People gather on the Republique plaza following the second round of the legislative elections, Sunday, July 7, 2024 in Paris.

Milos Schmidt

Moody’s tire la sonnette d’alarme sur les perspectives de la dette française post-électorale

Un parlement sans majorité absolue pourrait compromettre la capacité du pays à réduire son endettement, prévient l’agence de notation.

La note de crédit de la France est sur le fil du rasoir après les élections législatives de dimanche, qui ont laissé un nuage d’incertitude sur l’avenir politique du pays.

C’est ce qu’indique une note publiée lundi soir par l’agence de notation Moody’s, qui s’inquiète des perspectives économiques de la France.

« Compte tenu des contraintes auxquelles tout futur gouvernement sera confronté, il est peu probable que nous assistions à une consolidation budgétaire basée sur les dépenses en 2025 », a déclaré Moody’s.

L’agence a ajouté que sa note pour la France pourrait être abaissée si la situation de la dette du pays se détériore.

Un parlement fragmenté ralentira les progrès

Après une victoire annoncée du Rassemblement national (RN) aux législatives françaises, le second tour de dimanche a vu une poussée de soutien à la coalition de gauche, le Nouveau Front populaire (NFP).

Avec 182 sièges, le NFP est arrivé en tête du classement. Le parti d’Emmanuel Macron, Ensemble, qui a obtenu 168 sièges, est arrivé en deuxième position. Le RN et ses alliés ont quant à eux obtenu 143 sièges.

Étant donné l’échec d’aucun parti à obtenir la majorité absolue, des négociations sont en cours pour former un gouvernement.

Il est possible que la coalition de gauche gouverne en tant que minorité, mais toute tentative de faire passer une loi nécessiterait toujours le soutien d’autres partis. Une autre option pourrait être une coalition centriste. Cela dépend cependant de la volonté des partis modérés de travailler ensemble.

La possibilité imminente d’une impasse politique compliquera probablement la capacité de la France à réduire son endettement, un problème qui tourmentait le pays avant que le président Macron ne convoque des élections anticipées.

En 2023, le déficit budgétaire du secteur public français s’est creusé à 5,5 % du produit économique, dépassant largement l’objectif de 4,9 % du gouvernement.

En réponse, le ministre des Finances Bruno Le Maire a été poussé à se lancer dans une croisade de réduction des coûts, cherchant à équilibrer les comptes après une période de croissance tiède, de taux d’intérêt élevés et de dépenses post-Covid.

Réagissant au succès du NFP, Le Maire a averti lundi que les progrès budgétaires pourraient être compromis par une augmentation des dépenses publiques.

« Le risque le plus immédiat est une crise financière et le déclin économique de la France », écrit-il sur X.

« Mettre en œuvre le programme du Nouveau Front populaire détruirait les résultats de la politique que nous menons depuis sept ans et qui a donné à la France des emplois, de l’attractivité et des usines. »

Annulation des réformes des retraites et d’autres politiques économiques

Si le fardeau de la dette de la France augmente, cela signifie qu’elle devra payer des intérêts plus élevés sur des obligations qui seront considérées comme plus risquées.

Les rendements obligataires ont été relativement modérés immédiatement après l’annonce des élections françaises, même si les investisseurs surveilleront de près la situation politique dans les semaines à venir.

L’avertissement de Moody’s intervient après que l’agence de notation S&P a exprimé lundi des inquiétudes similaires sur l’économie française.

« Nos notes de crédit souveraines ‘AA-/A-1+’ sur la France seraient sous pression si la croissance économique était sensiblement inférieure à nos projections pendant une période prolongée », a déclaré S&P dans une note.

« Ou si la France ne parvient pas à réduire son important déficit budgétaire et si les paiements d’intérêts généraux du gouvernement, en pourcentage des recettes publiques, augmentent au-delà de nos attentes actuelles. »

S&P avait déjà abaissé la note de la France fin mai en raison des chiffres du déficit du pays.

La note de Moody’s est actuellement plus favorable, l’agence ayant attribué à la France la note Aa2 – sa troisième note la plus élevée – en avril.

À l’avenir, Moody’s a notamment découragé les décideurs politiques de revenir sur les réformes des retraites du président Macron et sur les mesures de libéralisation du marché du travail mises en œuvre au cours des sept dernières années.

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