Les réunions de l’Eurogroupe et la publication de l’indice des prix à la consommation (IPC) aux États-Unis devraient fournir cette semaine un aperçu de la trajectoire du développement économique régional et des perspectives en matière de taux d’intérêt.
Au milieu des allusions du président de la BCE Lagarde à une baisse des taux en juin, les marchés boursiers européens ont continué à rafraîchir leurs plus hauts historiques avec l’indice Euro Stoxx 50 dépassant les 4 900 et le DAX dépassant les 17 800 pour la première fois de l’histoire. Ce mouvement reflète également une dynamique record continue à Wall Street après que la Fed Powell a signalé une baisse des taux d’intérêt au cours de cette année.
La trajectoire du marché mondial indique une baisse des rendements des obligations d’État, reflétant les attentes selon lesquelles les banques centrales lanceront un cycle de réduction des taux au second semestre. Par conséquent, le dollar américain suit actuellement une tendance à la baisse, ce qui pousse les prix de l’or à atteindre régulièrement de nouveaux sommets. Cette tendance s’accompagne d’un rallye des monnaies du G10 par rapport au billet vert, mené par l’eurodollar. La question qui se pose est la suivante : la tendance haussière est-elle durable ?
Cette semaine, nous restons concentrés sur les événements cruciaux et les données économiques des principales économies mondiales alors que nous cherchons à mieux comprendre la trajectoire du marché. Deux événements économiques importants retiennent l’attention du marché : les réunions de l’Eurogroupe et la publication de l’indice des prix à la consommation (IPC) américain pour février. Ces événements devraient fournir des indications sur le développement économique des membres de l’UE et influencer les perspectives des taux d’intérêt américains.
En outre, le Royaume-Uni devrait divulguer ses données sur l’emploi pour février, offrant ainsi des informations précieuses sur le marché du travail, tandis que les chiffres du PIB du Japon pour le troisième trimestre serviront d’indicateur pour une éventuelle hausse des taux par la Banque du Japon en mars ou avril.
Zone euro
Même si les réunions de l’Eurogroupe n’ont pas d’impact direct sur les marchés financiers, l’événement occupera une place centrale pour la région car il offrira une plate-forme aux ministres des Finances des pays membres de l’UE pour délibérer sur des questions et politiques économiques clés. Cet effort de collaboration est crucial pour favoriser la stabilité financière et une croissance durable dans la zone euro.
Lors de la réunion de janvier, le président de l’Eurogroupe, Paschal Donohoe, a prévu que l’économie de la zone euro connaîtrait une croissance d’environ 1 % en 2024, malgré les difficultés économiques et la guerre en Ukraine. Cependant, la Banque centrale européenne a abaissé ses prévisions de croissance économique régionale et d’inflation pour 2024, révisant la croissance du PIB de 0,8% à 0,6% et l’inflation de 2,7% à 2,3% pour l’année en cours, comme annoncé la semaine dernière.
Cela devrait inciter à de nouvelles politiques budgétaires de soutien pour empêcher l’économie régionale de sombrer dans la stagnation. Le groupe devrait délibérer sur des mesures visant à soutenir les petites et moyennes entreprises. En outre, l’attention pourrait rester portée sur le secteur de l’énergie et les marchés du travail au cours de ces discussions.
Parmi les autres données économiques remarquables à surveiller figurent la production industrielle de la zone euro pour janvier, l’IPC allemand et l’IPC français pour février, le taux de chômage italien au quatrième trimestre et les ventes au détail pour février. Ces données fourniront des informations précieuses sur divers aspects du paysage économique de la zone euro.
Les Etats Unis
Certaines des données économiques américaines les plus significatives devraient être publiées cette semaine, notamment l’indice des prix à la consommation (IPC) de février. L’inflation a atteint 3,1% sur un an en janvier, au-dessus des 2,9% attendus, après une remontée à 3,4% en décembre.
Les signes d’un retour de l’inflation ont atténué les espoirs de voir la Fed amorcer une baisse des taux en mars. Mais cela pourrait ne pas retenir la Fed longtemps, car les indicateurs de marché suggèrent une baisse des taux en juin, selon le CME Fed Watch Tool. Le consensus prévoit que l’inflation restera stable à 3,1 % en février, ce qui pourrait limiter les récents gains du marché. La dynamique haussière de Wall Street a montré son épuisement après que les données ont montré que le taux de chômage avait atteint vendredi dernier son plus haut niveau depuis deux ans. La réunion politique de la Réserve fédérale du 20 mars est très attendue, laissant espérer des signaux plus clairs sur le début d’un cycle de baisse des taux. En plus de l’inflation, le pays s’apprête à annoncer son indice des prix à la production et ses ventes au détail pour février.
La Grande-Bretagne
L’indice de référence du Royaume-Uni, le FSTE 100, sous-performe ses pairs de l’UE et des États-Unis sur l’ensemble de l’année. Des données récentes montrent que le pays est tombé dans une récession technique au dernier trimestre de l’année dernière, connaissant une croissance négative du PIB de 0,3%, après une baisse de 0,1% au troisième trimestre.
Le chiffre mensuel du PIB de janvier est donc particulièrement important pour évaluer sa trajectoire économique. En outre, le pays devrait publier des données sur l’évolution de l’emploi et la croissance des bénéfices pour février, qui jouent un rôle clé dans l’élaboration de ses perspectives d’inflation. En particulier, la croissance des salaires suit une tendance à la baisse depuis août, atténuant les pressions inflationnistes dans le pays.
En février, la Banque d’Angleterre a maintenu son taux d’intérêt pour la quatrième fois consécutive et a laissé entendre la possibilité d’une baisse des taux plus tard cette année. Les projections de la banque prévoient que l’inflation tombera en dessous de 2 % dès mai, avec une croissance des salaires prévue à 4,9 % au cours des 12 prochains mois, une réduction significative par rapport aux 5,8 % du mois précédent.
Japon
En Asie, l’accent est mis pour la région APAC sur les données finales du PIB du Japon pour le quatrième trimestre. La publication préliminaire du PIB du pays en février a indiqué une récession, car l’économie a connu une contraction mensuelle de 0,1%, après une baisse de 0,8% au troisième trimestre. La semaine dernière, les données ont révélé une croissance des salaires plus importante que prévu, de 2 % en janvier, exerçant une pression à la hausse sur l’inflation. Avec un pouvoir d’achat réduit et une croissance négative du PIB, on s’attend de plus en plus à ce que la BoJ envisage de s’éloigner de sa politique monétaire ultra-accommodante actuelle.