Leur position : ce que signifient les résultats des élections françaises pour Le Pen, Macron et Mélenchon

Martin Goujon

Leur position : ce que signifient les résultats des élections françaises pour Le Pen, Macron et Mélenchon

PARIS — Les électeurs se sont exprimés au premier tour des élections législatives françaises cruciales, ouvrant la voie à une semaine de campagne tendue et incertaine avant le second tour.

Les projections basées sur les sondages à la sortie des urnes montrent qu’une majorité absolue est à la portée du Rassemblement national de Marine Le Pen. Cela obligerait Emmanuel Macron, le président français, à nommer le premier gouvernement d’extrême droite démocratiquement élu de l’histoire moderne de la France.

Mais comme Le Pen l’a dit dimanche, « rien n’est gagné » pour son parti.

La composition du second tour reste incertaine. Elle dépendra de la manière dont chaque parti réagira à une éventuelle victoire de l’extrême droite, ce qui laisse des maux de tête brûlants aux principaux acteurs politiques à l’approche du dernier tour.

Voici à quoi ressemblent les résultats de chacun de leurs points de vue :

Le Rassemblement national est en passe d’obtenir le meilleur score de son histoire au premier tour d’une élection nationale. Il devrait avoir remporté des dizaines de sièges avant même le second tour, une fois les résultats définitifs connus, y compris celui de sa candidate à la présidentielle Marine Le Pen, qui a obtenu son siège avec plus de 50% des voix dans sa circonscription d’Hénin-Beaumont, dans le nord de la France.

Sa sœur, Marie-Caroline Le Pen, a terminé première dans l’ouest de la Sarthe, autrefois bastion des candidats de centre-droit plus conventionnels.

Le RN devrait avoir remporté des dizaines de sièges, dont celui de sa candidate à la présidentielle Marine Le Pen. | François Lo Presti/Getty Images

« Le peuple français a montré sans ambiguïté sa volonté de tourner la page après sept ans de pouvoir corrosif », a déclaré Marine Le Pen dans son discours du soir de l’élection, espérant mobiliser ses électeurs avant le second tour. « Pourtant, rien n’est gagné. Le deuxième tour sera décisif.

Le Pen n’est pas pressé. Que son parti remporte ou non le dernier tour de dimanche prochain, elle sera dans une position privilégiée pour diriger son parti en 2027 pour le prix ultime : la présidence.

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella, qui vise le poste de Premier ministre si son parti l’emporte dimanche, n’a pas critiqué le camp du président français Emmanuel Macron dans son discours de dimanche soir.

Au lieu de cela, il a visé la gauche, qui occupe la deuxième place dans tout le pays.

Bardella a déclaré que le Nouveau Front populaire serait « un danger existentiel pour notre nation » et l’a accusé de vouloir désarmer la police et ouvrir les frontières françaises aux migrants, et de n’avoir « aucune limite morale ».

« Le temps est venu de donner le pouvoir à des dirigeants qui vous comprennent, qui se soucient de vous », a-t-il déclaré.

Jordan Bardella n’a pas critiqué le camp du président français Emmanuel Macron dans son discours. | Julien De Rosa/Getty Images

Macron et ses alliés semblent être les grands perdants de la soirée. Loin derrière ses deux rivaux, la coalition centriste va probablement perdre des dizaines des 250 sièges qu’elle détient actuellement à l’Assemblée nationale, avec peu de chances de former une nouvelle coalition gouvernementale. Les premières estimations montrent que le camp présidentiel a été éliminé dans près de la moitié des circonscriptions.

La décision d’Emmanuel Macron d’organiser des élections anticipées après la débâcle de son parti aux élections européennes a surpris même son propre camp, ses principaux alliés, dont le ministre de l’Economie Bruno Le Maire et l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, ayant ouvertement critiqué la décision du président. De nombreux candidats se présentant sous la bannière du centre ont refusé d’afficher le visage d’Emmanuel Macron sur leurs affiches électorales de peur que son image ne nuise à leurs chances d’être élus.

Le président a laissé à son Premier ministre Gabriel Attal le soin d’affronter les caméras dans la nuit. C’était peut-être une sage décision.

Attal, autrefois considéré comme une étoile montante de la politique française, a admis qu’il avait été exclu de la décision soudaine de Macron de convoquer des élections anticipées – et a maintenant subi une défaite humiliante à la vue de tous.

De plus, il a eu la lourde tâche dimanche de faire comprendre la position quelque peu ambiguë du camp présidentiel à l’approche du second tour.

Dans le système français, tout candidat qui obtient plus de 12,5 pour cent des électeurs inscrits dans sa circonscription se présente au second tour. Avec un taux de participation historiquement élevé, des centaines de circonscriptions pourraient organiser des élections à trois au second tour, dans la plupart des cas avec un candidat de chaque grande coalition et souvent avec le Rassemblement national en première place.

Gabriel Attal a admis avoir été exclu de la décision soudaine d’Emmanuel Macron de convoquer des élections anticipées. | Alain Jocard/Getty Images

Cela signifie que les candidats arrivés en troisième position, désireux d’éviter une victoire du Rassemblement national, pourraient être incités à se retirer de la course et à soutenir le candidat le mieux placé pour battre l’extrême droite.

Attal a déclaré qu’« aucune voix ne doit aller au Rassemblement national », mais s’est seulement engagé à se retirer s’il était troisième face à un « candidat républicain ».

Signification : pas un de ces gauchistes radicaux.

L’alliance de gauche composée de la France Insoumise, des Verts et des Socialistes a obtenu de bons résultats avec 28,1 pour cent des voix, mais elle a peu de chances de rassembler une majorité viable.

L’alliance, appelée Nouveau Front populaire, est une version redémarrée de l’alliance Nupes de 2022, orchestrée par le militant d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon.

Mélenchon a été vivement critiqué durant la campagne par certains de ses alliés les plus centristes pour sa réticence à se retirer après la campagne réussie du candidat soutenu par les socialistes Raphaël Glucksmann aux élections européennes, qui a donné plus de poids à la gauche modérée.

La bataille pour le leadership dans son camp est désormais lancée, avec des figures montantes de la gauche comme François Ruffin qui visent la première place.

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