Europol Executive-Director Catherine De Bolle, addresses a media conference at the Residence Palace in Brussels, Friday, April 5, 2024.

Jean Delaunay

Les réseaux criminels les plus menaçants de l’UE entrent dans l’économie légale

Les réseaux criminels pénètrent dans les entreprises légitimes à travers le bloc des 27 pays, s’appuyant largement sur la corruption pour développer leurs activités.

Un sombre tableau ressort d’un rapport publié vendredi par l’agence européenne de lutte contre la criminalité.

Europol a identifié 821 réseaux criminels particulièrement menaçants, comptant plus de 25 000 membres dans l’ensemble du bloc.

Selon l’agence, 86 % de ces réseaux peuvent infiltrer l’économie légale pour dissimuler leurs activités et blanchir leurs profits criminels.

Europol a cité l’exemple d’un chef de gang identifié comme étant un homme d’affaires italien d’origine argentine résidant à Marbella, en Espagne. L’individu est spécialisé dans le trafic de drogue et le blanchiment d’argent et dirige plusieurs sociétés, dont une qui importe des bananes d’Équateur vers l’UE. Il possède également des centres sportifs à Marbella, des centres commerciaux à Grenade et plusieurs bars et restaurants, précise le communiqué.

« Un complice albanais, basé en Équateur, s’occupe de l’importation de cocaïne de Colombie vers l’Équateur et de sa distribution ultérieure vers l’UE. Les entreprises fruitières équatoriennes servent de façade à ces activités criminelles », indique le rapport.

Europol cite également des familles du syndicat italien du crime organisé « Ndrangheta », l’un des groupes de trafic de drogue les plus puissants, les plus étendus et les plus riches au monde. Les bénéfices tirés du trafic de drogue et d’armes ainsi que de la fraude fiscale sont investis dans toute l’Europe dans l’immobilier, les supermarchés, les hôtels et d’autres activités commerciales, précise le communiqué.

Une autre caractéristique de ces réseaux est le caractère sans frontières de leur structure, avec 112 nationalités représentées parmi leurs membres, ajoute le rapport.

« Cependant, en ce qui concerne la localisation de leurs activités principales, la grande majorité maintient une forte concentration géographique et n’étend pas trop largement leurs activités principales », a déclaré Europol.

Quant à leurs activités, le trafic de drogue et la corruption sont les principales préoccupations des responsables européens.

Alors que des quantités record de cocaïne sont saisies en Europe et que les crimes violents liés à la drogue deviennent de plus en plus visibles dans de nombreux pays de l’UE comme la Belgique et la France, le trafic de drogue apparaît comme l’activité clé, indique le rapport.

La moitié des réseaux criminels les plus menaçants sont impliqués dans le trafic de drogue, soit en tant qu’activité autonome, soit dans le cadre d’un portefeuille.

Plus de 70 % des réseaux se livrent à la corruption « pour faciliter les activités criminelles ou entraver l’application des lois ou les procédures judiciaires. 68 % des réseaux utilisent la violence et l’intimidation comme caractéristique inhérente de leur mode opératoire », indique le rapport.

En Belgique, Anvers étant la principale porte d’entrée des cartels latino-américains de la cocaïne sur le continent, la violence des gangs sévit dans la ville portuaire depuis des années. Alors que la consommation de drogue augmente dans tout le pays, les autorités fédérales affirment que le trafic pénètre rapidement la société.

« Le crime organisé est l’une des plus grandes menaces auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, menaçant la société de corruption et de violence extrême », a déclaré la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson.

Europol a déclaré que les données seraient partagées avec les forces de l’ordre des pays membres de l’UE, ce qui devrait permettre de mieux cibler les criminels.

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