View of Saint Gervais les Bains

Milos Schmidt

Une histoire de deux montagnes ? Les stations de ski traditionnelles luttent contre l’écotourisme toute l’année dans les Alpes

Une habitante du quartier partage son point de vue sur les deux visions opposées – Savoie et Haute-Savoie – pour les Alpes françaises.

Les épicéas et les sapins tremblent au bord du ravin, leurs branches lourdes de pluie. Les eaux tumultueuses de la rivière Bonnant serpentent sous la télécabine de Valléen, à environ 200 mètres en contrebas. La vue me fait tourner la tête.

Peu de gens ont vu cette perspective jusqu’à présent – ​​à moins peut-être qu’ils fassent du parapente.

La vallée en contrebas mène à Genève, en passant par les falaises escarpées des monts Fiz, les Quatre Têtes de la chaîne des Aravis qui surplombent la ville de Sallanches et les eaux scintillantes du lac de Passy, ​​où j’ai pris mon dernier bain frais en septembre. Dans la direction opposée se trouve l’emblématique Mont Blanc.

Le Valléen, le vaste téléphérique qui relie désormais la ville alpine française du Fayet à 581 mètres à Saint-Gervais-les-Bains à 807 mètres, a changé tout cela, offrant des vues sur les pentes boisées, les vallées lointaines et les plateaux.

Pour Saint-Gervais, située en Haute-Savoie, il s’agit d’une étape importante vers le tourisme de montagne moderne.

La télécabine Valléen
La télécabine Valléen

Aujourd’hui, je parcoure les sentiers des Gorges de Bonnant sur mon nouveau VTT électrique.

En dévalant le flanc de la montagne à travers d’imposantes forêts et des prairies alpines, en me faufilant entre les chalets et en faisant le tour du lac, je peux désormais simplement reprendre l’ascenseur jusqu’à Saint-Gervais, la ville dans laquelle j’habite depuis plusieurs années.

Mais le Valléen n’est pas seulement une question de panoramas.

Avec deux autres nouveaux systèmes de transport – la télécabine alpine modernisée reliant Saint-Gervais au domaine skiable Évasion Mont-Blanc avec ses 400 km de pistes et le funiculaire Ascenseur des Thermes alimenté par les eaux usées reliant le centre-ville à ses thermes historiques – Saint-Gervais -Gervais devient un symbole du tourisme durable quatre saisons.

Le Fayet vers les sommets en transport panoramique et durable

En service depuis septembre, la télécabine Valléen est déjà devenue un favori des locaux et des visiteurs.

Avec son horaire toute l’année, son temps de trajet de cinq minutes et sa fermeture à 20 heures, la télécabine réduit la circulation locale et facilite grandement les déplacements, que ce soit pour se rendre au travail, aux thermes ou aux pistes de ski.

Les thermes de Saint-Gervais
Les thermes de Saint-Gervais

Si vous êtes skieur arrivant en train au Fayet, vous pourrez rejoindre le cœur d’Évasion Mont-Blanc via la télécabine Valléen, qui relie la télécabine Alpin et vous emmène à la gare intermédiaire de Saint-Gervais, le Bettex, à 1 400 mètres.

Ce domaine skiable comprend Saint-Gervais-les-Bains, Megève, récemment apparue dans l’émission Netflix « Emily in Paris », ainsi que Les Contamines-Montjoie, Combloux et La Giettaz.

Ou depuis La Fayet ou Saint-Gervais, prenez le tramway du Mont Blanc – l’un des trains à crémaillère les plus hauts de France – jusqu’aux Houches. Faisant partie de la plus grande vallée de Chamonix, il s’agit d’une autre offre de transport respectueuse de l’environnement.

Les heures habituellement passées en voiture sont remplacées par un voyage panoramique en TGV et en télécabine.

La nature profite également : ces mises à jour devraient réduire les émissions de CO2 de 15 % et le trafic routier local de 25 %, éliminant ainsi jusqu’à 15 000 déplacements en véhicule par an.

Saint-Gervais Mont-Blanc est aujourd’hui la seule station de montagne française à proposer, toute l’année, un accès en train et en téléphérique depuis les grandes lignes ferroviaires européennes.

La tradition rencontre l’innovation à Saint-Gervais

En tant qu’habitant de Saint-Gervais, j’ai pu constater à quel point ces innovations en matière de transport s’inscrivent dans une tendance plus large vers un tourisme plus vert.

L’Ascenseur des Thermes est une merveille d’ingénierie moderne conçue par l’ingénieur britannique Michaël Farme. Alimenté par un contrepoids de 1 200 litres d’eaux usées, ce funiculaire est fonctionnel et totalement éco-responsable.

