Billets de train gratuits, énergies renouvelables et fermetures de centrales à charbon : pourquoi nous célébrons ce mois-ci les réalisations environnementales de l’Espagne.
Les vagues de chaleur incessantes, les incendies de forêt et les conditions météorologiques extrêmes de cet été ont placé la crise climatique sous les projecteurs en Europe et au-delà.
La nécessité de décarboner nos systèmes énergétiques et de protéger notre environnement n’a jamais été aussi évidente.
Chaque pays a ses défis et ses ressources uniques qui influencent son chemin vers la carboneutralité. Mais célébrer les réussites de chacun peut contribuer à inspirer et à faire pression sur nos propres politiciens pour qu’ils emboîtent le pas.
Voici nos précédents pays verts du mois : Albanie, Danemark, Islande, Autriche et Portugal. Ce mois-ci, nous célébrons un pays européen dont les ambitions vertes sont en jeu.
L’Espagne est en première ligne de la crise climatique et a fait des progrès en matière de politique environnementale ces derniers mois et années.
Depuis qu’il a finalement introduit la première loi climatique du pays en 2021, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) au pouvoir a fixé des objectifs progressifs de réduction des émissions et augmenté la production d’énergie renouvelable dans le pays.
Après les élections anticipées de juillet, l’avenir du pays est incertain. Mais voici pourquoi l’Espagne bénéficie de notre vote de confiance, en tant que pays vert du mois d’août.
L’Espagne s’éloigne du charbon et se tourne vers les énergies renouvelables
L’Espagne s’oriente rapidement vers un secteur électrique sans charbon, avec des projets d’élimination progressive de cette source d’énergie polluante d’ici 2025, soit cinq ans plus tôt que prévu initialement, comme annoncé en juin.
Ce mois-ci, il a été confirmé que la plus grande centrale à charbon du pays, située à As Pontes, en Galice, devrait fermer ses portes d’ici août 2024.
Cela ouvrira la voie à des projets d’énergie renouvelable tirant parti de l’abondance de soleil et de vent en Espagne.
Le pays est en passe de produire plus de la moitié de son électricité à partir de sources renouvelables cette année. Cela en fera le premier des cinq premiers pays européens en termes de demande d’électricité – dont la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni – à accomplir cet exploit, selon Rystad Energy. La société de recherche affirme que cela s’explique par un historique d’investissements stratégiques et par l’adoption précoce de technologies telles que l’éolien terrestre.
Dans le cadre d’une mise à jour demandée par l’UE, l’Espagne a publié en juin une version révisée de son plan énergétique et climatique, qui est actuellement soumis à une consultation publique. Il augmente les objectifs de réduction des émissions de près de 10 pour cent (à 32 pour cent) d’ici 2030. Il double également presque la quantité d’énergie solaire qui devrait être déployée d’ici la fin de la décennie.
Bien qu’il s’agisse d’une augmentation significative, certains militants pour le climat affirment que les objectifs manquent encore d’ambition et ont appelé à un objectif de réduction des émissions de 55 pour cent, conforme à l’objectif plus large de l’UE.
D’ici 2030, les énergies renouvelables pourraient représenter 48 pour cent du mix énergétique et 81 pour cent de la capacité de production d’électricité en Espagne, renforçant ainsi la sécurité énergétique du pays.
« L’Espagne produit déjà environ 50 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables, et les travailleurs du charbon pourraient avoir un avenir brillant grâce à sa stratégie de transition juste », déclare Alexandru Mustață, militant pour l’association à but non lucratif Beyond Fossil Fuels.
Huit des régions du pays à forte teneur en carbone ont déjà obtenu l’accès au fonds européen pour une transition juste – un record parmi tous les pays bénéficiant de ce programme. Le fonds vise à garantir que la transition vers une économie neutre pour le climat soit équitable et ne laisse personne de côté.
