Attal conduit la métro

Martin Goujon

Les négos avec la gauche dans le Money Time

Le briefing politique essentiel du matin.

POLITICO Playbook Paris

Par SARAH PAILLOU

Avec ANTHONY LATTIER

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LA GOUTTE DE TROP. Après une semaine à tenter de comprendre les positions des uns et des autres dans le secret des négociations budgétaires en cours, votre serviteure doit le confesser : elle commence sérieusement à regretter sa décision de se plier à la pratique du Dry January, consistant à ne pas boire d’alcool en janvier — pas même une petite bière de début de week-end pour fêter notre survie à ces discussions politico-fiscales complexes.

Sachez-le : le ministre de la Santé, Yannick Neuder, fait de même. “A titre personnel” avait-il précisé à BFMTV, car le gouvernement refuse de soutenir officiellement l’initiative, malgré des appels de médecins et associations. Mes collègues de la newsletter Paris Influence racontent (à nos abonnés Pro) les demandes de la filière viticole de ne surtout pas alimenter le phénomène.

Quel que soit votre choix, mieux vaut tout de même être dry à l’heure où votre infolettre préférée arrive dans vos boîtes mail. Nous sommes le vendredi 19 janvier 2025, bonjour à tous et toutes.

NÉGOCIATIONS BUDGÉTAIRES

TIC TAC. François Bayrou peut-il encore arracher un accord de non-censure à la gauche non mélenchoniste ? Socialistes, communistes et écologistes donneront une première réponse la semaine prochaine, lors du vote de la motion que les Insoumis ont déjà promis de déposer après la déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre, mardi. Mais beaucoup va se jouer dès ce week-end, dans les coulisses des discussions menées par le gouvernement sur le budget 2025.

Où on en est (officiellement). Le duo de Bercy, Eric Lombard (Economie) et Amélie de Montchalin (Comptes publics), en compagnie du ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, poursuivent aujourd’hui leurs consultations. Avant le chef des sénateurs centristes Hervé Marseille, ils recevront les députés Rassemblement National Sébastien Chenu et Jean-Philippe Tanguy.

Puisqu’on parle d’eux : les lepénistes devraient se contenter de défendre leur contre-budget, nous a glissé mercredi un cadre RN, estimant le gouvernement capable de passer l’épreuve des textes financiers. “Il y a un intérêt collectif à ce que la France ait un budget”, soutenait-il. Le rappel des lignes rouges du parti à la flamme est dans Libération.

Où on en est (vraiment). Si l’avis du RN compte moins, c’est que le gouvernement mise plutôt sur une mansuétude des groupes de gauche. “On est dans l’idée d’un accord de non-censure dont les principes pourraient être annoncés lors de la DPG”, nous promettait hier un conseiller de l’exécutif. Lui et un chef socialiste nous l’ont glissé : les discussions, plus informelles et plus discrètes, se poursuivent entre le gouvernement et les représentants des gauches, qui ont listé leurs demandes (ici, là, et là).

Retraites encore et toujours. Au menu, notamment : la suspension de la “mesure d’âge” de la dernière réforme des retraites (le départ légal avait été fixé à 64 ans), réclamée par les roses, qui attendent des réponses avant même la DPG. “On sent que les choses bougent, mais est-ce que les arbitrages finaux nous entendront ?” s’interrogeait, méfiant mais voulant y croire, le chef socialiste cité plus haut. Notez que les Ecologistes, eux, exigent toujours une abrogation totale de la réforme.

Mesures fiscales. Bercy serait aussi prêt à envisager une taxation des hauts patrimoines, écrit ce matin L’Opinion. Un “ISF (impôt sur la fortune) façon XXIe siècle”, s’alarme le quotidien, à rebours de la politique économique défendue depuis plus de sept ans par Emmanuel Macron.

Signe que ça bouillonne en tout sens : notre chef socialiste n’avait pas tout à fait compris la même chose. Il y voyait une “interprétation excessive”, et nous a juré qu’Amélie de Montchalin, qui aurait formulé cette idée, n’était pas du tout “entrée dans ces détails”.

Signe que les négociations battent leur plein : le cabinet de la ministre se refusait dans la soirée à tout commentaire. Idem, même, du côté de l’Elysée, où l’où se montrait soucieux de ne pas parasiter les discussions en cours.

MINUTE, PAPILLON. Gare dans tout cela à ne pas braquer des alliés que le gouvernement aurait tort de considérer comme acquis : Les Républicains, Ensemble pour la République, Horizons. “Si tu gagnes à gauche ce que tu perds dans le socle commun, ça ne sert à rien”, reconnaissait hier, de lui-même, le conseiller gouvernemental précité. Il nous a ainsi assuré que des échanges avaient eu lieu dans la journée entre François Bayrou et Gabriel Attal, qui préside le groupe EPR à l’Assemblée nationale.

Avertissements. La veille, un conseiller de l’ex-Premier ministre rappelait combien les députés EPR étaient “attachés” à la réforme d’Elisabeth Borne. “Retoucher au régime de retraites ne pourra pas se faire si ça dégrade nos finances publiques”, poursuivait-il.