Vue depuis l'Ascenseur des Thermes
Vue depuis l’Ascenseur des Thermes

Les horaires du funiculaire ont également changé la donne. Ouverts jusqu’à 23 heures chaque soir, les restaurants et bars de Saint-Gervais sont désormais ouverts aux visiteurs du soir sans qu’il soit nécessaire d’arriver en voiture, ce qui stimule l’économie et la culture de la ville.

« Il ne s’agit pas seulement de transports, il s’agit de réimaginer l’accès à la montagne pour les générations futures », explique Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais-les-Bains. « Nous prouvons qu’innovation et responsabilité environnementale peuvent aller de pair. .»

Ces projets s’inscrivent dans la stratégie de la Haute-Savoie consistant à donner la priorité au tourisme durable, au bien-être et à la culture plutôt qu’aux stations de ski de masse qui dominent sa région sœur, la Savoie.

La différence entre les deux départements s’est accentuée cette année avec la dissolution de l’agence Savoie Mont Blanc Tourisme. Après 18 ans de promotion de la Savoie et de la Haute-Savoie comme une seule destination alpine, les deux départements se sont séparés.

La télécabine Alpin
La télécabine Alpin

La Savoie, qui abrite les grandes stations de Tignes et des Arcs, mise sur son patrimoine skiable.

La Haute-Savoie, qui comprend Chamonix, Annecy, Les Gets et Morzine, se diversifie en revanche. Avec de nombreuses offres de bien-être et de gastronomie, vous êtes encouragés à rester plus longtemps et pouvez également visiter toute l’année.

Pour moi, Saint-Gervais incarne cette philosophie.

Tandis que les skieurs viennent sur ses pistes, les amateurs de spa sont attirés par ses eaux thermales, coulant à 39°C et proposant tout, des retraites bien-être aux soins dermatologiques.

L’architecture Belle Époque de la ville, les festivals culturels comme La Foire Agricole et les hauts lieux gastronomiques – dont le Serac étoilé Michelin, la charmante Ferme de Cupelin et le restaurant au bord des pistes «Le Boitet» du chef étoilé Emmanuel Renaut – ajoutent à son charme. attrait toute l’année.

Les rivalités alpines remontent loin

Les efforts de Saint-Gervais pour affirmer son identité ne se sont pas déroulés sans drame. Une rivalité de longue date avec Megève voisine a éclaté plus tôt cette année lorsque le maire Peillex a accusé le maire de Megève de tenter d’annexer des parties de Saint-Gervais, dont le Mont d’Arbois, pour étendre son domaine skiable.

Peillex a menacé en plaisantant de consulter Donald Trump sur la construction d’un mur frontalier, mais derrière cette plaisanterie se cache un véritable débat sur la gouvernance, l’utilisation des terres et le partage des revenus dans les Alpes.

Le conflit met en lumière les défis de la concurrence et de la collaboration dans la région. Si elles partagent le même domaine skiable, les villes ont des visions différentes : Megève est axée sur le luxe et l’exclusivité, tandis que Saint-Gervais recherche l’accessibilité et la durabilité.

Saint-Gervais en hiver
Saint-Gervais en hiver

Se sentir chez soi en Haute-Savoie

En tant que Saint-Gervaisais, je suis reconnaissant pour l’authenticité de la ville. Je ne suis pas fan des méga-stations spécialement construites avec une architecture brutaliste et une population qui fluctue comme la rivière Arve à proximité.

Ici, c’est une communauté vivante et respirante. Même en tant que Britannique, il y a de bonnes chances d’améliorer son français dans les bars des « Trois Mousquetons » ou du « Nordique » – même si regarder la France contre l’Angleterre lors de la Coupe du monde de football et des matchs des Six Nations est toujours tendu !

Nous avons également des producteurs locaux de bières et de spiritueux artisanaux, un marché de producteurs dynamique et une excellente scène gastronomique moins chère que Megève voisine.

Pour moi, j’aime l’attrait toute l’année : skier en hiver, puis le reste de l’année partir sur les sentiers de VTT, nager en eau libre, escalade, trail et bien sûr profiter de l’emblématique La Folie Douce. par le télésiège du Mont-Joux.

Et après une longue journée en plein air, rien de mieux que de se détendre dans les bains thermaux.

Katy Dartford en randonnée au-dessus de Saint-Gervais
Katy Dartford en randonnée au-dessus de Saint-Gervais

Si Saint-Gervais ouvre la voie en matière de tourisme durable, elle reste fidèle à son âme, ce qui est rare dans le paysage alpin moderne.

Que vous veniez pour les pistes, les spas ou simplement pour respirer l’air de la montagne, vous trouverez un endroit aussi ancien que nouveau.

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