Calfs sit outside their stable during a drought at the Liborio Mangiapane farm, in Cammarata, central Sicily, Italy, Thursday, July 18, 2024.

Jean Delaunay

Les sécheresses « paralysantes » en Sicile et en Sardaigne sont deux fois plus probables en raison du changement climatique

L’état d’urgence a été déclaré sur les deux îles plus tôt cette année.

Les sécheresses qui frappent actuellement la Sicile et la Sardaigne sont devenues deux fois plus probables en raison du changement climatique d’origine humaine.

« Sans les effets du réchauffement climatique d’origine humaine, les sécheresses sur les deux îles n’auraient pas été classées comme extrêmes (selon le système américain de classification de la surveillance de la sécheresse) », selon les scientifiques de World Weather Attribution (WWA).

Les deux plus grandes îles d’Italie ont souffert de précipitations exceptionnellement faibles et de températures très élevées au cours des 12 derniers mois.

En février et juillet, les autorités italiennes ont même déclaré l’état d’urgence pour les îles méditerranéennes, en pleine sécheresse.

Bien qu’il ne soit actuellement pas possible d’attribuer les précipitations très variables en Sardaigne et en Sicile au changement climatique, l’étude souligne que la chaleur torride transforme les années de faibles précipitations en sécheresses dévastatrices.

Les sécheresses ont eu de graves répercussions sur l’agriculture et le tourisme

Les sécheresses provoquées par le changement climatique constituent un problème majeur pour ces îles où l’agriculture et le tourisme sont les piliers de l’économie. Les récoltes de blé et d’olives, aliments de base du régime méditerranéen, sont particulièrement touchées.

En raison des pertes énormes de blé, les agriculteurs siciliens ont même dû abattre prématurément des animaux.

Des moutons cherchent de l'eau dans un étang sec utilisé par les fermes locales pour leur bétail, à Contrada Chiapparia, près de la ville de Caltanissetta, dans le centre de la Sicile, en Italie, le vendredi 19 juillet 202
Des moutons cherchent de l’eau dans un étang sec utilisé par les fermes locales pour leur bétail, à Contrada Chiapparia, près de la ville de Caltanissetta, dans le centre de la Sicile, en Italie, le vendredi 19 juillet 202

Fin juillet, l’agence de presse AFP rapportait que « la sécheresse écrasante en Sicile a desséché les champs de céréales, privé le bétail de pâturages et attisé une vague d’incendies de forêt, causant des dégâts déjà estimés à 2,7 milliards d’euros cette année ».

En Sardaigne, même si l’agriculture occupe une place moins importante dans l’économie, le secteur a d’autres utilisations.

« Les cultures utilisées pour produire la cuisine emblématique de l’Italie, comme le blé et les olives, meurent sous une chaleur féroce bien supérieure à 40°C », explique Friederike Otto, cofondatrice de WWA.

Alors que la fin de l’été européen approche, la sécheresse persiste et les réservoirs d’eau des deux îles sont presque vides, malgré le rationnement de l’eau depuis février, faisant craindre des problèmes d’approvisionnement en eau et des pertes agricoles plus importantes.

La nécessité d’atténuation et d’adaptation

Alors que la menace d’un réchauffement de deux degrés par rapport aux niveaux préindustriels plane, la sécheresse risque de devenir plus fréquente et plus intense dans le monde entier.

Si l’atténuation du réchauffement climatique est essentielle pour éviter que de telles sécheresses ne deviennent la nouvelle norme, l’adaptation jouera également un rôle clé, selon les experts de la WWA.

Il sera nécessaire d’investir dans des infrastructures résilientes et dans la conservation de l’eau pour s’adapter à un climat plus chaud sur ces îles méditerranéennes.

« Limiter les pertes d’eau dues au vieillissement des canalisations et aux fuites, et augmenter la capacité de stockage en Sardaigne et en Sicile contribuera à réduire les pénuries d’eau similaires lors des années de faibles précipitations », explique Maja Vahlberg, consultante en risques climatiques au Centre climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Aux côtés d’autres pays méditerranéens, l’Italie s’est engagée, lors de la réunion Med9 à Chypre la semaine dernière, à développer davantage de technologies permettant d’économiser l’eau.

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