Les législateurs se sont mis d’accord sur la forme d’une nouvelle agence de blanchiment d’argent – mais pas sur son emplacement, ni sur les règles qu’elle suivra.
Les négociations sur une nouvelle réglementation européenne anti-blanchiment d’argent ont échoué hier soir, les négociateurs étant toujours en désaccord sur la manière de traiter le football et les super-riches, ont déclaré à L’Observatoire de l’Europe deux sources informées des discussions.
Les législateurs et les gouvernements sont d’accord sur les contours d’une nouvelle autorité européenne chargée de superviser une quarantaine de grandes banques, un accord salué comme un tournant pour le bloc, qui a tenu à tirer un trait sur une série de scandales d’argent sale.
Mais il n’y a toujours pas d’accord sur l’emplacement de la nouvelle agence, ni sur les règles exactes qu’elle appliquera. Un retard pourrait signifier que le nouveau règlement n’entrera en vigueur qu’à la fin de l’année prochaine.
L’un des sujets de discorde concerne les registres d’informations sur les entreprises, une ressource fréquente pour les activistes et les journalistes qui tentent de retracer des structures financières complexes, qui, selon les législateurs, doivent être protégées.
Dans un jugement choc l’année dernière, la plus haute juridiction de l’UE a déclaré que de telles données ne devraient pas être publiques – et certains craignent que le Conseil de l’UE, qui regroupe les États membres, tente d’édulcorer encore davantage l’efficacité.
« Le Conseil veut limiter l’identification des bénéficiaires effectifs », a déclaré à L’Observatoire de l’Europe Damien Carême, l’eurodéputé qui dirige le projet de loi au sein de la commission des libertés civiles du Parlement européen, qualifiant les propositions du Conseil de « choix politique… non dicté par aucune norme internationale ». ou la pratique de l’industrie.
Selon les plans existants, toute personne détenant plus de 25 % des actions d’une entreprise est considérée comme propriétaire, mais les gouvernements souhaitent une approche plus douce lorsque de longues chaînes de propriété indirectes diluent le contrôle.
Les membres de l’UE sont également sceptiques quant à la nécessité d’étendre les règles européennes aux particuliers fortunés ou aux clubs de football, estimant que cela entraînerait une paperasse supplémentaire disproportionnée par rapport au risque.
Les négociateurs se réunissent lundi 18 décembre pour déterminer comment réduire la liste restreinte de neuf villes qui se sont portées volontaires pour accueillir une nouvelle agence de lutte contre le blanchiment d’argent.
Mais les discussions sur les règles sous-jacentes ne reprendront que l’année prochaine.
Même si ce retard pourrait compromettre la capacité de finaliser la loi avant les élections européennes de juin 2024, il pourrait débloquer certains des éléments les plus épineux des négociations.
À compter du 1er janvier, les négociations du Conseil seront présidées par la Belgique, qui est l’un des rares pays de l’UE à avoir déjà imposé des règles anti-blanchiment d’argent dans le football, après que l’enquête « Opération Zéro » de 2018 ait vu des perquisitions dans plusieurs clubs.