Qu’y a-t-il derrière les incendies au Canada et le changement climatique est-il à blâmer?
La capitale entière des Territoires du Nord-Ouest du Canada a été évacuée jeudi alors que les équipes de pompiers se battaient pour maîtriser un incendie de forêt.
Plus de 20 000 personnes à Yellowknife ont reçu l’ordre de partir alors que les flammes se rapprochaient de la ville du nord du Canada.
Les responsables disent que le feu pourrait atteindre la périphérie d’ici samedi s’il n’y a pas de pluie.
C’est le dernier chapitre de la pire saison des incendies du pays. Alors, quelles régions du Canada sont touchées par les incendies de forêt et qu’est-ce qui cause les flambées record?
Quelles régions du Canada sont touchées par les incendies?
Cet été, des incendies au Canada ont carbonisé des millions d’hectares et provoqué une pollution de l’air qui s’est glissée aux États-Unis et, dans certains cas, a même atteint l’Europe.
Les incendies de forêt sont courants dans les provinces de l’ouest du Canada, mais cette année, les provinces de l’est de la Nouvelle-Écosse, du Québec et de certaines parties de l’Ontario ont également été ébranlées par des incendies incontrôlables.
Cette semaine, l’attention s’est retournée vers l’ouest, alors que des incendies de forêt ont brûlé à environ 16 km au nord-ouest de Yellowknife, la capitale des vastes Territoires du Nord-Ouest peu peuplés.
Les incendies pourraient atteindre la périphérie de la ville d’ici la fin de semaine, a déclaré jeudi l’agent d’information sur les incendies des Territoires, Mike Westwick, à la Société Radio-Canada.
Mercredi, il y avait 1 054 feux de forêt actifs au Canada, dont 230 dans les Territoires du Nord-Ouest et 669 jugés hors de contrôle, selon le Centre interservices des feux de forêt du Canada.
Il y a eu 5 738 incendies de ce type jusqu’à présent cette année, qui ont brûlé 13,7 millions d’hectares. Au moins quatre pompiers sont morts au Canada.
La précédente saison record de feux de forêt remonte à 1989, lorsque 7,6 millions d’hectares ont été incendiés.
Les incendies de cette année ont commencé fin avril dans les provinces de l’ouest de la Colombie-Britannique et de l’Alberta, déplaçant plus de 30 000 personnes à leur apogée et arrêtant temporairement la production de pétrole et de gaz.
Que se passe-t-il à Yellowknife?
Les résidents de Yellowknife ont jusqu’à midi vendredi pour évacuer en vertu d’un ordre émis mercredi. Les Territoires du Nord-Ouest, avec une population de seulement 46 000 personnes, ont une infrastructure limitée, et il n’y a qu’une seule route de la ville vers l’Alberta au sud.
Des milliers d’habitants ont déjà fui les petites communautés et Enterprise, un hameau près de la frontière albertaine, a été presque détruit par un incendie dimanche.
Dans une publication sur les réseaux sociaux, le service d’incendie des Territoires du Nord-Ouest a déclaré qu’un incendie de forêt qui menaçait Hay River, une communauté de quelque 3 000 habitants plus au sud sur le Grand lac des Esclaves, s’était arrêté du jour au lendemain.
Le producteur de diamants De Beers a déclaré dans un communiqué que sa mine Gahcho Kue, à quelque 280 km au nord-est de Yellowknife, continuait de fonctionner, bien que certains employés des communautés environnantes aient été évacués.
En mai 2016, un énorme incendie a détruit 10 % des structures de la ville productrice d’énergie du nord de l’Alberta, Fort McMurray, forçant l’évacuation de 90 000 résidents et bloquant plus d’un million de barils par jour de production de pétrole.
En juin 2021, 90 % des structures du village de Lytton en Colombie-Britannique ont brûlé.
Comment les incendies au Canada affectent-ils la qualité de l’air?
La fumée des incendies de cette saison a rendu l’air malsain à respirer à travers le Canada et dans une grande partie des États-Unis, ce qui a suscité des avertissements et des recommandations pour que les gens limitent leur temps à l’extérieur ou portent des masques.
Lors des incendies de cette semaine, l’indice air santé du gouvernement canadien a placé Yellowknife et Fort Smith à «risque très élevé» et Winnipeg, la capitale du Manitoba à 1 700 km au sud-est, à «risque élevé».
Plus tôt cette saison des incendies, les autorités ont émis des avertissements sur la qualité de l’air pour la capitale du Canada, Ottawa, et la capitale financière, Toronto. Aux États-Unis, des alertes sur la qualité de l’air ont été émises pour des sections du Midwest, de la côte Est et du Sud, y compris New York, Washington et Chicago.
Quelles sont les perspectives des incendies au Canada?
Les projections gouvernementales les plus récentes indiquent que la possibilité d’une activité des incendies supérieure à la normale persistera dans la majeure partie du Canada en août et en septembre.
Le mois prochain, la zone potentiellement à risque extrême devrait devenir un peu plus petite, couvrant le sud de la Colombie-Britannique, les Prairies, une partie des Territoires du Nord-Ouest et l’ouest de l’Ontario, a déclaré un responsable gouvernemental.
Dans une grande partie de cette zone, le nombre de nouveaux incendies diminuera avec l’arrivée de l’automne. Les grands incendies existants devraient continuer à brûler ou à couver, et de nouveaux incendies problématiques peuvent se produire n’importe où, a déclaré le responsable.
Qu’est-ce qui cause les incendies au Canada?
La sécheresse a contribué au nombre et à l’intensité des incendies de cette année, selon les responsables, les températures élevées aggravant la situation. Une grande partie du Canada a connu des conditions anormalement sèches – ou pires -.
Le Canada atlantique a reçu de faibles chutes de neige cet hiver, suivies d’un printemps exceptionnellement sec.
On pense que la plupart des incendies de forêt ont été causés accidentellement par l’activité humaine.
Le changement climatique est-il responsable des incendies au Canada?
En juin, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a attribué l’augmentation du nombre d’incendies de forêt au changement climatique. Ellen Whitman, chercheuse au Service canadien des forêts, a déclaré qu’il est difficile de déterminer l’impact du changement climatique sur une seule saison des incendies.
Pour les régions côtières, le changement climatique devrait apporter plus de pluie, ce qui devrait réduire le risque d’incendie, mais une atmosphère plus chaude est plus efficace pour extraire l’humidité des sols, un facteur qui augmente le risque d’incendie.
Les incendies printaniers généralisés dans tout le Canada sont également inhabituels, et les recherches montrent que les saisons des incendies en Amérique du Nord s’allongent.
