Mardi, pour le troisième jour de bourse consécutif, les actions, obligations et devises françaises ont continué de subir des ventes massives en raison des incertitudes politiques. Les analystes suggèrent que la prochaine décision sur les taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine pourrait potentiellement atténuer la baisse.
Les marchés boursiers européens ont prolongé leurs pertes pour le troisième jour de bourse consécutif dans un contexte de troubles électoraux en cours, alors que les partis d’extrême droite ont acquis un pouvoir inattendu. Les marchés français ont été les plus durement touchés après que le Premier ministre Emmanuel Macron a convoqué des élections législatives en réponse aux gains électoraux importants du parti d’extrême droite du Rassemblement national (NR).
La Bourse française prolonge sa séquence de trois jours de défaites
La vente s’est accentuée mardi, l’indice de référence, le CAC 40, ayant glissé de 1,33%, contribuant à une perte totale de 3,2% sur les trois derniers jours de bourse. Les valeurs bancaires françaises ont connu de fortes baisses alors que les investisseurs s’inquiétaient de plus en plus des finances publiques de la France, notamment de sa capacité à rembourser ses dettes. Les actions de la plus grande banque française, BNP Paribas SA, ont chuté de 9 %, tandis que les actions du groupe Société Générale ont perdu 12 % au cours des deux derniers jours de bourse.
Au-delà du secteur bancaire, les valeurs renouvelables françaises ont également été confrontées à d’intenses ventes massives. Engie et Voltalia ont chuté respectivement de 8,3% et 87,6% au cours des trois dernières séances de bourse. Le parti NR dirigé par Marine Le Pen est particulièrement opposé aux projets de transition verte de l’Union européenne. Une éventuelle prise de pouvoir par le parti d’extrême droite en France pourrait perturber les parcs éoliens et les projets d’autoroutes existants, a déclaré à Reuters Pierre-Alexandre Ramondenc, analyste des services publics et des énergies renouvelables chez Alphavalue.
Les obligations d’État françaises continuent de s’effondrer malgré l’avertissement de Moody’s
Les investisseurs ont également continué à se débarrasser des obligations d’État françaises après que l’agence de notation Moody’s a mis en garde contre une perspective de crédit « négative » pour le pays en raison des incertitudes politiques. Le rendement des obligations d’État françaises à 10 ans a grimpé de 35 points de base avant de reculer mercredi, atteignant son plus haut niveau depuis novembre 2023. Les rendements obligataires évoluent à l’inverse des prix des obligations.
Pendant ce temps, les obligations d’État d’autres grandes économies de l’UE, notamment l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, ont toutes bondi pendant la période électorale. Cependant, la vente a pris une pause mardi, ce qui a entraîné un élargissement des écarts de rendement entre les obligations françaises et celles de l’UE. Généralement considérés comme une valeur refuge dans la région, les rendements des obligations allemandes ont chuté, tandis que les rendements français ont continué à augmenter, faisant de l’écart de rendement à 10 ans entre les deux obligations souveraines le plus large jamais vu en sept mois.
Obligations d’État et notations de crédit
Les obligations d’État sont des titres de créance émis par un gouvernement pour soutenir les dépenses et les obligations du gouvernement. Ils sont souvent considérés comme des investissements à faible risque car ils sont garantis par le crédit du gouvernement émetteur. Le rendement des obligations d’État est le rendement qu’un investisseur peut s’attendre à gagner si l’obligation est conservée jusqu’à son échéance. Les notations de crédit sont des évaluations de la solvabilité d’un emprunteur.
Lorsqu’une obligation d’État bénéficie d’une notation de crédit élevée, elle attire davantage d’investisseurs en quête de sécurité, surtout en période d’incertitude économique. Cette demande accrue fait monter le prix de l’obligation et réduit son rendement. À l’inverse, une dégradation de la note de crédit d’un État signale un risque accru, réduisant la demande pour ses obligations. Le prix des obligations baisse et les rendements augmentent car le gouvernement doit offrir des rendements plus attractifs pour attirer les investisseurs.
La réunion du FOMC pourrait stabiliser les marchés européens
Les investisseurs pourraient se concentrer davantage sur la prochaine décision de la Réserve fédérale (Fed) sur les taux mercredi, qui pourrait éclipser l’impact des élections européennes sur les marchés européens. La Fed devrait adopter une position accommodante, offrant potentiellement une opportunité d’achat en baisse sur divers actifs, notamment les actions, les obligations et les devises, en particulier en France.
« L’EURUSD pourrait se stabiliser au milieu des prochaines données sur l’inflation américaine et de la réunion de la Fed », a noté Charu Chanana, responsable de la stratégie de change chez Saxo Bank.
Andrew Balls, directeur des investissements chez PIMCO, a déclaré à Reuters que « l’élargissement des spreads français pourrait présenter une opportunité d’achat d’ici trop longtemps », car Le Pen semble moins eurosceptique qu’elle ne l’était en 2017.
L’euro a continué de s’affaiblir face à tous les autres pays du G-10 pour la quatrième séance consécutive en raison de la nervosité politique. Mercredi à 3h15, heure centrale de l’Europe, la monnaie unique est tombée face au dollar américain à 1,0735, son plus bas niveau depuis un mois. Et l’euro s’est affaibli par rapport à la livre sterling à 0,8430, le plus bas observé en août 2022.