French citizen Laurent Vinatier, right, is escorted into a cage in a courtroom in the Zamoskvoretsky District Court in Moscow.

Jean Delaunay

Un citoyen français plaide coupable d’infractions liées aux données militaires en Russie, selon les médias d’État

Le conseiller d’ONG Laurent Vinatier est accusé par les autorités russes d’avoir construit un vaste réseau de contacts pour obtenir des informations sensibles.

Un citoyen français arrêté en Russie a plaidé coupable de charges criminelles impliquant la collecte illégale d’informations sur des questions militaires dans le pays, selon l’agence de presse officielle Tass.

Laurent Vinatier a été arrêté dans la capitale russe en juin alors que les tensions s’accentuaient entre Moscou et Paris suite aux commentaires du président français Emmanuel Macron sur la possibilité de déployer des troupes françaises en Ukraine.

Les autorités russes ont accusé Vinatier de ne pas s’être enregistré comme « agent étranger » alors qu’il collectait des informations sur les « activités militaires et militaro-techniques » de la Russie qui pourraient être utilisées au détriment de la sécurité du pays.

Selon la loi russe, ce délit est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.

Vinatier est conseiller auprès du Centre pour le dialogue humanitaire, une organisation non gouvernementale basée à Genève. Un juge avait ordonné son placement en détention provisoire jusqu’au 5 août.

L’ONG a déclaré en juin qu’elle faisait « tout son possible pour aider notre collègue Laurent », notamment en l’aidant à obtenir une représentation juridique.

Le Service fédéral de sécurité russe a déclaré mercredi que lors de ses visites à Moscou, Vinatier « a établi de nombreux contacts avec des représentants de la communauté des experts et des scientifiques », notamment des politologues, des sociologues, des économistes, des experts militaires et des responsables gouvernementaux.

Enregistrements inexpliqués

Le Comité d’enquête russe a annoncé mercredi avoir interrogé sept témoins « avec lesquels l’accusé a tenu des réunions pour recueillir des informations dans le domaine des activités militaires et militaro-techniques », a rapporté Tass.

Les autorités ont ordonné un « examen médico-légal linguistique » des enregistrements audio des réunions et des appareils électroniques saisis à Vinatier.

Vinatier a reconnu sa culpabilité lors de son interrogatoire, a indiqué Tass, citant le comité d’enquête.

Le rapport n’explique pas pourquoi il y a eu des enregistrements audio des réunions et indique que les « activités criminelles » de Vinatier ont été stoppées par le Comité d’enquête et le Service fédéral de sécurité russe.

Les accusations portées contre Vinatier découlent d’une loi récemment adoptée qui oblige toute personne recueillant des informations sur des questions militaires à s’enregistrer auprès des autorités en tant qu’agent étranger.

Les militants des droits de l’homme ont critiqué cette loi et d’autres législations récentes dans le cadre d’une répression à plusieurs volets du Kremlin contre les médias indépendants et les militants politiques visant à étouffer les critiques de ses actions en Ukraine.

Les arrestations pour espionnage et collecte de données sensibles sont devenues de plus en plus fréquentes en Russie depuis que le pays a envoyé des troupes en Ukraine en février 2022.

Parmi les arrestations récentes de personnalités de premier plan figurent le journaliste du Wall Street Journal Evan Gershkovich, arrêté pour espionnage en mars 2023, et la journaliste américano-russe Alsu Kurmasheva, placée en détention en octobre 2023 pour les mêmes accusations que Vinatier.

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