Pro-government demonstrators wave Iranian flags during their rally condemning recent anti-government protests over the death of Mahsa Amini, 25 September, 2022

Jean Delaunay

L’Italie convoque l’ambassadeur d’Iran pour exiger la libération de la journaliste Cecilia Sala

Pour compliquer les choses, il semble que le sort de Sala soit étroitement lié à celui d’un Iranien arrêté en Italie le 16 décembre, trois jours seulement avant son arrestation à Téhéran.

L’Italie a convoqué l’ambassadeur d’Iran pour exiger la libération immédiate d’un journaliste italien arrêté à Téhéran en décembre, alors que le gouvernement et l’opposition intensifient la pression publique sur cette affaire politiquement sensible.

Cecilia Sala, reporter du quotidien Il Foglio, a été arrêtée à Téhéran le 19 décembre, six jours après son arrivée dans le pays avec un visa de journaliste.

Téhéran a confirmé lundi que Sala avait été arrêté pour violation des lois de la République islamique d’Iran, selon l’agence de presse officielle IRNA.

L’agence n’a pas donné plus de détails sur les lois que Sala aurait enfreintes.

Le ministère italien des Affaires étrangères a déclaré avoir convoqué l’ambassadeur d’Iran Mohammad Reza Sabouri pour exiger sa libération et garantir « des conditions de détention dignes dans le plein respect des droits de l’homme », y compris l’accès consulaire et les visites.

Le Parti démocrate d’opposition italien a également exigé sa libération immédiate, citant des médias italiens faisant état d’un appel téléphonique que la famille de Sala avait reçu d’elle indiquant qu’elle dormait par terre et qu’elle n’avait pas reçu de deuxième colis d’objets personnels de l’ambassade.

« Les nouvelles concernant ses conditions de détention sont alarmantes », ont déclaré les démocrates dans un communiqué. « Le traitement inhumain qu’elle subit est inacceptable. »

Il Foglio a déclaré peu après son arrestation qu’elle était détenue à la prison d’Evin à Téhéran, un centre de détention connu pour détenir des dissidents.

Cette image publiée le 27 décembre 2024 par Chora Media montre Cecilia Sala, une journaliste italienne détenue à Téhéran.
Cette image publiée le 27 décembre 2024 par Chora Media montre Cecilia Sala, une journaliste italienne détenue à Téhéran.

Le cas de Sala a fait la une des journaux italiens pendant des jours et a même figuré dans le discours de fin d’année du président Sergio Mattarella à la nation.

Pour compliquer les choses, il semble que le sort de Sala soit étroitement lié à celui d’un Iranien arrêté en Italie le 16 décembre, trois jours seulement avant l’arrestation de Sala.

Mohammad Abedini-Najafabad a été arrêté à l’aéroport de Milan Malpensa en vertu d’un mandat d’arrêt américain, alléguant qu’il était impliqué dans l’attaque de drone du 28 janvier en Jordanie qui a tué trois soldats américains.

Les procureurs fédéraux américains ont inculpé Abedini et un co-accusé de violations du contrôle des exportations après que des spécialistes du FBI ont analysé le système de navigation du drone utilisé lors de l’attaque en Jordanie et l’ont retracé jusqu’à eux.

Le ministère américain de la Justice a refusé de dire s’il existait un lien entre l’affaire Sala et son enquête sur les drones.

L’avocat italien d’Abedini, Alfredo De Francesco, a demandé cette semaine au tribunal de Milan de l’assigner à résidence, une décision qui est en attente, a indiqué De Francesco dans un courrier électronique.

Une prisonnière passe un appel dans un couloir de la prison d'Evin à Téhéran, le 13 juin 2006.
Une prisonnière passe un appel dans un couloir de la prison d’Evin à Téhéran, le 13 juin 2006.

Il a refusé de répondre lorsqu’on lui a demandé de commenter les accusations américaines ou les liens possibles avec l’affaire Sala.

Les médias italiens ont rapporté que Sala était essentiellement utilisée comme monnaie d’échange par l’Iran pour obtenir la libération d’Abedini.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, n’a pas contesté ce scénario lorsqu’il a été interrogé à ce sujet lors d’un appel à l’émission Rete4 diffusée dimanche.

Depuis la crise de l’ambassade américaine en Iran en 1979, au cours de laquelle des dizaines d’otages américains ont passé 444 jours en captivité à Téhéran, l’Iran a fréquemment utilisé des prisonniers ayant des liens avec l’Occident comme monnaie d’échange dans les négociations.

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