Meeting of defense ministers of five NATO countries to discuss coordinating their defense plans and support for Ukraine in Warsaw, 13 Jan 2025.

Jean Delaunay

Les ministres européens de la Défense estiment que l’objectif de Trump en matière de dépenses à l’OTAN est irréaliste

Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a appelé les 32 États membres de l’OTAN à consacrer 5 % de leur PIB à la défense, contre 2 % actuellement.

Les ministres de la Défense de l’Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Italie et de la Pologne – les cinq pays européens qui dépensent le plus en matière militaire – ont déclaré qu’ils prévoyaient de continuer à investir davantage dans la défense, mais qu’il serait difficile d’atteindre l’objectif de dépenses de l’OTAN fixé par le président américain élu Donald Trump.

Les ministres se sont réunis près de Varsovie lundi, une semaine après que Trump ait appelé les membres de l’alliance militaire à consacrer 5 % de leur PIB à la défense, contre 2 % actuellement.

Cette réunion, la deuxième dans un format nouvellement établi après la réélection de Trump en novembre, s’est concentrée sur le maintien du soutien à l’Ukraine et l’augmentation de sa production d’armes nationale alors que les dirigeants européens se préparent à d’éventuels changements dans la politique américaine.

Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a ouvert les négociations en affirmant l’engagement du groupe en faveur de la paix en Ukraine, une paix dans laquelle Kiev conserve la souveraineté sur son avenir. Certains craignent en Europe que Trump puisse pousser l’Ukraine à faire des concessions inacceptables à la Russie.

Les ministres de la Défense ont discuté de la récente demande de Trump aux alliés de l’OTAN d’augmenter leurs dépenses de défense à 5 % du PIB, un niveau actuellement inégalé par aucun pays de l’OTAN. La Pologne, pays qui se rapproche le plus de cet objectif, devrait approcher les 5 % cette année.

Pistorius s’interroge cependant sur l’utilité de se concentrer uniquement sur les pourcentages.

« Je pense simplement qu’un débat statistique sur les pourcentages ne nous aide pas vraiment s’il ne conduit pas finalement à la mise en œuvre de ce dont l’OTAN a convenu ensemble, quels doivent être les objectifs », a-t-il déclaré.

Il a souligné que si l’Allemagne allouait 5 % de son PIB à la défense, cela signifierait dépenser plus de 40 % de son budget national, qualifiant cet objectif d’irréaliste.

Le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a également fait part de ses inquiétudes.

« Augmenter les dépenses de défense en période de crise économique est plus compliqué qu’à d’autres moments », a-t-il déclaré.

« Si nous combinons les deux, c’est-à-dire si nous faisons de l’industrie européenne de défense l’un des moyens par lesquels nous pouvons relancer l’économie, nous pouvons combiner les deux », a-t-il ajouté.

Parallèlement, le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, a souligné que l’augmentation des dépenses ne devrait pas se limiter à des fins militaires mais devrait répondre à des problèmes de sécurité plus larges tels que les cyberattaques et le terrorisme.

« La situation est pire que pendant la guerre froide », a prévenu Lecornu, pointant du doigt la militarisation des espaces numériques.

« Et vous voyez que nous sommes dans un monde dans lequel nous pouvons être vaincus sans avoir été envahis. Et cela signifie que la responsabilité de la défense de nos pays ira bien au-delà des seules questions militaires », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a déclaré lundi que les États membres devront trouver des moyens d’augmenter leurs achats communs et d’utiliser les infrastructures existantes, sous peine de faire face à une augmentation des dépenses de défense pouvant atteindre 3,7 % de leur PIB.

Les 32 membres de l’OTAN se sont engagés à atteindre l’objectif de consacrer 2 % de leur PIB à la défense, mais seuls 24 ont atteint le seuil.

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