La nation balte pourrait opposer son veto à des projets longuement discutés visant à facturer la TVA sur les locations d’hébergement en ligne et les courses en taxi.
Les ministres des Finances se réuniront à Bruxelles demain (14 mai) et tous les regards seront tournés vers l’un des plus petits membres du bloc.
L’Estonie semble être le dernier à résister à un changement radical visant à adapter la taxe sur la valeur ajoutée à l’ère numérique, ont déclaré à L’Observatoire de l’Europe trois sources informées des négociations – et son gouvernement a toujours le pouvoir de bloquer la réforme.
La nouvelle législation vise à rendre les sites de réservation d’hôtels et de taxis comme Airbnb et Uber directement responsables de l’inscription à la taxe de vente, ce qui pourrait augmenter les prix jusqu’à 25 %.
Dans le cadre des dispositions actuelles, c’est le prestataire final de services qui doit se conformer aux obligations fiscales. Bruxelles considère cela comme une faille, car dans la pratique, peu de propriétaires d’hébergement ou de chauffeurs de taxi prennent la peine de le faire.
Cela exaspère à son tour les propriétaires d’hôtels conventionnels, qui facturent la TVA, et estiment qu’il est injuste de devoir rivaliser avec des alternatives numériques qui ne le font pas.
Après un an et demi de querelles, les responsables belges – qui préside actuellement les négociations au Conseil de l’UE – ont inscrit la question à l’ordre du jour d’un accord politique.
Ils pensent avoir trouvé un texte qui résout la plupart des problèmes techniques, tels que les inquiétudes concernant les charges disproportionnées pesant sur les petites entreprises.
Dans le cadre des nouveaux projets, chaque État membre de l’UE peut décider d’adhérer ou non aux accords de « fournisseur réputé » conçus pour attraper Airbnb.
Mais tout le monde n’est pas content. L’application de covoiturage Bolt affirme que ces projets sont injustes, car de nombreux chauffeurs de taxi conventionnels sont de petites entreprises qui n’ont pas à payer de TVA.
L’Estonie, où se trouve le siège de Bolt, se bat pour le coin de son champion national. Et cela pourrait créer des problèmes : comme en vertu du droit fiscal de l’UE, la législation doit être approuvée par l’ensemble des 27 membres du bloc – ce qui signifie que n’importe qui peut exercer son veto.
Dans une déclaration envoyée par courrier électronique, le ministre estonien des Finances, Mart Võrklaev, a déclaré à L’Observatoire de l’Europe qu’il n’était toujours pas satisfait des dispositions de la plateforme en ligne.
« Nous avons toujours de sérieuses inquiétudes concernant le régime des fournisseurs présumés, car il affecte les coûts pour les petites et moyennes entreprises et les consommateurs, et augmente la charge et les coûts administratifs », a déclaré Võrklaev, ajoutant qu’il souhaitait que les nouvelles propositions soient entièrement facultatives.
Selon un diplomate européen s’exprimant sous couvert d’anonymat, les changements supplémentaires souhaités par l’Estonie « reviendrait à laisser cette partie de la proposition vide de contenu ».
Toutefois, si le projet de TVA est approuvé, il s’agirait du dernier élément de la stratégie de Bruxelles visant à intégrer l’économie du partage en ligne dans le champ d’application des réglementations existantes.
Il fait suite à un accord de mars visant à améliorer les droits du travail des travailleurs des plateformes, tels que les chauffeurs Uber et Deliveroo, qui étaient auparavant traités comme des travailleurs indépendants.
Si les responsables belges remettent la question fiscale à l’ordre du jour, c’est une indication qu’ils voient au moins une chance que Tallinn puisse être réglée et qu’un accord soit conclu.
Mais pour l’heure, les négociateurs restent discrets sur les chances de succès.