Attal conduit la métro

Martin Goujon

Nécessité fait Palois

Le briefing politique essentiel du matin.

POLITICO Playbook Paris

Par SARAH PAILLOU

Avec ELISA BERTHOLOMEY et ANTHONY LATTIER

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Bon réveil à toutes et tous, nous sommes vendredi 20 décembre 2024.

NOUVEAU GOUVERNEMENT

IL ÉTAIT URGENT de clarifier, diront certains, dont cette ministre démissionnaire qui nous pianotait dans l’après-midi via messagerie cryptée : “Je ne comprends rien à ce qu’il fait.” “Il” ? François Bayrou. Après une aprèm’ à cogiter à Matignon avec une trentaine de chefs de partis et groupes parlementaires (hors France insoumise et Rassemblement national), le Premier ministre a donc enfin livré quelques précisions sur France 2.

Calendrier. La composition de son gouvernement sera donnée peut-être “dans le week-end”, en tout cas “avant Noël”, a-t-il à nouveau promis. Le Palois attend, aujourd’hui, la réponse de chacun des partis à ses propositions : avoir des représentants parmi ses ministres ; rester dans l’opposition, mais ne pas le censurer ; abandonner tout dialogue. Le PM patienterait aussi jusqu’au retour en France, dimanche, d’Emmanuel Macron (qui part dans la journée pour Djibouti, puis pour l’Ethiopie), pariaient moult de nos interlocuteurs sondés hier. Ceux-là supputaient également que lundi ne pourrait être une journée d’annonce ou de passations : elle sera celle d’un deuil national en hommage aux victimes du cyclone Chido à Mayotte, a indiqué hier le président depuis l’archipel.

Le chouchou. La future équipe de François Bayrou devrait comprendre Bruno Retailleau, que le PM a confirmé, lors de son interview, vouloir maintenir au ministère de l’Intérieur.

Presque OK. Lors d’une visio avec les députés Droite républicaine (ex-Les Républicains) à sa sortie de Matignon, Laurent Wauquiez a considéré que les conditions étaient “plutôt réunies”, selon le texto de l’un de ses proches, notamment sur le régalien et l’agriculture. “Sur le budget, il faut encore des éclaircissements”, nous écrivait le même en début de soirée, précisant que le président du groupe DR comptait demander un nouvel échange avec le PM.

MAL BAYRRÉ. A gauche, ni les socialistes ni les Ecologistes n’ont estimé avoir obtenu de quoi les faire définitivement renoncer au renversement du gouvernement. Les roses doivent encore discuter ce matin de leur position finale, a appris votre infolettre bien après l’heure de sa verveine.

Il les a (un peu) compris. Le Béarnais a pourtant fait quelques pas vers les demandes des alliés du Nouveau Front populaire (hors LFI), à Matignon, puis sur France 2. Petit un, il a promis de ne pas avoir recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget qu’il espère prêt mi-février (sauf en cas de “blocage absolu”) ni pour voter un autre texte (“sauf catastrophe”).

Petit deux, le Béarnais propose de lancer une réflexion de neuf mois vers “une potentielle nouvelle réforme des retraites”, clarifiait-on nuitamment dans son entourage auprès de Playbook. Le gouvernement, les partis politiques et les partenaires sociaux participeraient à ces discussions, durant lesquels les dernières modifications votées en 2023 ne seraient pas suspendues (contrairement à la demande des forces de gauche). Même l’âge légal de départ à 64 ans pourrait être revu, a assuré Bayrou, qui a rappelé sa préférence pour un système à points (sans vouloir l’imposer, nous précisait-on). Si aucun compromis n’était trouvé, la réforme d’Elisabeth Borne demeurerait.

AFFRES DE L’ATTENTE. L’inquiétude gagnait hier les rangs de la Macronie. “Est-ce qu’il y aura un gouvernement Bayrou I ?”, en venait à se demander un conseiller ministériel dans notre cellulaire. Il faut dire que l’incertitude commence sacrément à ronger les nerfs des équipes des démissionnaires.

Vague à l’âme. Partie prendre de leurs nouvelles hier, votre serviteure s’est souvent vue renvoyer ses questions : “On n’a aucune idée de rien”, se désespérait dans l’après-midi un collaborateur ministériel. Lui confessait qu’il aurait presque préféré être inquiet, car cela voudrait dire qu’il aurait au moins eu un début d’indication. Une autre se consternait du temps perdu, de ces décisions et réunions reportées, des alertes d’acteurs craignant pour le suivi de leurs dossiers…

Méthode Coué. Certains tentaient de se rassurer en voyant le nom de leur ministre cité dans la presse comme potentiel maintenu, en listant les atouts de leur patron, ou encore en vérifiant que, non, untel non plus n’avait pas été appelé.