Même vigilance chez Laurent Wauquiez, le chef des députés LR. L’un de ses proches, sollicité hier, prévenait : “Si ce sont des ajustements, qu’on ne touche pas aux principes de la réforme, il n’y aura pas de difficultés chez nous. Mais s’il y a une remise en cause des paramètres fondamentaux, là c’est un autre sujet.”

Ça joue. Du côté d’Horizons, Edouard Philippe himself est entré dans la danse, provoquant hier sur X Olivier Faure, en l’invitant à imiter les socialistes espagnols, qui ont maintenu en 2023 un âge de départ à la retraite qui atteindra 67 ans en 2027. “Pour mémoire la durée de cotisation est de 38 ans en Espagne. 43 en France”, lui a répondu le numéro un des roses.

D’où l’incertitude maximale qui pèse encore sur l’accord de non-censure. D’autant plus que même trouvé, il pourrait ne pas être suivi par l’intégralité des députés des trois groupes de gauche non mélenchoniste — l’Ecologiste Sandrine Rousseau a ainsi déjà promis qu’elle voterait la censure. Les Insoumis croient en tout cas à cet éparpillement, furieux (comme en témoigne le dernier post de blog de Jean-Luc Mélenchon), de se voir ainsi isolés au sein de leur alliance. “Le moment de vérité, ce sera la censure, on verra si tout le monde est rentré à la maison”, menaçait l’un d’entre eux hier, au téléphone avec Playbook.

MERCATO

UNE PLUME FAMILIÈRE. Le chercheur Gaël Brustier, ancien du Parti socialiste qui a notamment oeuvré aux côtés d’Arnaud Montebourg et Julien Dray, a rejoint le cabinet de la ministre Juliette Méadel (Ville), a appris Playbook cette semaine. Il y œuvre depuis le 2 janvier comme chargé de mission “sur le rédactionnel”, nous-a-t-il précisé hier. En clair : il est sa plume.

CORDIER BIENTÔT DG. Gabriel Attal installe ses proches au parti Renaissance, dont il a officiellement pris la tête début décembre. En sus de deux de ses anciens conseillers devenus directeurs adjoints de la communication du parti, mouvement révélé par La Lettre, l’ancien Premier ministre pourrait désigner son fidélissime Maxime Cordier, actuellement son collaborateur à l’Assemblée, comme nouveau directeur général du parti, a ouï dire votre infolettre auprès de trois connaisseurs de l’appareil. Ni le parti ni l’intéressé n’ont souhaité répondre à nos questions.

ON SE LE NOTE. L’élection du nouveau président des députés Horizons, dont nous vous parlions mercredi, se précise : elle se tiendra lors de la réunion de groupe du 21 janvier. Aucun candidat ne s’est pour l’heure déclaré officiellement, mais les impétrants peuvent se décider jusqu’à la fin de semaine prochaine, nous a détaillé dans la soirée une source du parti philippiste. D’ici au scrutin, les trois vice-présidents (Béatrice Bellamy, Sylvain Berrios et Agnès Firmin-Le Bodo) assureront l’intérim.

LÉGISLATIVE PARTIELLE DANS L’ISÈRE

LYES WE CAN. La France insoumise ne lésine pas sur les moyens pour réussir le tour de force de conserver la première circonscription de l’Isère, où se joue dimanche le premier tour de l’élection législative partielle. Pas moins d’une quarantaine de députés LFI débarquent aujourd’hui à Grenoble (avant une journée parlementaire le lendemain) pour prêter main forte au candidat Insoumis, soutenu par le Nouveau front populaire, Lyes Louffok.

Pourquoi un tel bataillon ? “Le principal défi pour nous est de convaincre les électeurs de se mobiliser”, expliquait hier l’Insoumis Paul Vannier, au téléphone avec Playbook. Le militant des droits de l’enfant Lyes Louffok — parachuté en octobre après avoir été candidat dans le Val-de-Marne en juin 2024 — a fort à faire pour garder le territoire dans le giron de la gauche.

Petit rappel. En juillet 2024, le candidat LFI Hugo Prevost, qui, soupçonné de violences sexuelles, a depuis démissionné, avait créé la surprise en remportant la bataille à la faveur d’une triangulaire (NFP, Renaissance, RN). Mais en raison du faible taux de participation attendu (un classique pour les législatives partielles), personne ne juge crédible que cette configuration favorable à la gauche se reproduise dimanche.

Voilà qui donne des espoirs au camp macroniste, qui rêve de récupérer la circo de l’ex-ministre Olivier Véran, défait l’an passé, et dont la suppléante, Camille Galliard-Minier (députée de 2020 à 2022), se présente. Un bon connaisseur du coin, chez Renaissance, nous listait les raisons d’y croire : le peu de réserve de voix qu’aurait Louffok au second tour en cas de duel, le soutien des maires locaux à Galliard-Minier, ou encore la sociologie plutôt bourgeoise d’une partie du secteur.

