À la rencontre de… Sabry Ben Abdallah
Engagé auprès de Patrice Miran à Vence
En quelques mots, pourriez-vous préalablement vous présenter ?
Je m’appelle Sabry Ben Abdallah, j’ai 21 ans, et je vis à Vence depuis toujours. Je suis étudiant en Master de Droit à l’Université de Nice Cote d’Azur. Je suis aujourd’hui engagé sur une liste écologiste pour faire avancer la transition écologique dans ma ville.
Vous êtes engagé à Vence, à l’occasion des élections municipales, pouvez-vous nous y expliquer votre rôle ?
Je suis candidat sur la liste « La Nature de Vence » conduite par Patrice Miran, pour être conseiller municipal.
Je travaille en particulier sur les questions liées à la jeunesse et sur la démocratie participative. J’ai donc collaboré avec d’autres membres de l’équipe, après avoir échangé avec les vençois, pour élaborer un programme qui redonne du pouvoir aux habitants de la ville dans l’élaboration et la prise de décision. Nous voulons véritablement faire entrer dans les mœurs locales l’usage d’outils de co-décision. La mise en place de ces outils sera notamment une des clefs qui permettra d’intéresser de nouveau les jeunes à la politique de leur ville, en leur donnant l’occasion d’y participer. C’est d’ailleurs pour cela qu’en cas de victoire, sera nommée une première adjointe au maire en charge de l’action sociale et de la Démocratie participative.
Évidemment, je participe aussi à faire connaître nos idées et notre programme que ce soit par la distribution de tracts et les échanges avec les Vençois en ville, les réunions publiques, ou par le porte à porte qui pour nous est un mode de communication primordial en ce qu’il permet de réellement parler à tous les vençois, en particulier ceux qui sont éloignés de la vie politique de la ville, ou les personnes à mobilité réduite.
Quelles sont les motivations qui vous ont poussé à vous engager ?
C’est toujours assez difficile de répondre à ce genre de questions. Mais je dirais que mon intérêt pour la politique a commencé assez tôt, au moment de la Révolution en Tunisie, portée d’abord par beaucoup de jeunes qui seront rejoint par toutes les catégories de la population pour renverser une dictature et mettre en marche une transition démocratique. C’est une période qui en tant que franco-tunisien, m’a véritablement permis de prendre conscience de la valeur de la Démocratie et de l’Etat de Droit. Cela se poursuit au lycée par l’appréhension du monde par des enseignements comme l’Histoire et les Sciences sociales, économiques et politiques. Puis évidemment le monde du Droit. C’est en découvrant le monde et ses différents aspects que l’on cultive différentes émotions comme l’indignation, la fierté, l’espoir, qui nous poussent à nous engager.
Les élections présidentielles de 2017 ont été les premières pour lesquelles j’ai pu voter. Je soutenais alors l’alliance entre les Écologistes et le Parti Socialiste, qui comme vous le savez, fut un échec. Toutefois, cette déception ne m’a nullement conduit à me détourner de la certitude selon laquelle il faut se battre pour que cessent le déni climatique, mais aussi le déni égalitaire. Et puisque ni le gouvernement, ni le parlement ne semble pour l’instant disposés à réagir autrement qu’en verdissant certaines mesures, les villes vont devoir prendre à bras le corps ces problèmes.
La protection de l’environnement est aujourd’hui un enjeu majeur pour nos concitoyens, les élections européennes l’ont démontré, en particulier à Vence où les forces écologistes ont recueillie plus de 20% des voix.
Certains candidats ont alors décidé de verdir leur blason sans remettre en question leur mode de réflexion, et c’est aussi une des raisons qui m’a poussé à m’engager dans une démarche qui ne travestit pas l’écologique en la réduisant à un accessoire de l’action publique, alors qu’elle doit en être la clef, le fil conducteur !
Finalement, mon engagement est aujourd’hui guidé par l’envie de participer à la vie de ma ville, contribuer à sa transition, son renouvellement, mais aussi sa préservation. Et c’est pour cela que je me suis engagé dans la seule démarche que je trouve crédible pour mener à bien ces projets. En particulier dans un territoire ravagé par une politique de déni de l’urgence climatique et du tout-bétonnage orchestrée par la métropole.
Être jeune dans une campagne électorale, avantage ou frein ?
