Le taux d’emploi dans l’UE a atteint un sommet historique de 74,6 % en 2022, selon de nouvelles données d’Eurostat. Mais quelles régions s’en sortent mieux que d’autres ?
Lorsqu’on regarde les taux d’emploi européens sur une carte, il est facile de voir la division entre les États du Nord et ceux du Sud.
Eurostat, l’office des statistiques de la Commission européenne, a constaté qu’après avoir divisé les pays en 242 régions de base (NUTS 2), deux cinquièmes des régions avaient un taux d’emploi égal ou supérieur à 78 %.
Ces zones étaient principalement concentrées en Tchéquie, au Danemark, en Allemagne, en Estonie, à Malte, aux Pays-Bas et en Suède.
Dans l’archipel finlandais d’Åland, Eurostat a noté le taux d’emploi le plus élevé, soit 89,7 %, et le deuxième taux le plus élevé a été enregistré dans la région de la capitale polonaise, Varsovie, où l’emploi était de 85,4 %.
La région néerlandaise d’Utrecht et la région de la capitale suédoise, Stockholm, arrivent derrière ces deux régions, avec toutes deux un taux d’emploi de 85,1 %.
À l’autre extrémité de l’échelle, dans trois régions du sud de l’Italie, Eurostat a constaté que moins de la moitié de la population avait un emploi en 2022.
Ces zones étaient la Sicile (46,2%), la Calabre (47,0%) et la Campanie (47,3%).
Dans certaines régions de Turquie, le taux d’emploi a chuté encore plus bas qu’en Italie, enregistré collectivement à 32,8 % dans les villes de Mardin, Batman, Şırnak et Siirt.
Dans quelle mesure les taux d’emploi ont-ils changé ?
Parmi les régions étudiées, Eurostat a constaté que 9 régions sur 10 ont connu une augmentation du taux d’emploi entre 2021 et 2022.
Les cinq régions affichant le taux de croissance le plus élevé comprennent quatre régions grecques : l’Épire (+7,7 points de pourcentage), le sud de la mer Égée (+5,8), la Crète (+5,7) et la Grèce centrale (+5,4).
Une forte croissance a également été observée dans les îles Canaries espagnoles, avec une augmentation de 5,5 points de pourcentage.
Cela dit, une hausse du taux d’emploi n’a pas été observée dans tous les domaines, une minorité d’États ayant constaté une baisse du nombre de leurs citoyens travaillant.
La région polonaise de la voïvodie d’Opole a connu une baisse de 1,5 point de pourcentage, suivie par la région espagnole de Melilla (-1,3), la région allemande de Basse-Franconie (-1,2) et les régions françaises du Limousin (-1,0), de la Bretagne, et Guadeloupe (tous deux -0,9).
Le chômage baisse, les postes vacants restent élevés
Parallèlement à la hausse de l’emploi, les derniers chiffres d’août 2023 montrent également que le chômage a diminué dans l’UE.
Les deux chiffres sont clairement liés mais peuvent également être affectés par le nombre de personnes qui n’appartiennent à aucune des deux catégories, comme celles qui sont étudiants ou aidants.
Le taux de chômage de l’UE était de 5,9 % en août 2023, contre 6,0 % en juillet 2023 et 6,1 % en août 2022.
Pourtant, malgré cette tendance prometteuse, William Mitchell, professeur d’économie à l’Université de Newcastle en Australie, a déclaré à L’Observatoire de l’Europe que « les postes vacants sont désormais le signe d’une faiblesse imminente ».
À la suite de la pandémie de COVID-19, qui a radicalement remodelé le marché du travail, la plupart des États membres de l’UE ont connu une forte augmentation des offres d’emploi.
Au milieu de l’année 2022, les postes vacants dans l’UE ont recommencé à diminuer lentement, mais ils restent bien supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie.
Cela suggère qu’il existe une inadéquation entre les compétences des travailleurs et les exigences de l’employeur, ce qui entraîne un risque de baisse de productivité et de compétitivité.
Pour y remédier, l’UE s’est engagée à mieux anticiper les évolutions du marché du travail, à faciliter la mobilité professionnelle et à améliorer la capacité d’adaptation des travailleurs.
Le professeur Mitchell a également souligné la série de hausses de taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE).
Il a déclaré que les bons chiffres de l’emploi suggèrent que « les changements de politique monétaire n’ont pas eu l’impact que de nombreux économistes pensaient », ajoutant que « l’économie réelle n’est pas très sensible aux variations des taux d’intérêt dans la fourchette que nous avons observée ».
Certains craignaient que la hausse des taux puisse entraîner une augmentation du chômage en provoquant une réduction des dépenses de consommation et des investissements, un scénario qui a jusqu’à présent été évité.
La BCE doit annoncer jeudi sa prochaine décision de politique monétaire, les analystes s’attendant à ce que la banque mette fin à sa longue série de hausses de taux d’intérêt.