Idée Louffok. Si la fracture entre les partis du NFP s’est accentuée cette semaine au niveau national, ils sont parvenus à afficher leur unité derrière Louffok — certes dans la douleur, comme nous vous l’avions narré. Seule ombre au tableau, l’eurodéputé Place-Publique, Raphaël Glucksmann, qui a refusé mardi de soutenir Louffok (contrairement à ses militants locaux, lui a immédiatement rétorqué le candidat).

Pas si anodin : Glucksmann était arrivé en tête aux européennes dans cette circonscription en juin dernier.

AUSSI À L’AGENDA

François Bayrou assiste à l’audience solennelle de la Cour de cassation à 11 heures.

Elisabeth Borne se déplace au salon Postbac 2025 à la Grand Halle de la Villette avec Philippe Baptiste, à 9h10. A 13h55, elle se rend à Nogent-le-Rotrou pour visiter deux collèges. Bruno Retailleau est à Nantes où il visite la sous-direction des visas. Il est accompagné par Thani Mohamed Soilihi. Eric Lombard, Amélie de Montchalin et Patrick Mignola reçoivent Sebastien Chenu et Jean-Philippe Tanguy à 15 heures à Bercy, puis Hervé Marseille à 17h30. Agnès Pannier-Runacher est attendue à la Criée de Boulogne-sur-Mer à 4h20 ce matin pour un déplacement consacré à la pêche. Marie Barsacq se rend dans le Bas-Rhin.

Aurore Bergé va dans les Yvelines pour une cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat de l’Hyper Casher.Yannick Neuder rencontre le personnel soignant de l’hôpital Cochin à 10 heures.  Marc Ferracci s’entretient avec Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie, à 8 heures. Il déjeune avec Estelle Castres, directrice générale de BlackRock. A 15 heures, il échange avec Arthur Dreyfus, président-directeur général d’Altice France et Mathieu Cocq, président-directeur général de SFR. Véronique Louwagie se rend dans la Manche pour rencontrer des commerçants et des apprentis en formation. Nathalie Delattre est en Gironde, auprès des acteurs locaux du tourisme. Philippe Tabarot va à l’aéroport Charles-de-Gaulle où il doit faire le point sur les mesures mises en place pour améliorer l’accueil et le transit. Laurent Saint-Martin poursuit son déplacement à Bruxelles.

Yaël Braun-Pivet poursuit son déplacement à Mayotte. 

Samedi : François Bayrou assiste aux obsèques d’Anne-Marie Comparini. Les obsèques privées de Jean-Marie Le Pen ont lieu à la Trinité-sur-Mer.

Dimanche : premier tour des législatives partielles en Isère.

MATINALES

7h20. RFI : Sophie Primas, porte-parole du Gouvernement.

7h30. Public Sénat : Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine.

7h40. TF1 : Thomas Cazenave, ancien ministre des Comptes publics et député EPR … France 2 : Sébastien Chenu, porte-parole du RN et député du Nord … RTL : Sarah Knafo, eurodéputée Reconquête. Franceinfo : Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique.

7h45. Radio J : Emmanuel Grégoire, député PS et candidat à la mairie de Paris.

8h10. Europe 1/CNEWS : Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles. 

8h15. RMC : Mokrane Kessi, président de l’association France des banlieues.

8h30. Franceinfo : Patrick Kanner, président du groupe SER au Sénat … BFMTV/RMC : Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme … Sud Radio : Jérôme Guedj, député PS de l’Essonne … LCI : Philippe Dessertine, économiste. 

CARNET

AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Face à la vague Dry January, les lobbies cherchent un remontant … Déontologie : les bons et moins bons élèves du gouvernement avec la HATVP … CSRD : le Mouvement Impact France et le club des directeurs du développement durable poussent leurs idées. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.

DANS LE JORF. Le Journal Officiel du jour entérine les nominations d’une petite vingtaine de conseillers techniques de Matignon, pour la plupart déjà en place sous Michel Barnier, ainsi que de plusieurs membres du cabinet de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard.

MÉTÉO. Plus de pluie à Paris mais des températures froides à prévoir tout le week-end. Le mercure ne devrait pas dépasser les 4°, courage. 

ANNIVERSAIRES : Marie-Christine Dalloz, députée LR du Jura … Jean-Raymond Hugonet, sénateur LR de l’Essonne … Arnaud Bazin, sénateur LR du Val-d’Oise … Dominique Bertinotti, ancienne ministre déléguée à la Famille. 

Samedi : Marc Fesneau, ancien ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire et député MoDem … Philippe Dunoyer, ancien député Renaissance de la Nouvelle-Calédonie … Thomas Rudigoz, ancien député Renaissance du Rhône … Pierrick Berteloot, ancien député RN du Nord.

Dimanche : Xavier Roseren, député EPR de Haute-Savoie … Jean-Louis Bianco, ancien ministre et secrétaire général de l’Elysée. 

PLAYLIST. Gracie Abrams, That’s So True.

Un grand merci à : Giorgio Leali, Jason Wiels, nos éditrices Marion Solletty et  Pauline de Saint Remy, Loïc Pradier pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne. 

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