En France, le droit de vote des femmes a été retardé en raison de l’occupation allemande, tandis qu’ailleurs en Europe, le droit de vote des femmes s’est développé à un rythme différent.
Il y a quatre-vingts ans, le 21 avril 1944, la France décrétait que les femmes auraient le droit de voter aux élections d’après-guerre.
A cette époque, la France reste sous occupation allemande et le général Charles de Gaulle dirige un gouvernement provisoire.
D’autres priorités étant prioritaires, les Françaises ne votent pour la première fois qu’en avril 1945.
Après plus de 150 ans de lutte pour ce droit fondamental de citoyenneté, les Françaises ont finalement obtenu le droit de vote.
Cette victoire arrive assez tard, surtout si l’on considère les proclamations prometteuses de femmes comme Olympe de Gouges lors de la Révolution française de 1789.
Le droit de vote des femmes en Europe
Bien qu’il s’agisse d’une étape importante pour la France, le pays est à la traîne par rapport aux autres pays européens qui avaient déjà adopté le droit de vote des femmes au début du XXe siècle.
En Finlande, berceau de la démocratie moderne, les femmes ont obtenu le droit de vote en 1906, créant ainsi un précédent pour le reste de l’Europe.
Sur tout le continent, du Danemark à l’Azerbaïdjan, de l’Allemagne à la Géorgie, les femmes ont obtenu un droit de vote au moins limité dans les années 1910, marquant une étape importante vers l’égalité des sexes dans la sphère politique.
Cependant, la lutte pour le suffrage n’a pas été sans difficultés. Au Royaume-Uni, les suffragettes se sont battues sans relâche pour le droit de vote, employant des tactiques militantes telles que s’enchaîner aux grilles et faire des grèves de la faim.
Leurs efforts ont abouti à la loi sur la représentation du peuple de 1918, qui accordait le droit de vote à certaines femmes de plus de 30 ans.
Un processus progressif
Même si de nombreux pays ont adopté très tôt le droit de vote des femmes, il existe des exceptions notables.
La Grèce avait retardé la mise en œuvre de l’égalité du droit de vote, qui n’est entrée en vigueur qu’en 1952. L’exception était les femmes alphabétisées en Grèce, qui pouvaient participer aux élections locales depuis 1930.
Le cheminement de la Suisse vers l’égalité des sexes en matière de droit de vote a été progressif. Les femmes ont obtenu le droit de vote au niveau fédéral en 1971, tandis qu’au niveau cantonal local, ce droit a été étendu entre 1959 et 1990.
Le Liechtenstein a emboîté le pas en 1984, marquant une étape importante vers l’inclusion du genre en politique.
Le canton suisse d’Appenzell Rhodes-Intérieures a été parmi les dernières juridictions européennes à accorder aux femmes le droit de vote au niveau local, en 1990.
Le droit de vote après le fascisme
En Italie, le fascisme du début au milieu du XXe siècle a interrompu le processus du suffrage plus que dans d’autres régions d’Europe.
Le droit de vote des femmes a finalement été obtenu le 1er février 1945, point culminant de leur participation à la lutte contre le fascisme, où de nombreuses femmes ont servi dans la résistance italienne pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le 2 juin 1946, les Italiennes exercèrent pour la première fois leur droit de vote lors du référendum institutionnel, choisissant entre la monarchie et la république, et lors des élections à l’Assemblée constituante.
À la suite de ces élections, l’ancien roi Humbert II quitta volontairement le pays le 13 juin 1946.
Vingt et une femmes ont été élues et ont contribué à la rédaction de la Constitution italienne, plaidant pour l’égalité des sexes à tous les niveaux, notamment en matière de droits du travail, de salaires et de protection de la maternité.
« There’s Still Tomorrow » est un film récent qui dépeint cette période de l’histoire italienne, décrivant la décision de la protagoniste féminine de se battre contre son mari violent en raison de sa première carte d’électeur.
Franco a retiré le droit de vote aux femmes en Espagne
En Espagne, les femmes ont obtenu le droit de vote en 1933 grâce à des réformes juridiques sous la Deuxième République espagnole.
Cette situation fut de courte durée après l’arrivée au pouvoir de Franco en 1939, après la guerre civile espagnole. Les femmes ont connu un recul important de leurs droits, même si le droit de vote n’a pas été universellement révoqué.
Malgré l’absence d’élections démocratiques nationales de 1939 à 1977 sous la dictature de Franco, les femmes ont conservé un droit de vote limité, principalement aux élections municipales, sous réserve de critères spécifiques d’âge et de situation matrimoniale.
Dolores Pérez Lapeña l’a illustré en remportant les élections municipales à Valladolid en 1963. Ce n’est qu’en 1977, deux ans après la mort de Franco, que les femmes ont participé à leurs premières élections nationales en Espagne.
Le cheminement de la France vers le suffrage a été marqué par une résistance institutionnelle et des troubles politiques. Malgré les premiers efforts déployés pendant la Révolution française, le suffrage est resté insaisissable jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.