L’ancien Premier ministre italien a pour habitude de sauver l’économie « coûte que coûte » — mais qui financera ses projets ?
L’ancien Premier ministre et banquier central Mario Draghi devrait produire un rapport très attendu sur la compétitivité de l’UE plus tard dans la journée (9 septembre), qui, a-t-il promis, offrira un « changement radical ».
Reportées à juin, ses conclusions interviendront à un moment clé du cycle politique de l’UE, donnant le ton pour le prochain mandat politique, quelques jours avant que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ne confie leurs fonctions à ses nouveaux lieutenants.
Durant ses huit années de mandat à la tête de la Banque centrale européenne, Draghi s’était engagé à faire « tout ce qu’il fallait » pour défendre l’euro des turbulences des marchés – mais aujourd’hui, Ursula von der Leyen lui a confié la tâche de sauver l’ensemble de l’économie.
Il a déjà donné quelques indices sur le contenu de son rapport de plusieurs centaines de pages, rédigé avec l’aide du personnel de la Commission européenne.
Il soulignera certainement l’écart croissant de productivité avec les États-Unis, dont l’économie est aujourd’hui 50 % plus importante que celle de l’UE, même si les deux pays étaient sur un pied d’égalité il y a 15 ans.
En avril, Draghi a également évoqué la nécessité de répondre aux subventions massives versées par les États-Unis et la Chine pour les technologies vertes stratégiques, remettant en cause l’ordre commercial mondial.
Des fuites lors de son briefing auprès des ambassadeurs de l’UE la semaine dernière suggèrent qu’il discutera également de la réduction de la dépendance du bloc vis-à-vis du monde extérieur, du changement climatique et de l’inclusion sociale – et détaillera des recommandations pour dix secteurs clés, tels que la défense et l’énergie.
À cet égard, nombre de ses conclusions pourraient simplement faire écho à celles présentées plus tôt cette année par Enrico Letta, un autre ancien Premier ministre italien chargé de trouver des moyens de stimuler le marché unique de l’UE.
L’une des principales incertitudes concerne la manière dont Draghi – qui a dirigé le gouvernement technocratique italien de 2021 à 2022 – entend financer ses projets.
En avril, Letta avait suggéré de réserver une partie des subventions nationales aux projets de l’UE, ou d’utiliser les prêts du Mécanisme européen de stabilité, une enveloppe initialement destinée au secteur bancaire, pour financer la défense.
Toute autre proposition de Draghi – comme un emprunt commun via des euro-obligations – pourrait s’avérer l’élément le plus controversé et le plus contesté de ses plans.
Ses conclusions seront probablement contestées par les partisans de droite, qui diront qu’il a ignoré l’impact de la migration, et par la gauche, qui affirme qu’il tente de déréglementer et de réduire les salaires des travailleurs.
Mais ils devront aussi surmonter l’inertie institutionnelle ; beaucoup considèrent le rapport comme un signal d’alarme pour une Bruxelles complaisante.
Le Conseil de l’UE, qui regroupe les États membres, a déjà bloqué de nombreuses réformes du marché. Mais il pourrait aussi demander un remaniement de la Commission, l’exécutif de l’UE chargé de proposer de nouvelles lois.
Von der Leyen pourrait finir par copier-coller ses plans dans les lettres de mission qu’elle remettra à ses nouveaux commissaires mercredi, ce qui signifie qu’elles pourraient définir son mandat de cinq ans.