Le président du Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU affirme qu’un projet de règlement de l’UE sur la protection transfrontalière des adultes est en conflit avec plusieurs dispositions de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) – la Commission n’est pas d’accord.
Une proposition de la Commission de 2023 pour un règlement européen sur la protection transfrontalière des adultes pourrait violer une convention de l’ONU, selon le président du Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU.
Dans une lettre envoyée à l’exécutif de l’UE le 23 mai 2024, Gertrude Oforiwa a fait part des inquiétudes du mouvement des personnes handicapées et a souligné que l’article 21 de la proposition semble être en violation de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), qui a été adoptée par tous les États membres de l’UE.
« L’article 21 actuel du règlement proposé, qui autorise une mesure de protection de « placement » dans une institution (d’un autre pays de l’UE), semble être en violation des articles 5 et 19 de la CDPH de l’ONU (relatifs à la non-discrimination et à la vie indépendante) et devrait être supprimé du règlement », selon la lettre, consultée par L’Observatoire de l’Europe.
Pour les défenseurs des droits des personnes handicapées, tels que le Forum européen des personnes handicapées (FEPH), ce serait une occasion manquée de ne pas progresser vers un modèle qui soutient leur libre arbitre et prévient la ségrégation et l’isolement.
« Nous devons changer de paradigme pour passer d’une attitude condescendante et infantilisante envers les personnes handicapées à une attitude leur permettant de prendre leurs propres décisions », a déclaré à L’Observatoire de l’Europe la députée européenne Katrin Langensiepen (Allemagne/Verts), appelant à la désinstitutionnalisation et au renforcement des services de soins locaux pour faciliter la vie indépendante de toutes les personnes handicapées dans l’UE.
« Je suis également préoccupé par le fait que la portée globale du règlement ne prenne pas en compte les évolutions apportées par la CDPH de l’ONU, notamment les mesures visant à garantir une reconnaissance égale devant la loi en passant des régimes de prise de décision substitutive à la prise de décision assistée », a écrit le président du comité de l’ONU.
Mais pour le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, cette législation va « simplifier la vie des adultes » et il n’est pas juridiquement possible pour l’exécutif de modifier la portée des dispositions, a-t-il déclaré à la présidence de l’ONU dans une lettre datée du 29 août, consultée par L’Observatoire de l’Europe.
« Changer les dispositions sur le champ d’application aurait créé des divergences juridiques entre les deux instruments législatifs, le règlement et la convention protection des adultes de 2000 (Convention de La Haye), qui devront s’appliquer en parallèle », a déclaré le commissaire.
Reynders a affirmé que le règlement est entièrement conforme à la CDPH et a souligné que cette question relève de la compétence des États membres.
D’autres dispositions du règlement proposé par l’UE sont en conflit avec les droits des personnes handicapées en termes d’égalité et de non-discrimination, d’égalité devant la loi et de vie en communauté, a souligné le président de l’ONU.
« Nous devons changer notre façon de voir la protection. Il ne s’agit pas de « protéger les personnes », mais de protéger leurs droits », a déclaré Marine Uldry, coordinatrice de la politique des droits de l’homme chez EDF, ajoutant que « la réglementation devrait être modifiée pour garantir aux personnes le droit de choisir ».
Le règlement est actuellement négocié par les États membres au sein du Conseil de l’UE, avec une réunion du groupe de travail vendredi (13 septembre) pour faire avancer le dossier et l’intention de poursuivre les discussions à ce niveau au cours des prochains mois.