Former French President Nicolas Sarkozy arrives as he goes on trial over alleged illegal financing of his 2007 presidential campaign, Jan. 6, 2025 in Paris

Jean Delaunay

Sarkozy déclare au procès qu’il n’a jamais reçu de financement de campagne de la Libye

Sarkozy est accusé par les procureurs d’avoir conclu un accord avec le défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour recevoir des millions d’euros de financement illégal.

L’ancien président français Nicolas Sarkozy a vigoureusement dénoncé le fait d’avoir reçu de l’argent de Mouammar Kadhafi lors d’un procès à Paris pour le financement illégal présumé de sa campagne présidentielle de 2007 par le gouvernement libyen alors qu’il était sous son défunt dictateur.

Sarkozy, qui a servi de 2007 à 2012, fait face à des accusations de corruption passive, de financement illégal de campagne, de recel de détournement de fonds publics et d’association de malfaiteurs, passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.

Dans ses premières remarques depuis le début du procès cette semaine, Sarkozy a déclaré jeudi : « Vous ne trouverez jamais un euro libyen, un centime libyen dans ma campagne. »

Sarkozy, avocat de formation, a affirmé que « des groupes de menteurs et d’escrocs », dont le « clan Kadhafi », ont alimenté les allégations des enquêteurs dans le cadre d’un « complot ». Le procès doit se dérouler jusqu’au 10 avril.

L’affaire a éclaté en mars 2011, lorsqu’une agence de presse libyenne a rapporté que le gouvernement Kadhafi avait financé la campagne de Sarkozy en 2007.

Sarkozy a été l’un des premiers dirigeants occidentaux à faire pression en faveur d’une intervention militaire en Libye en 2011, lorsque les manifestations en faveur de la démocratie ont balayé le monde arabe.

Kadhafi a été tué par des combattants de l’opposition en octobre de la même année, mettant ainsi fin à son règne autoritaire de quatre décennies sur ce pays d’Afrique du Nord.

« Les révélations (en provenance de Libye) sur le financement présumé de ma campagne sont arrivées quelques heures après ma déclaration selon laquelle ‘Kadhafi doit partir' », a déclaré Sarkozy au tribunal. « Quelle crédibilité accorder à de telles déclarations marquées du sceau de la vengeance ? »

Sarkozy a également déclaré qu’un document clé, qui serait une note des services secrets libyens, mentionnant l’accord de Kadhafi de fournir 50 millions d’euros de financement à la campagne de Sarkozy, était faux.

Les juges d’instruction français ont déclaré en 2016 que le document présentait toutes les caractéristiques d’authenticité, même s’il n’existe aucune preuve définitive qu’une telle transaction ait eu lieu.

« Je veux que vous ressentiez l’indignation, la sincérité et la colère », a déclaré Sarkozy au tribunal. « Il n’y a pas d’argent provenant de la corruption parce qu’il n’y a pas eu de corruption du candidat (à la présidentielle). »

Non-présentation des autres accusés

Les enquêteurs français ont analysé plusieurs voyages en Libye effectués par des proches de Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, de 2005 à 2007, dont son directeur de cabinet Claude Guéant.

Sarkozy a souligné que quelques semaines après son arrivée au pouvoir en 2007, il avait réussi à conclure un accord avec Kadhafi pour libérer cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien.

Les médecins avaient été condamnés à mort à deux reprises en Libye pour avoir prétendument infecté des centaines d’enfants de la ville côtière de Benghazi avec le VIH à la fin des années 1990. Ces accusations ont été largement dénoncées à l’étranger comme étant fausses.

Le lendemain de cette libération, lors de la visite de Sarkozy à Tripoli, la France et la Libye ont signé de vastes accords de coopération dans des domaines tels que la défense, la santé et la lutte contre le terrorisme.

Le procès implique 11 autres accusés, dont trois anciens ministres. L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, accusé d’avoir joué un rôle d’intermédiaire, s’est enfui au Liban et n’a pas comparu devant le tribunal de Paris.

Un autre coaccusé, l’ancien chef de cabinet et trésorier de Kadhafi, Bashir Saleh, n’a pas assisté au procès. Saleh s’est réfugié en France pendant la guerre civile libyenne, puis a déménagé en Afrique du Sud avant de s’installer aux Émirats arabes unis.

Sarkozy a été condamné dans deux autres scandales, mais le cas libyen semble être celui qui risque le plus d’affecter de manière significative son héritage.

La plus haute juridiction de France, la Cour de cassation, a confirmé le mois dernier la condamnation de Sarkozy pour corruption et trafic d’influence alors qu’il était chef de l’Etat. Il a été condamné à un an d’assignation à résidence avec bracelet électronique.

L’affaire a été révélée alors que les juges d’instruction écoutaient des conversations téléphoniques sur écoute lors de l’enquête sur la Libye.

En février de l’année dernière, une cour d’appel de Paris a déclaré Sarkozy coupable de financement illégal de campagne lors de sa tentative ratée de réélection en 2012.

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