Les images qui en résultent illustrent l’immensité du problème des déchets électroniques et la vulnérabilité des Ghanéens pris dans ce système.
La 13e édition du Prix Carmignac du photojournalisme, qui finance la production annuelle d’un reportage photo d’investigation sur les violations des droits humains, est consacrée au Ghana et à la question des déchets électroniques.
Ces images saisissantes mettent en évidence les défis écologiques et humains liés au flux transnational de déchets électroniques.
Le prix a été décerné à une équipe composée du journaliste d’investigation et activiste anti-corruption Anas Aremeyaw Anas et des photojournalistes Muntaka Chasant et Bénédicte Kurzen (NOOR).
De février 2023 à février 2024, les lauréats ont réalisé une étude de terrain transnationale entre le Ghana et l’Europe avec le soutien financier de la Fondation Carmignac.
Les images qui en résultent illustrent l’immensité du problème des déchets électroniques et la vulnérabilité des Ghanéens pris dans ce système.
Le problème des déchets électroniques au Ghana mis en évidence dans un projet de photojournalisme
En 2022, 62 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques – des produits alimentés par des piles ou par le secteur, communément appelés déchets électroniques – ont été générés dans le monde, selon un rapport des Nations Unies.
Le nombre de smartphones, montres connectées, écrans plats, ordinateurs et tablettes jetés continue d’augmenter (82% d’augmentation depuis 2010).
Cela en fait non seulement l’une des plus grandes sources de déchets au monde, mais aussi la plus précieuse (contenant des métaux précieux comme l’or, l’argent et les métaux du groupe du platine).
Selon l’étude, si cette tendance se poursuit sans solutions durables de recyclage ou de réparation, les déchets électroniques mondiaux atteindront 82 millions de tonnes d’ici 2030.
Après avoir envahi l’Asie depuis longtemps, les déchets électroniques en provenance d’Europe et des États-Unis arrivent en quantités considérables dans les ports des pays d’Afrique de l’Ouest comme le Ghana, en violation des traités internationaux.
Pays réputé pour sa stabilité politique et son respect du multipartisme, le Ghana est confronté à la prolifération de décharges informelles à ciel ouvert encore plus proches des habitations, après le démantèlement de la casse d’Agbogbloshie en juillet 2021.
C’est dans ce contexte qu’a débuté l’enquête de l’activiste Anas et des photojournalistes Chasant et Kurzen, mêlant photographie, vidéo, enregistrements audio et écriture.
S’éloignant de l’imagerie dramatique souvent utilisée par les médias pour dépeindre le Ghana comme « la poubelle du monde », ils ont passé un an à documenter cet écosystème ambigu et complexe, qui constitue à la fois une opportunité économique cruciale pour des milliers de personnes au Ghana et a un impact humain et environnemental considérable.
L’équipe a étudié les ramifications du trafic de déchets électroniques entre l’Europe et le Ghana, révélant l’opacité de ce cycle mondialisé.
Kurzen a documenté les flux de déchets électroniques et les communautés qui les activent, remettant en question les stéréotypes négatifs des exportateurs et soulignant l’inefficacité de la bureaucratie européenne en matière de déchets électroniques.
À l’autre bout de la chaîne, à Accra, la capitale du Ghana, le chercheur et photographe documentaire Chasant s’est plongé dans une analyse sociologique de cette économie dont dépendent de nombreuses communautés.
Il a documenté les groupes sociaux de travailleurs du secteur des déchets électroniques, révélant une organisation hiérarchique et les mécanismes de migration depuis le nord-est du Ghana.
Anas et son équipe ont infiltré les ports d’Accra pour révéler les flux légaux et illégaux de déchets électroniques. En travaillant sous couverture et en utilisant des traceurs placés dans les déchets illégaux, il a démasqué les stratégies et la corruption qui permettent aux gens de contourner la loi, aussi bien en Europe qu’au Ghana.
Où voir le reportage photojournalistique sur les déchets électroniques au Ghana
Fondation Manuel Rivera-Ortiz (MRO)
18 rue de la Calade, 13200 Arles
Du 1er juillet au 29 septembre 2024
Ouvert du mardi au dimanche : 11h00 – 18h00
Entrée gratuite avec le Pass Rencontres d’Arles – plein tarif 6€
Siège des Nations Unies, hall des visiteurs, galerie A
1ère avenue à 46e rue, New York, NY 10017
28 juin – 31 août 2024
En partenariat avec l’UNITAR
Ouvert du lundi au vendredi : 9h00 – 17h00
entrée libre