24 août 2006 : Il y a une planète de moins dans le ciel.
Depuis que je suis petit, je me souviens toujours des noms des planètes de notre système solaire grâce à un mnémonique astucieux.
« Ma méthode très simple accélère la nomination des planètes » est toujours l’expression incontournable que j’utilise lors des quiz de pub pour me rappeler l’ordre : Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et… eh bien, ceci c’est là que ça devient gênant.
Le mnémonique perd quelque chose lorsqu’il ne comporte pas le dernier mot « planètes ». Mais ce jour-là, en 2006, la neuvième planète du système solaire a été rétrogradée.
Après la découverte de Neptune dans les années 1840, les astronomes ont remarqué que l’orbite de la huitième planète était perturbée par un autre objet céleste. En conséquence, les astronomes se sont mis à la recherche d’une neuvième planète. Pluton a été découverte pour la première fois en 1930 par l’astronome américain Clyde W. Tombaugh.
Nommé d’après le dieu romain des enfers, Pluton a toujours été une exception dans la liste des planètes. Premièrement, il s’agit littéralement d’une valeur aberrante, orbitant à une distance bien plus grande du Soleil que n’importe quelle autre planète.
La complication suivante était sa masse. Avant sa découverte, il était théorisé que Pluton devait avoir une masse environ sept fois supérieure à celle de la Terre. Suite à la découverte de Tombaugh, cette masse a ensuite été modifiée pour atteindre la même masse que la Terre. Puis, en 1948, il a été suggéré que Pluton avait une masse similaire à celle de Mars, soit environ un dixième de celle de la Terre.
Cette masse a ensuite été réduite à un 100ème de la masse terrestre en 1976. La masse a continué à baisser jusqu’à ce que nous estimions actuellement qu’elle équivaut à peu près au 459ème de la masse de la Terre.
Puis, en 1992, d’autres objets ont été découverts à proximité de Pluton. On a découvert que la ceinture de Kuiper contenait de nombreux corps de taille similaire. Au début du 19ème siècle, une chose similaire est arrivée à un autre objet céleste. Lorsque Cérès fut découverte en 1801, elle fut annoncée comme une nouvelle planète. Suite à la découverte d’autres astéroïdes de la taille de Cérès, celui-ci a été déclassé en astéroïde.
En 2006, l’Union Astronomique Internationale (UAI) a entamé des négociations pour définir exactement ce qu’était une planète. Ils ont finalement abouti à la définition selon laquelle une planète est : « un corps céleste qui (a) a une masse suffisante pour que son auto-gravité puisse vaincre les forces du corps rigide afin qu’il prenne une forme d’équilibre hydrostatique (presque ronde), et (b) est en orbite autour d’une étoile et n’est ni une étoile ni un satellite d’une planète ».
Avec cette définition, Cérès aurait compté comme une planète. Mais l’AIU a ajouté ce détail aujourd’hui en 2006. Une planète doit avoir « dégagé le voisinage autour de son orbite ». Comme Cérès ne dominait pas son orbite, elle a été classée parmi les planètes naines.
Pluton n’a pas non plus rempli la troisième condition à cause de la ceinture de Kuiper. Comme elle a répondu aux deux premiers, elle a été, comme Cérès, reclassée comme planète naine.
La décision de rétrograder Pluton n’était pas populaire au début. Cette année-là, « pluton » était le mot de l’année de l’American Dialect Society, un néologisme désignant quelque chose de rétrogradé. L’un des astronomes en grande partie responsables de cette décision, Mike Brown, a même publié ses mémoires « Comment j’ai tué Pluto et pourquoi il l’a fait venir » en 2010 pour documenter son raisonnement.