Ceux qui s’agitent. Un futur ministre pressenti nous le garantissait : François Bayrou “n’a pas passé les coups de fil, mais il sait qui est partant”. Gérald Darmanin, par exemple, mène une féroce campagne pour en être, nous a assuré l’un de ses proches. Nombreux étaient ceux qui avaient aussi noté l’article du Monde recensant les éloges des partenaires sociaux à l’endroit de la sortante au Travail, Astrid Panosyan-Bouvet. Un bon point, comme le signe de son envie de rester, interprétaient nos interlocuteurs.

Liste au père Noël. Aucun des deux n’apparaissait dans la dernière liste farfelue de ministres arrivée jusqu’à nous. Celle-ci proposait Thierry Breton à l’Economie, Pierre Moscovici au Quai d’Orsay ou l’ex-député MoDem Patrick Mignola à la Fonction publique.

Impossible, comme toujours, de savoir qui s’était amusé à inventer plus ou moins de toutes pièces ce casting. Votre infolettre ficherait tout de même son billet sur des fans du sénateur centriste Jean Hingray ou des groupies du directeur de France Travail, Thibaut Guilluy. Imaginés respectivement aux Territoires et au Travail, ils étaient les seuls de cette liste à ne pas avoir été cités plusieurs fois dans la presse ces derniers mois ni être membres du MoDem ou du gouvernement de Michel Barnier.

GABRIEL ATTAL

PERDU DE RECHERCHE. Chers lecteurs, avez-vous eu des nouvelles de Gabriel Attal ? Le tout nouveau chef de Renaissance et patron des députés Ensemble pour la République (EPR) se fait discrétissime depuis la chute du gouvernement Barnier. A la sortie des consultations à Matignon hier, il n’a pas pipé mot (comme lundi après son premier rendez-vous). Mardi, quand il a fallu interroger le Premier ministre à l’Assemblée nationale, il a laissé sa place à Gérald Darmanin (qui, certes, s’inquiétait de la situation à Mayotte, qu’il a longtemps suivie du temps où il occupait encore l’Intérieur).

Pas de panique : il s’agit là d’une stratégie du silence théorisée par la propre équipe de Gabriel Attal. “Il laisse le PM faire son taf”, assumait-on ainsi dans la brigade du chef des députés EPR, mercredi après-midi.

Et de s’agacer : “Gabriel dit : ‘on m’a reproché d’être trop vocal au moment de Michel Barnier, maintenant on me reproche de fermer ma gueule !’ Est-ce qu’on se demande pourquoi Edouard Philippe ne dit rien ?” Sous-entendu, le président d’Horizons aurait, lui aussi, choisi de ne pas se mouiller sans qu’il lui en soit tenu rigueur à lui.

Appelez les secours. L’un des supporters d’Attal estimait également que son chef avait “tout intérêt à prendre de la hauteur et à laisser Bayrou patauger : franchement, personne n’a besoin de tirer sur l’ambulance, Bayrou mitraille lui-même”. Autre explication avancée par une conseillère EPR : le président de groupe n’aurait aucune raison de monter au front en ce moment. “Bayrou gère sa droite et sa gauche, et nous, on arrive en bout de course”, arguait-elle.

Le roi du silence. L’effacement du député des Hauts-de-Seine en agace pourtant plus d’un. “Il roule pour lui-même, donc il espère que tout le monde se casse la gueule”, grinçait hier via messagerie cryptée un collaborateur EPR. “C’est bizarre d’avoir voulu être chef de groupe et chef de parti et de se planquer”, renchérissait un cadre de Renaissance.

JO 2030

DANS LA VISÉE. Alors que la France, qu’écrivons-nous, le monde entier a les yeux tournés vers Le Grand-Bornand (en Haute-Savoie), où se tient la troisième étape de Coupe du monde de biathlon ce week-end, un champion de la discipline attend d’être fixé sur son avenir proche : Martin Fourcade. L’ancien athlète ne sait toujours pas s’il pourra, ou non, prendre la présidence du comité d’organisation (Cojo) des Jeux d’hiver 2030, dans les Alpes.

Rappel. Le sextuple champion olympique, qualifié de “Tony Estanguet des montagnes” par Emmanuel Macron, est candidat pour diriger le Cojo. Mais son profil n’enthousiasme pas tous les acteurs du projet, au premier rang desquels Laurent Wauquiez, ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Playbook vous en parlait ici).

L’œil sur le chrono. Le Cojo aurait dû initialement être mis en place avant le 24 décembre. La situation politique, notamment, ayant retardé les choses, le Comité international olympique a décidé d’accorder un mois supplémentaire à la France. Ceci afin de permettre de dénouer, aussi, le problème de la gouvernance du comité d’organisation.

En piste. Pour tenter de sortir de l’impasse, une solution a été proposée mardi, à l’occasion d’une nouvelle réunion à Matignon. Pourquoi ne pas confier “une mission de préfiguration” à Michel Barnier ? L’ancien Premier ministre, qui en rêve comme l’a révélé Le Parisien, est originaire de l’une des régions où se tiendront les JO et a déjà coprésidé les Jeux d’Albertville en 1992.

