bas, qui souhaite conserver Wopke Hoekstra, un choix de l’ancien Premier ministre libéral Mark Rutte.

Hoekstra, le commissaire à l’action climatique, a déjà remercié le gouvernement actuel dirigé par Dick Schoof pour la confiance renouvelée, mardi, avec un message sur le réseau social X.

Le Parlement européen va tester les candidats

Comme en 2019, von der Leyen a demandé à tous les dirigeants de proposer des candidats hommes et femmes afin de garantir l’équilibre entre les sexes dans la composition finale de la Commission.

Toutefois, les règles stipulent que tous les commissaires potentiels doivent se soumettre à des auditions au Parlement européen pour évaluer leurs antécédents et leurs compétences, ce qui peut être un défi, explique Sophia Russack, chercheuse au Centre d’études de politique européenne.

« Le Parlement européen invitera tous les candidats au poste de commissaire à se rendre dans leurs commissions respectives et leur posera de nombreuses questions pour vérifier s’ils sont aptes à occuper ce poste », a-t-elle déclaré à L’Observatoire de l’Europe.

« Au final, c’est l’ensemble du collège des commissaires qui devra être voté par la plénière du Parlement européen, et cela prend du temps car le Parlement essaie aussi de se muscler un peu et peut rejeter un ou même plusieurs commissaires », ajoute le chercheur.

Durant les négociations, Ursula von der Leyen cherchera également le meilleur profil pour les nouveaux portefeuilles mis en avant dans son discours au Parlement européen la semaine dernière : la défense, le logement et les relations avec la Méditerranée — notamment dans le contexte des migrations.

Outre l’Allemagne, pays d’origine de Mme von der Leyen, dix des 27 États membres ont déjà indiqué qui ils envisageaient de nommer : la France, l’Estonie, la Finlande, l’Irlande, la Lettonie, les Pays-Bas, la Slovaquie, la Slovénie, l’Espagne et la Suède.

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