Être jeune dans une campagne électorale, comme dans la vie de tous les jours, peut être un frein comme un avantage. A vrai dire, être jeune n’est un frein que lorsque certains essayent d’utiliser votre jeunesse contre vous pour vous décrédibiliser. C’est le dernier argument qui leur restent lorsqu’ils n’en ont plus pour vous contredire sur le fond.
L’Histoire de la France et même du monde en général, a tout de même démontré que la jeunesse a toujours su s’engager et continue de la faire aujourd’hui. Partant de Jeanne d’Arc, passant par les jeunes de mai 68, l’image de l’étudiant place Tian’anmen, les révoltes pour la démocratie en Algérie, la nouvelle Première Ministre finlandaise de 34 ans, ou les mouvements de la jeunesse pour le climat incarnés notamment par la figure de Greta Thunberg aujourd’hui, les jeunes ont toujours été et seront toujours au cœur de la vie politique.
Dans cette campagne électorale, il est indispensable de proposer une liste qui soit le reflet de la société, et donc de laisser de la place aux jeunes, qui dans bien des cas ont compris avant leurs parents la nécessité de changer notre logiciel de développement pour préserver le vivant. C’est d’ailleurs pour cela que notre démarche est portée par des jeunes mais aussi des moins jeunes, qui par leurs idées et leurs expériences assurent une complémentarité nécessaire à une action publique cohérente. J’ai finalement l’impression qu’au sein de notre équipe être jeune a pour moi été un avantage, et cela grâce à des processus d’intelligence collective accordant une voix particulière aux jeunes.
Mais sincèrement, malheureusement, je ne pense pas que cela se passe ainsi dans la majorité des cas. Trop souvent, les jeunes sont utilisés comme tête d’affiche puis condamnés au silence après les campagnes électorales.
On l’a vu notamment avec l’espoir qui a pu naître de la nouvelle génération de députés entrés à l’Assemblée Nationale dans la majorité présidentielle, qui se sont finalement avérés être de simples exécutants des ordres du gouvernement, et qui à part de rares exceptions, n’ont pas su se lever contre les aberrations écologiques de ce dernier.
Finalement, j’ai l’impression que la nécessité de redonner du crédit à la parole des jeunes est quelque chose qui a surtout été intégré par les écologistes, notamment avec les élections européennes qui ont mis en lumière une forte mobilisation de la jeunesse pour voter en faveur de projets engagés dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Les écologistes ont compris que les jeunes ont été capables d’intégrer l’urgence climatique, et qu’ils doivent être entendus. Ils apparaissent aujourd’hui parmi les seuls auxquels les jeunes sont susceptibles d’accorder leur confiance. Je le dis d’autant plus librement que je n’ai pas de carte au parti Écologiste. Et cela s’illustre notamment avec l’exemple de la jeune juriste Marie Toussaint, à l’origine de la pétition « l’Affaire du siècle » mobilisant plus de 2 millions de signatures, qui a été élue aux dernières élections européennes sur la liste Europe Ecologie Les Verts.
Pensez-vous que les élections municipales de 2020 seront celles de la jeunesse ?
Je ne sais pas si elles seront celles de la jeunesse mais j’espère sincèrement qu’elles ne seront pas celles de la redondance, que ce soit dans ma ville à Vence, ou ailleurs.
Le retour d’anciens candidats ou élus qui n’ont jamais rien fait pour l’écologie et qui se découvrent une fibre verte ne doit tromper personne et encore moins les jeunes. Il en est de même pour ceux des maires sortant qui ont relégué l’écologie au rang d’option.
Il faut évidemment veiller à ce que la jeunesse ne soit pas un argument qui vienne éclipser tous les autres. L’affichage par l’extrême droite du « renouvellement » de ses candidats ne doit pas duper les électeurs sur un prétendu renouvellement des idées. Il y a des jeunes qui ont des idées qui ne représentent ni les valeurs de la jeunesse, ni de la France d’aujourd’hui. La jeunesse n’est pas toujours un gage de novation, de progressisme et d’ouverture, elle peut aussi parfois être brandie par les forces les plus conservatrices de nos sociétés.
Je pense que pour que ces élections soient véritablement celles de la jeunesse, il faut un projet de vie enthousiasmant, novateur, qui ne crache pas sur l’avenir de la jeunesse et de nos municipalités, qui rompt avec des pratiques qui durent depuis des décennies.