La centrale à charbon As Pontes de 1 468 MW de la société énergétique Endesa sera remplacée par des projets d’énergies renouvelables, notamment un projet éolien de 1 GW qui devrait créer 1 300 emplois dans la région.
Cependant, le pays n’a pas encore fixé de dates concrètes de fermeture pour ses quatre centrales à charbon restantes, il reste donc encore du chemin à parcourir.
L’Espagne encourage le transport durable
Les transports représentent environ un cinquième des émissions mondiales de CO2, les avions contribuant le plus à la pollution.
L’Espagne ouvre la voie au transport durable en Europe avec sa transformation ferroviaire radicale. En peu de temps, le pays a triplé le nombre de ses opérateurs de trains à grande vitesse, en partie grâce à l’adhésion au plan de l’UE visant à libéraliser les chemins de fer européens.
En ouvrant ses chemins de fer à la concurrence ces dernières années, l’Espagne a développé un réseau ferroviaire capable de rivaliser avec les compagnies aériennes à bas prix en termes de prix, de vitesse et de régularité.
Divers programmes de billets de train à prix réduits ont également encouragé les gens à voyager de manière plus durable.
En septembre 2022, le pays a lancé la gratuité des voyages en train sur les lignes de banlieue et régionales pour encourager les gens à abandonner leur voiture au profit des transports publics.
Au cours des deux premiers mois de 2023, le nombre de passagers des trains de banlieue de Renfe a augmenté de près de 36 pour cent par rapport à l’année précédente. L’utilisation des trains régionaux a augmenté de plus de 87 pour cent au cours de la même période.
Le dispositif a été prolongé jusqu’en décembre 2023, après quoi une version permanente pourra être introduite en fonction de son effet sur le trafic et des réductions d’émissions.
Cet été, le gouvernement espagnol a également réduit jusqu’à 90 pour cent le prix des billets de bus et de train pour les jeunes et a plafonné le prix des services de train à grande vitesse à 30 euros par billet. Les pass Interrail ont été réduits de 50 pour cent.
Le programme de 170 millions d’euros est accessible aux 18-30 ans et court jusqu’au 15 septembre.
Pourquoi la transition verte en Espagne est menacée
Lors des élections législatives anticipées du mois dernier, ni le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) au pouvoir ni le Parti populaire (PP) conservateur n’ont obtenu la majorité absolue. Les deux partis d’opposition doivent désormais s’affronter pour former un gouvernement de coalition.
Le PSOE a déjà clairement exprimé ses ambitions vertes lorsqu’il a adopté la première loi espagnole sur le changement climatique et la transition énergétique en 2021, qui comprenait l’objectif d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.
Les politiques du parti en matière d’énergies renouvelables, de biodiversité, de transport, de recyclage et de gestion de l’eau soutiennent cet objectif et le Green Deal de l’UE.
Le PP vise à édulcorer ces objectifs afin de les rendre plus accessibles aux entreprises, menaçant ainsi de ralentir la transition verte de l’Espagne. Sa politique climatique pourrait être encore plus compromise s’il formait une alliance avec le parti d’extrême droite Vox, qui nie le changement climatique.
Les deux partis se battent désormais pour trouver des alliés qui se joindront à eux pour former un nouveau gouvernement. L’association étroite du PP avec Vox pourrait nuire à ses chances d’obtenir le soutien des partis plus modérés. Le PSOE devrait quant à lui s’appuyer sur les partis indépendantistes basques et catalans pour obtenir une majorité.
90 % des Espagnols sont très ou assez préoccupés par l’urgence climatique, selon un sondage réalisé l’année dernière par le Centre espagnol de recherche sociologique (CIS).
Quel est le pays du mois selon L’Observatoire de l’Europe Green ?
Chaque mois, nous mettons en lumière un pays européen qui défend le climat, la nature et l’environnement. Notre pays vert du mois peut se démarquer par tout, des éco-innovations au changement politique.
