« Sur le fil » : les militants appellent à l'action climatique alors que le G20 se réunit à Delhi

Jean Delaunay

« Sur le fil » : les militants appellent à l’action climatique alors que le G20 se réunit à Delhi

Le sommet du G20 s’ouvre demain à Delhi. Qu’est-ce que cela signifie pour le climat ?

Les dirigeants du G20 doivent agir maintenant pour éviter une catastrophe climatique « catastrophique », ont prévenu les militants.

Le sommet annuel s’ouvre demain à Delhi, réunissant les présidents et premiers ministres des économies les plus puissantes du monde.

L’Inde, pays hôte, a mis l’accent sur le « développement durable » comme l’un des principaux thèmes de la conférence.

Mais ce thème doit aller au-delà des paroles vides de sens, a insisté Amnesty International.

Les pays riches doivent fournir au moins 100 milliards de dollars (116 milliards d’euros) de financement climatique et annuler les dettes des pays les plus pauvres.

« Le G20 se déroule alors que le monde est sur le fil du rasoir », prévient Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.

« La crise climatique inflige un préjudice immense aux populations, alors que dans le même temps, de nombreux États vulnérables au climat sont confrontés à une crise de la dette. Les droits humains de milliards de personnes sont menacés.

Qu’est-ce que le sommet du G20 ?

Le G20 – abréviation de Groupe des 20 – est un groupe de pays qui se réunit chaque année.

« Premier forum de coopération économique internationale », il rassemble les nations les plus puissantes du monde.

Ensemble, les membres représentent 75 pour cent du commerce mondial et 85 pour cent de la production économique mondiale.

L’UE est un seul membre. Les autres sont l’Allemagne, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, le Mexique, la Russie, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud, la Turquie, le Royaume-Uni et les États-Unis.

Fondé en 1999, le forum se réunit chaque année depuis 2008. Les membres tentent de coordonner la politique économique mondiale, tandis que les dirigeants nationaux organisent en parallèle des réunions bilatérales.

Quel est l’ordre du jour du sommet du G20 2023 et que peut faire le G20 ?

L’Inde a identifié la crise climatique comme le problème le plus urgent pour les délégués à la conférence.

Les sujets à l’ordre du jour comprennent le développement vert, le financement climatique et l’annulation de la dette des pays à faible revenu.

Mais que peut réellement faire le G20 ?

L’année dernière, les divisions liées à la guerre en Ukraine ont fait que la conférence s’est terminée sans déclaration commune.

Cette année, le Chinois Xi Jinping ne participera pas à la réunion, tout comme Vladimir Poutine.

Photo AP
Le président Joe Biden accueille le commodore de l’air AS Parandekar, commandant de l’air, à son arrivée à l’aéroport international Indira Gandhi pour assister au sommet du G20, le 8 septembre 2023.

Et même lorsque le groupe publie des déclarations, celles-ci sont rarement liées à une action politique spécifique.

Par exemple, le sommet de Rome de 2021 s’est terminé sur la promesse de limiter le réchauffement climatique grâce à « une action significative et efficace » et sur un plan visant à mettre fin au financement des centrales électriques au charbon à l’étranger. Mais en 2022, la production d’électricité à partir du charbon a atteint un niveau record.

Les décisions du G20 ne sont pas juridiquement contraignantes. Néanmoins, il dispose d’un pouvoir de définition de l’agenda, une sorte de comité directeur mondial.

C’est pourquoi les dirigeants du G20 doivent prendre des mesures décisives face à la crise climatique, a affirmé Amnesty International.

« Le coût de l’inaction sera catastrophique », dit Callamard.

Que veut Amnesty International du G20 ?

L’organisation militante exhorte les pays riches à annuler la dette des pays les plus pauvres.

De nombreux pays à faible revenu sont endettés auprès des pays riches et des institutions financières comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Emprunter de l’argent était auparavant plus abordable, mais l’inflation a fait grimper les prix et les taux d’intérêt des prêts.

Le service de cette dette consomme de l’argent qui pourrait être consacré à des services vitaux ou à l’adaptation climatique. Par exemple, le Nigeria consacre environ 96 pour cent de ses recettes publiques au remboursement de sa dette nationale.

Une personne sur cinq sur la planète vit désormais dans un pays qui est proche ou proche de ce qu’on appelle le « surendettement », ce qui signifie qu’il a atteint une forte probabilité de défaut de paiement de ses prêts.

Si un pays fait défaut, sa cote de crédit s’effondrera et emprunter de l’argent deviendra presque impossible, ce qui rendra difficile le paiement des services de base. C’est le cercle vicieux de la dette.

Amnesty appelle les gouvernements du G20 à restructurer les processus d’allègement de la dette.

« Le nombre de pays à faible revenu en surendettement est passé à 42 depuis la pandémie de COVID-19, ce qui entrave leur capacité à protéger les droits de leurs citoyens, d’autant plus que nombre d’entre eux sont confrontés à des chocs climatiques récurrents », explique Callamard.

« Il est essentiel que le G20 reconnaisse l’ampleur et l’urgence de ces crises et agisse rapidement pour mettre un terme à l’escalade des catastrophes liées au climat et à la dette. »

Que devrait faire le G20 en matière de financement climatique ?

En 2009, une coalition de pays économiquement développés – dont les États-Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni – s’est engagée à donner aux pays touchés par le climat 100 milliards de dollars (116 milliards d’euros) par an d’ici 2020. Cet engagement n’a pas encore été tenu.

Cela sera probablement à l’ordre du jour du G20, l’Inde ayant déjà appelé ces gouvernements à « renforcer considérablement » cette ambition.

Mais le financement de l’adaptation, bien qu’important, n’est pas suffisant.

« L’élimination rapide de tous les combustibles fossiles doit être la priorité mondiale pour éviter une catastrophe climatique et de nouvelles violations des droits de l’homme », déclare Callamard.

« Le monde se dirige vers une catastrophe climatique et les signaux de détresse sont évidents. »

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