Le parlement espagnol a voté pour supprimer le terme « handicapé » et le remplacer par « personnes handicapées ».
C’est un changement qui est une demande de longue date de la part des personnes handicapées en Espagne.
Jeudi, pour la troisième fois dans l’histoire du pays, le Parlement a voté un amendement à la constitution. Les députés espagnols modifieront le libellé de l’article 49, en supprimant le terme « handicapé » et en le remplaçant par « personnes handicapées ». L’amendement ajoute également que « les administrations publiques poursuivront des politiques garantissant la complète autonomie et l’inclusion sociale des personnes handicapées ».
Les deux plus grands partis, le Parti socialiste au pouvoir et le Parti populaire d’opposition conservateur, ont accepté ce changement dans un rare moment de consensus.
Un changement sémantique important
L’amendement a également été soutenu par tous les autres partis plus petits représentés à la chambre, à l’exception du parti d’extrême droite Vox. Il a été adopté par 312 voix contre 32. Il nécessite le soutien des trois cinquièmes de la chambre basse du Parlement et doit également être adopté par le Sénat, avec la même marge.
« Aujourd’hui est un grand jour pour notre démocratie », a déclaré le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui a demandé pardon au nom du pays d’avoir mis si longtemps à opérer ce changement.
« Nous remboursons une dette morale que nous avons envers plus de 4 millions de nos concitoyens », a-t-il déclaré.
L’utilisation du terme « handicapé » a été largement péjorative dans de nombreuses langues, réduisant une personne à cette condition et peut être à la fois irrespectueuse et déshumanisante. D’un autre côté, les « personnes handicapées » accordent la priorité à l’identité de la personne qui souffre d’une maladie.
Troisième amendement depuis 1978
Seuls deux amendements ont été apportés à la Constitution espagnole de 1978, qui a marqué le retour à la démocratie après la dictature du général Francisco Franco.
Le premier amendement, datant de 1992, permettait aux citoyens d’autres États membres de l’Union européenne de se présenter comme candidats aux élections municipales. La seconde, en 2011, consistait à respecter les règles européennes sur les déficits publics dans le contexte de la crise de la dette de la zone euro.
Les socialistes et les conservateurs espagnols se montrent extrêmement prudents quant à l’amendement de la Constitution, craignant que des partis plus petits n’utilisent le processus pour apporter des changements plus profonds à la monarchie constitutionnelle ou soutenir les aspirations séparatistes des régions de Catalogne et du Pays basque.
Un exemple est l’ordre de succession royale, qui consiste à passer du premier-né héritier mâle du monarque au seul premier-né. Malgré un large consensus, les législateurs espagnols n’ont fait aucune tentative crédible pour modifier l’ordre de la Constitution, de peur que les partis républicains de gauche ne poussent à un référendum sur l’avenir de la monarchie.
L’héritière actuelle du trône est la princesse Leonor, l’aînée des deux filles du roi Felipe VI et de la reine Letizia.