S’il est vrai qu’il peut paraitre assez difficile d’intéresser les jeunes à la politique municipale, je pense que les mouvements qui ont bousculé notre pays depuis quelques temps vont dans le sens d’un front de la jeunesse portée par des valeurs écologistes et égalitaires.
Mais en particulier, pour gagner la confiance des jeunes, il faut leur laisser de la place, du pouvoir, les entendre, leur parler. Les intégrer pleinement dans l’élaboration des programmes de campagne car ils ont des choses à dire et à proposer.
Il faut aussi comprendre que notre génération, née à l’ère du digital, porte des exigences qui n’existaient pas auparavant concernant notamment les questions de transparence, mais aussi de certaines pratiques politiques.
Les jeunes ont compris que l’action quasi monarchique d’une certaine classe politique nous mène droit au mur et qu’on ne pourra avancer qu’en proposant des espaces d’expression et de co-décision qui mettent en relation les élus et les habitants, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes d’ailleurs. Les jeunes en ont marre de n’être représentés qu’à travers des institutions caricaturales dont l’utilité n’est que rarement avérée, et qui bien souvent n’ont aucun contact avec leurs représentants.
Sincèrement, je pense que la seule possibilité pour la jeunesse de se faire entendre et de ne pas se faire voler son avenir, c’est voter pour l’écologie, mais aussi et surtout s’y engager pour porter un nouveau model de société qui sera celui des nouvelles générations.
Comment ressentez-vous le lien entre jeunesse et politique dans ces élections locales ?
Pour l’instant disons qu’il est assez fragile. S’il semble avoir été rompu avec les élus de la Nation, il semble encore à créer avec les élus locaux.
Il faut dire qu’en particulier dans les Alpes Maritimes, écouter les jeunes n’est pas une chose très naturelle pour nos élus. Que ce soit à l’échelle municipale ou métropolitaine.
Mais je pense qu’il y a quelque chose de diffèrent qui se passe entre les forces écologistes et les forces de la jeunesse. Ce fut le cas pour moi qui ai décidé de m’engager avec eux. Je suis persuadé que la greffe est en train de prendre ou qu’elle a déjà pris. Les écologistes trouvent un écho très fort auprès des jeunes. Les jeunes leurs accordent aujourd’hui une certaine légitimité parce qu’ils se rendent qu’ils avaient raison ! Parce qu’ils voient bien qu’ils ont toujours porté ces valeurs avant même qu’elles n’aient pu imprégner la société française.
Une part importante des jeunes actifs, qui se sont engagés notamment pour la cause animale, dans la création d’entreprises qui respectent l’environnement, dans l’art, dans les associations de défense et de protection de l’environnement, ont envie aujourd’hui de s’engager pleinement au sein d’institutions de pouvoir pour pérenniser au niveau politique les efforts de la société civile.
Comment amener les jeunes à s’y engager davantage ?
Je pense que les véritables clefs pour impliquer davantage les jeunes dans la vie politique de leur commune c’est de les intégrer pleinement dans l’action de celle-ci. A vrai dire, c’est une des clefs pour à la fois favoriser l’engagement des jeunes, mais aussi des moins jeunes. Les gens ne croient pas ou plus aux fausses commissions ou faux débats qui prétendent leur donner le pouvoir alors qu’ils ne sont souvent qu’une campagne de communication qui vise à légitimer une décision.
Impliquer les gens dans la vie politique ne peut se faire qu’avec de véritables mécanismes de démocratie participative.
C’est notamment pour cela que nous proposons un droit d’interpellation des élus qui obligera le conseil municipal à débattre d’un sujet lorsque celui-ci aura recueillie 800 signatures, mais aussi des budgets participatifs, ou encore la convention citoyenne pour les grands projets qui instaure une véritable co-décision entre élus et habitants pour les projets qui peuvent transformer le visage d’une ville.
Il s’agit aussi de faire participer les jeunes à la vie de la commune le plus tôt possible, et donc permettre d’intégrer dans ces mécanismes de démocratie participative, tous les résidents de plus de 16ans pour qu’ils s’expriment sur l’avenir de la ville. Ainsi, ils apprendront à s’y impliquer le plus tôt possible, pour devenir véritablement acteurs de la vie politique de leur commune.
Les mouvements de la jeunesse semblent avoir montré que les jeunes sont prêts à agir si on leur en donne les moyens et les outils.
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