"Matisse, Derain et ses amis" : une exposition suisse explore le monde sauvage et vibrant du fauvisme

Jean Delaunay

« Matisse, Derain et ses amis » : une exposition suisse explore le monde sauvage et vibrant du fauvisme

L’exposition nouvellement inaugurée présente des chefs-d’œuvre français comme Henri Matisse, André Derain, Raoul Dufy et Maurice de Vlaminck.

Le Kunstmuseum Basel de Bâle, en Suisse, a inauguré une exposition majeure explorant le mouvement d’avant-garde révolutionnaire qui a ébranlé les fondements de l’art du XXe siècle : le fauvisme.

Avec une collection d’environ 160 œuvres magistrales, dont certaines ont longtemps été cachées au public, l’exposition plonge profondément dans le monde kaléidoscopique de l’expérimentation des couleurs menée par les pionniers du fauvisme, dont Matisse, Derain et Vlaminck.

« Matisse, Derain et ses amis : L’Avant-garde parisienne 1904-1908 », qui se déroule jusqu’au 21 janvier 2024, met également en lumière les contributions souvent négligées des femmes artistes qui ont joué un rôle déterminant dans la formation et la cimentation de ce mouvement.

La révolution fauviste

Crédit : Succession H. Matisse / 2023, ProLitteris, Zurich
« La Sieste » d’Henri Matisse, 1905

Les racines du fauvisme remontent au début du XXe siècle, lorsqu’un groupe de jeunes artistes parisiens ont commencé à expérimenter la couleur d’une manière inimaginable auparavant.

Le chef du groupe était Henri Matisse, arrivé au style fauve après avoir expérimenté les différentes approches postimpressionnistes de Paul Gauguin, Vincent van Gogh et Georges Seurat.

Les études de Matisse l’ont amené à rejeter les rendus traditionnels de l’espace tridimensionnel et à rechercher à la place un nouvel espace pictural défini par le mouvement des couleurs.

Essentiellement, le fauvisme était la conviction que la couleur ne devait pas simplement représenter la réalité, mais qu’elle devait pouvoir exister pour elle-même.

Les autres fauves majeurs étaient André Derain, qui avait fréquenté l’école avec Matisse en 1898-1899, et Maurice de Vlaminck, qui était l’ami de Derain.

Crédit: ProLitteris, Zurich
André Derain, « La Danse », 1906, huile sur toile

Les peintures fauves de Derain traduisent chaque tonalité d’un paysage en couleurs pures, qu’il applique avec des coups de pinceau courts et puissants, comme le montre son tableau emblématique de 1906, « La Danse ».

Les tourbillons agités de couleurs intenses dans les œuvres de Vlaminck sont redevables au pouvoir expressif de van Gogh.

Le terme « fauvisme » lui-même a été initialement inventé par le mot français « les fauves », qui signifie « bêtes sauvages ». Cette étiquette fut utilisée de manière moqueuse par le critique d’art Louis Vauxcelles en 1905 au Salon d’Automne, lorsqu’il vit les œuvres de Mattise, Derain et d’autres contemporains.

Qu’attendre de l’exposition ?

Crédit : ProLitteris, Zurich / Gina Folly
Plan intérieur de l’exposition « Matisse, Derain et ses amis » à Bâle

« Matisse, Derain et amis » se déroule comme un témoignage du pouvoir transformateur du mouvement.

L’exposition présente des œuvres brillantes de Matisse, Derain, Georges Braque, Sonia et Robert Dalunay, Kees van Dongen et Raoul Dufy, dont beaucoup n’ont pas été exposées au public depuis des décennies.

Parmi les créations de Matisse, « Luxe, Calme et Volupté » (1904) et « La Gitane » (1905) sont particulièrement marquantes, tandis que la célèbre « La Danse » de Derain (1906) constitue une ode à son génie précoce.

Alors que le terme « Fauves » pourrait évoquer la vigueur masculine, l’exposition dévoile un récit caché : le rôle essentiel joué par les femmes artistes au sein du mouvement. Souvent reléguées dans l’ombre, ces femmes mettent au premier plan leur force créatrice.

Les créations textiles d’Amélie Parayre-Matisse ont fourni un soutien financier indispensable aux efforts artistiques de son mari, tandis qu’Émilie Charmy a brisé sans crainte le cercle fauve dominé par les hommes.

Il ne faut pas oublier la contribution indispensable de la marchande d’art Berthe Weill, qui a soutenu et mis en valeur les fauves, offrant même une plateforme aux artistes féminines émergentes.

L’exposition présente également des sources historiques qui offrent un nouvel aperçu de la réalité sociale des travailleuses du sexe, parmi lesquelles les Fauves ont recruté certains de leurs modèles, ce qui représente la première fois que le thème des travailleuses du sexe est abordé dans une exposition sur le fauvisme.

Si vous souhaitez découvrir les expositions d’art auxquelles assister en Europe cet automne, assurez-vous d’explorer notre liste soigneusement organisée des dix principales expositions à venir ici.

« Matisse, Derain et ses amis : l’avant-garde parisienne 1904-1908 » court jusqu’au 21 janvier 2024.

Laisser un commentaire

seize − 11 =