Ça glisse. Sa mission, “bénévole et temporaire”, selon le ministère des Sports, permettrait de “faire passer la pilule de la candidature Fourcade”, nous confiait un bon connaisseur du dossier hier. Car, même si officiellement tout va bien, Laurent Wauquiez — qui continue de suivre le dossier JO de près — a toujours des réserves sur le champion de biathlon. “Juste parce qu’il est soutenu par Emmanuel Macron”, grinçait notre source.

Contrat de génération. S’il venait finalement à être nommé président du Cojo, Martin Fourcade travaillerait quelques mois en tandem avec Michel Barnier, le temps d’installer le comité. Un bon moyen, en sus, de rassurer les partenaires et différents secteurs associés à ces Jeux.

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VU DE BRUXELLES

À LA BAGUETTE. La façon dont Ursula von der Leyen impose ses décisions et son emprise sur l’exécutif européen en agace plus d’un à Bruxelles. Les derniers succès en date de la présidente de la Commission : la signature de l’accord commercial avec le Mercosur, qui n’est pas du goût de Paris, et la taxation des voitures électriques chinoises, qui a déplu à Berlin.

Retour de bâton. Quelques dirigeants parmi les 27 ont demandé à António Costa, le président du Conseil européen, de rééquilibrer le rapport de force entre la Commission et les Etats membres, selon deux diplomates interrogés par mes collègues Barbara Moens et Jacopo Barigazzi. Pour en savoir plus, lisez leur article (en anglais).

AUSSI À L’AGENDA

Emmanuel Macron est à Mayotte avec Thani Mohamed Soilihi, puis partira pour  Djibouti pour une visite aux forces armées avec Jean-Noël Barrot.

Laurent Saint-Martin et Stéphane Séjourné se rendent auprès des douaniers de Roissy à partir de 10 heures. 

Samedi : Emmanuel Macron est en déplacement en République fédérale démocratique d’Ethiopie avec Jean-Noël Barrot.

MATINALES

7h15. France 2 : Antoine Oberdorff, journaliste à l’Opinion.

7h20. RFI : Hélène Devynck, journaliste.

7h30. Public Sénat : Vincent Delahaye, sénateur UC de l’Essonne.

7h40. TF1 : Bruno Millienne, porte-parole du MoDem … France 2 : Sandrine Rousseau, députée ES de Paris … RTL : Sébastien Chenu, député RN du Nord … RMC : Stéphane Babonneau, avocat de Gisèle Pelicot et Marion Dubreuil, journaliste judiciaire chez RMC. 

8h00. Public Sénat : Pierre-Henri Tavoillot, philosophe.

8h10. Europe 1/CNEWS : Jérôme Fourquet, politologue. 

8h15. France 2 : Cécile Delarue, réalisatrice … Radio Classique : Stéphane Layani, président du Marché International de Rungis … RMC : Jean Viard, sociologue.

8h20. France Inter : Stéphane Babonneau, avocat de Gisèle Pélicot, Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pélicot et Jean-Philippe Deniau, journaliste à France Inter. 

8h30. Franceinfo : Marc Fesneau, président du groupe Modem à l’Assemblée nationale … BFMTV/RMC : Mickaëlle Paty, sœur de Samuel Paty … Sud Radio : François-Xavier Bellamy, eurodéputé LR … LCI : Prisca Thevenot, députée EPR des Hauts-de-Seine. 

CARNET

AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : La rétroactivité fiscale, le grand débat (à dix milliards) de demain. On vous explique tout … Avant Noël, plongée dans la liste de cadeaux de nos élus … Les places pour les boursiers sauvées in extremis pour les grands concours ? … Coupe du monde 2034 : une poignée d’eurodéputés sermonne la FIFA. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe.

MÉTÉO. Du soleil à Libourne, où atterrissent les lettres au père Noël (vous aviez jusqu’à aujourd’hui).

ANNIVERSAIRES : Sébastien Jumel, ancien député GDR de Seine-Maritime.  

Samedi : Emmanuel Macron, président de la République française … Charles Michel, ancien président du Conseil européen … Clément Pernot, sénateur du Jura … Laurent Panifous, député Liot de l’Ariège … Bryan Masson, député RN des Alpes-Maritimes … Hendrik Davi, député ES des Bouches-du-Rhône … Pierre Morel-À-L’Huissier, ancien député Liot de Lozère … Nicolas Bay, eurodéputé.  

Dimanche : Manon Aubry, eurodéputée LFI … Laurence Rossignol, sénatrice SER du Val-de-Marne … Nicolas Meizonnet, député RN du Gard … Alexis Jolly, député RN de l’Isère … Julie Lechanteux, députée RN du Var. 

PLAYLIST. Babel, Gustavo Bravetti.

Un grand merci à : nos éditrices Zoé Courtois et Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.

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