Trois pays européens dépendent particulièrement du gaz fossile pour la production d’électricité : l’Italie, le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Selon un nouveau rapport, l’augmentation de l’énergie gazière en Europe menace de saper les engagements climatiques et de bloquer les combustibles fossiles pendant des décennies.
Le briefing du groupe de campagne Beyond Fossil Fuels révèle qu’au total, les pays européens prévoient d’ajouter 80 GW de nouvelle capacité de production d’électricité au gaz, soit une augmentation de 32 pour cent par rapport à la capacité actuelle.
Alors que les pays se positionnent comme leaders mondiaux en matière de climat à la COP29, ils risquent de s’enfermer dans des systèmes électriques à forte teneur en carbone.
« Nous ne sommes pas entrés dans l’ère numérique en achetant en gros des machines à écrire, et nous ne construirons pas un système d’énergie propre en construisant autant de nouvelles usines à gaz », a déclaré Alexandru Mustață, militant pour Beyond Fossil Fuels.
« Les projets européens de nouvelles infrastructures électriques au gaz sont dangereusement en décalage avec leurs objectifs climatiques. Cette surconstruction risque de nous enfermer dans des décennies de dépendance aux combustibles fossiles – une voie qui mène directement au chaos climatique.
Où en Europe ajoute-t-on le plus d’électricité au gaz ?
Beyond Fossil Fuels a analysé les projets actuels et futurs d’utilisation du gaz fossile dans les systèmes électriques de six pays européens : l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Bulgarie, la Roumanie et la Pologne.
Trois pays européens dépendent particulièrement du gaz fossile pour la production d’électricité : l’Italie, le Royaume-Uni et l’Allemagne.
La moitié des nouveaux ajouts sont prévus par ces trois pays qui représentent déjà 45 pour cent de la capacité totale d’électricité à gaz de l’Europe. Les gouvernements des trois pays se sont engagés à décarboner leurs secteurs électriques d’ici 2035.
Le Royaume-Uni a le calendrier le plus ambitieux avec un objectif d’énergie propre d’ici 2030. La semaine dernière, l’opérateur national du système énergétique du pays a confirmé que cet objectif était réalisable si la capacité de production d’électricité au gaz n’était pas augmentée au-delà de ce qu’elle était en 2023.
Mais l’Italie, le Royaume-Uni et l’Allemagne manquent tous de plans concrets pour arrêter la combustion de gaz fossile dans leurs plus de 900 centrales électriques au gaz existantes – sans parler des nouvelles en cours de développement. Les projets de construction de nouvelles capacités gazières « compromettent gravement » la crédibilité de leurs ambitions, indique le communiqué.
La Pologne, la Roumanie et la Bulgarie envisagent collectivement d’augmenter la capacité de leurs centrales à gaz de 9 à 24 GW. Beyond Fossil Fuels affirme que nombre de ces projets sont subventionnés par l’argent des contribuables ou par des fonds de l’UE destinés à aider les pays à « moderniser » leurs systèmes électriques et à rendre leurs économies plus « durables ».
L’Europe peut-elle se débarrasser du gaz avant la fin du temps imparti ?
En 2023, le gaz fossile produisait 24 pour cent de l’électricité européenne, dont 17 pour cent au sein de l’UE. Seule une poignée de pays – la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, le Luxembourg, le Kosovo et Chypre – ne disposent pas de centrales électriques à gaz opérationnelles.
Sur les 855 centrales électriques à gaz européennes répertoriées dans la base de données Beyond Fossil Fuels, seules quatre ont été mises hors service depuis janvier 2023. Seules sept devraient officiellement fermer leurs portes d’ici 2035 – date limite à laquelle l’Agence internationale de l’énergie affirme que les pays développés doivent se décarboner pour rester sur une bonne voie. Voie de réchauffement de 1,5 °C.
Le rapport révèle également un sous-investissement important dans les solutions nécessaires au fonctionnement d’un système électrique basé sur les énergies renouvelables, comme les réseaux électriques ou le stockage. Au lieu de cela, affirme-t-il, cet argent est canalisé vers l’exploration et l’extraction du gaz ainsi que vers des infrastructures telles que des pipelines et des terminaux.
Beyond Fossil Fuels affirme que ces projets risquent d’aggraver la dépendance de l’Europe à l’égard des combustibles fossiles importés de régimes hostiles, tout en détournant des fonds essentiels des énergies renouvelables, des réseaux et du stockage.