Les instruments de prêt complexes qui ont provoqué la crise de 2008 figurent en tête de la liste des réformes financières souhaitées.
Les ministres de la zone euro ont convenu lundi (11 mars) d’une liste de réformes financières souhaitées, avec en tête une relance controversée de la titrisation, les instruments du secteur bancaire qui ont provoqué la dernière crise financière.
Comparée à d’autres grandes économies comme les États-Unis, l’économie de l’UE dépend largement du financement bancaire – et les décideurs politiques sont désireux de trouver des alternatives telles que la collecte de fonds via l’émission d’actions.
Parmi les 13 mesures proposées par les ministres des Finances, la première visait à aider les banques à se décharger des risques via des produits structurés complexes – mais cela n’est pas sans controverse.
Les propositions visent à « déréglementer un peu plus la finance – notamment en ramenant la bombe qui est à l’origine de la crise de 2007-2008 », a déclaré l’eurodéputé Philippe Lamberts (Belgique/Verts) aux parlementaires réunis en plénière à Strasbourg aujourd’hui (12 mars). .
Parallèlement aux propositions visant à modifier les règles de l’impôt sur le revenu pour favoriser l’investissement, les plans partent du principe que « rendre les riches plus riches profitera à tout le monde », a déclaré Lamberts.
La titrisation implique que les banques conditionnent leurs prêts et les revendent à d’autres investisseurs. Une erreur radicale d’évaluation de leurs risques a failli mettre l’économie mondiale à genoux il y a plus de 15 ans.
Mais, dans un communiqué publié lundi soir, les ministres de la zone euro ont déclaré qu’une relance conforme aux normes internationales permettrait aux banques de transférer les risques vers ceux les mieux placés pour les supporter.
Ce point de vue est partagé par les décideurs de la Banque centrale européenne, dont le conseil des gouverneurs a appelé le 7 mars à une révision des règles en matière de fonds propres que les banques doivent suivre pour émettre des prêts structurés. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré précédemment que le renforcement des marchés des capitaux stimulerait la croissance économique et les investissements verts.
Mais des groupes de pression tels que Finance Watch ont déjà soutenu que la titrisation n’aiderait pas les banques à prêter davantage, mais qu’elle entraînerait des risques supplémentaires importants pour le système financier.
Lagarde a également souligné la nécessité d’une supervision au niveau européen, afin que les émetteurs d’actions ou les commerçants du marché voient les règles appliquées de manière cohérente dans tout le bloc. Mais ici, les ministres se sont montrés plus circonspects.
Les États membres de l’UE ont rejeté les projets antérieurs visant à renforcer l’Autorité européenne des marchés financiers, craignant que leurs propres pouvoirs nationaux ne soient usurpés.
Pour Hans van Meerten, titulaire de la chaire de droit européen des retraites à l’Université d’Utrecht, l’appel des ministres était « du vieux vin dans des bouteilles neuves », car les appels en faveur d’un renforcement des marchés des capitaux de l’UE remontent au moins à 2015.
Un nouveau produit de retraite paneuropéen finalisé en 2019 n’a vu qu’un seul fournisseur avec quelques milliers de clients – ce que van Meerten a attribué à un « cirque de lobby » qui a rendu le produit inutilisable.
Par ailleurs, un récent accord législatif visant à faciliter la cotation des petites entreprises en bourse a été qualifié de « décevant » et « inadéquat » par son propre législateur principal, Alfred Sant (Malte/Socialistes et Démocrates).