Novo Nordisk a demandé aux autorités réglementaires américaines d’approuver le médicament pour les enfants âgés de 6 à 11 ans. Dans l’UE, il est disponible pour les adolescents dès l’âge de 12 ans.
Un médicament contre l’obésité du fabricant de médicaments danois Novo Nordisk pour les adultes et les adolescents est sûr et efficace pour une utilisation chez les enfants dès l’âge de 6 ans lorsqu’il est associé à un régime alimentaire et à de l’exercice, selon une nouvelle petite étude qui pourrait ouvrir la voie au premier traitement de l’obésité pour les jeunes enfants.
Le liraglutide a réduit la masse corporelle, ralenti la prise de poids et amélioré les marqueurs de santé chez les enfants âgés de 6 à 11 ans, selon la recherche publiée dans le New England Journal of Medicine et présentée à l’Association européenne pour l’étude du diabète à Madrid.
Le médicament appartient à une classe de médicaments dits GLP-1, qui comprend des médicaments à succès comme Wegovy et Ozempic – tous deux issus de Novo Nordisk – ainsi que le concurrent d’Eli Lilly Mounjaro. Ces médicaments imitent les hormones qui affectent l’appétit, la sensation de satiété et la digestion.
Les chercheurs ont constaté que les enfants qui prenaient le médicament pendant plus d’un an ont vu leur indice de masse corporelle (indice de taille et de poids qui peut tenir compte de la croissance naturelle d’un enfant) diminuer de 5,8 %. Les enfants qui recevaient le placebo ont vu leur IMC augmenter de 1,6 %.
Dans le même temps, les enfants qui ont reçu le médicament ont ralenti leur prise de poids à 1,6 % de leur poids corporel au cours de cette période, contre une prise de poids de 10 % pour ceux qui ont reçu le placebo.
Sur la base des résultats de l’essai, Novo Nordisk a demandé aux autorités réglementaires américaines d’étendre l’utilisation du médicament aux enfants de cette tranche d’âge, a déclaré mardi un porte-parole de l’entreprise. Cela en ferait le premier médicament disponible pour les enfants américains âgés de 6 à 11 ans pour traiter les types courants d’obésité.
En Europe, les médecins peuvent prescrire le médicament, qui porte le nom de marque Saxenda, aux enfants dès l’âge de 12 ans.
« Jusqu’à présent, les enfants n’avaient pratiquement aucune option pour traiter l’obésité », a déclaré le Dr Claudia Fox, experte en obésité pédiatrique à l’Université du Minnesota, qui a dirigé l’étude et reçoit un financement de recherche de Novo Nordisk.
« On leur a dit de faire plus d’efforts en matière de régime alimentaire et d’exercice physique ».
L’étude, financée par Novo Nordisk, a porté sur 82 enfants d’un âge moyen de 10 ans et d’un poids initial d’environ 70 kilos. L’IMC initial moyen était de 31, au-dessus du seuil d’obésité infantile.
Plus de la moitié des enfants souffraient de problèmes de santé liés à l’obésité, tels qu’une résistance à l’insuline, de l’asthme ou une puberté précoce.
Dans le cadre de l’essai, 56 enfants ont reçu des injections quotidiennes allant jusqu’à 3 milligrammes de liraglutide pendant près de 13 mois, tandis que 26 ont reçu des médicaments fictifs.
Tous les enfants ont reçu un suivi personnalisé pour les aider à suivre un plan prévoyant une alimentation saine et 60 minutes par jour d’exercice d’intensité modérée à élevée.
L’étude a révélé que 46 % des enfants ayant reçu le médicament ont vu leur IMC diminuer d’au moins 5 %, un pourcentage qui a été associé à une amélioration des problèmes de santé liés à l’obésité. Chez les enfants ayant reçu un placebo, 9 % ont atteint cet objectif.
Des mesures plus faibles de la pression artérielle et de la glycémie ont été détectées chez les enfants qui ont reçu le médicament, ont noté les chercheurs.
Compromis de l’accès précoce aux traitements
Étant donné que le médicament traite la physiologie sous-jacente de l’obésité – une maladie chronique complexe qui peut survenir à tout âge – une utilisation précoce pourrait empêcher l’obésité et les problèmes de santé potentiellement mortels de se propager jusqu’à l’adolescence et au-delà.
« Nous voulons que ces enfants aient une vie longue et saine », a déclaré le Dr Alaina Vidmar, spécialiste de l’obésité pédiatrique à l’hôpital pour enfants de Los Angeles aux États-Unis, qui n’a pas participé à la nouvelle étude.
« Plus tôt nous commencerons, plus nous pourrons empêcher les enfants de développer un diabète précoce, une maladie cardiaque précoce, une apnée du sommeil, etc. Ne rien faire n’est pas la bonne solution ».
Les effets secondaires étaient fréquents chez les personnes ayant reçu le médicament, en particulier les effets gastro-intestinaux tels que les nausées, les vomissements et la diarrhée. Au cours du suivi de six mois, les enfants des deux groupes qui ont arrêté le traitement ont vu leur IMC augmenter et ont pris du poids, selon l’étude.
Les experts ont déclaré que les médecins et les parents devraient examiner attentivement ces risques et le manque de données sur l’utilisation à long terme de ces médicaments chez les jeunes enfants.
« Disposer d’un médicament pour cette tranche d’âge, s’il est approuvé, serait un outil vraiment intéressant, mais nous devrons également être prudents quant à la manière dont nous commencerons à l’utiliser », a déclaré le Dr Melissa Crocker, spécialiste de l’obésité pédiatrique au Boston Children’s Hospital aux États-Unis, qui n’a pas participé à l’étude.
« Et je répondrais différemment à 6 ans qu’à 11 ans ».
L’essai a été étendu pour inclure davantage de traitements et de suivis, avec des résultats attendus en 2027.
