A view of a closed Shell petrol station in St. Petersburg, Russia, Sunday, May 15, 2022.

Jean Delaunay

Shell perd un milliard de dollars en suspendant la construction d’une usine de biocarburants

L’entreprise révèle une dépréciation principalement liée à ses usines de Rotterdam et de Singapour et affirme que les échanges dans sa principale division gazière diminueront au cours du trimestre.

Shell a annoncé vendredi qu’elle enregistrerait une charge de dépréciation pouvant atteindre 2 milliards de dollars, ce qui signifie qu’elle réduira la valeur de ses actifs.

Cette dépréciation est liée aux événements survenus dans les usines Shell de Singapour et de Rotterdam, qui ont été sources de déception pour l’entreprise.

Mardi, le géant pétrolier a annoncé qu’il suspendrait la construction de son site de biocarburant à Rotterdam, une ville portuaire néerlandaise, en raison d’une faible demande.

Dans le cadre d’un effort visant à financer des projets énergétiques plus durables, Shell a commencé la construction de l’usine en 2021. Les prévisions initiales prévoyaient que le site de 820 000 tonnes par an serait opérationnel d’ici 2025, bien que la production soit désormais prévue pour démarrer vers la fin de la décennie.

« Le fait de suspendre temporairement la construction sur site nous permettra d’évaluer la voie la plus commerciale pour faire avancer le projet », a déclaré Huibert Vigeveno, directeur des solutions aval, renouvelables et énergétiques de Shell.

Les projets européens de biocarburants ont récemment connu un échec en raison de l’augmentation de l’offre américaine et d’une demande intérieure en berne, en partie due à l’assouplissement de l’obligation suédoise en matière de biocarburants l’année dernière.

Cette baisse ne se limite cependant pas à un seul produit.

Un certain nombre de sociétés pétrolières et gazières repensent désormais leurs objectifs climatiques plus larges en raison de la hausse mondiale des prix du carburant, qui rend les projets traditionnels plus rentables.

BP, le rival de Shell, a par exemple annoncé la semaine dernière qu’il mettait un terme à ses nouveaux projets éoliens offshore. Le changement de direction du nouveau PDG Murray Auchincloss l’éloigne clairement de son prédécesseur Bernard Looney, qui cherchait à investir davantage dans les énergies renouvelables.

Cela survient malgré les avertissements des experts selon lesquels l’Europe risque de ne pas atteindre la plupart des objectifs climatiques fixés pour 2030.

Outre le revers subi à Rotterdam, la récente charge de dépréciation de Shell était liée aux opérations à Singapour.

En mai, l’entreprise énergétique a annoncé qu’elle cédait sa raffinerie et ses actifs chimiques à Singapour à une coentreprise formée par les sociétés indonésiennes Chandra Asri et Glencore.

Shell s’attend désormais à une dépréciation de 600 à 800 millions de dollars sur ces actifs.

Dans son communiqué de vendredi, Shell a également indiqué qu’elle s’attend à ce que les résultats commerciaux et d’optimisation de sa principale division gazière au deuxième trimestre restent stables sur l’ensemble de l’année.

Les performances trimestrielles devraient chuter au cours de cette période.

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