The Republican Guard at the Arc de Triomphe on Bastille Day in Paris

Jean Delaunay

Les marchés rebondissent sur les paris sur l’échec de Le Pen au second tour français

L’euro a ouvert en hausse lundi, alors que le premier tour des élections législatives françaises a indiqué que le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen pourrait ne pas obtenir suffisamment de voix pour former un gouvernement.

Le premier tour des élections législatives françaises a montré que le parti d’extrême droite Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen pourrait ne pas être en mesure de réunir suffisamment de voix pour obtenir la majorité absolue, ce qui accroît la possibilité d’un parlement sans majorité absolue. Ce résultat a soutenu l’euro, la monnaie unique ayant ouvert en hausse face à la plupart des autres devises du G10 lors de la séance asiatique de lundi, les investisseurs étant soulagés des graves perturbations économiques et politiques qui auraient pu s’ensuivre si le parti de Marine Le Pen avait obtenu le monopole du pouvoir.

Un possible parlement sans majorité

Le taux de participation aux élections législatives françaises a atteint 59,4% ce week-end, contre 39,4% il y a deux ans, soit le taux le plus élevé depuis 1986. Selon les projections du premier tour de scrutin de dimanche, le Rassemblement national (RN) d’extrême droite, dirigé par Marine Le Pen, a recueilli entre 33% et 34,2% des voix au niveau national. La coalition de gauche suit avec 28,5% à 29,6%, tandis que l’alliance centriste du président Emmanuel Macron recueille entre 21,5% et 22,4% des voix.

Les résultats potentiels suggèrent que le NR pourrait obtenir entre 230 et 315 sièges, le Nouveau Front populaire entre 115 et 200 sièges et l’alliance centriste de Macron entre 60 et 120 sièges. C’est la première fois dans l’histoire que l’extrême droite accède à un tel pouvoir politique en France.

Le parti de Marine Le Pen n’a cependant pas encore réussi à obtenir la majorité absolue nécessaire pour dominer l’Assemblée nationale, ce qui rend difficile l’adoption de lois. Si cette situation risque de créer une situation précaire pour le paysage politique français, le second tour des élections, prévu le 7 juillet, déterminera l’avenir du pays. Si le NR ne parvient pas à obtenir suffisamment de sièges pour obtenir le pouvoir absolu au parlement, les accords entre les partis lors du second tour seront déterminants pour l’issue du scrutin.

Néanmoins, cela pourrait être le meilleur résultat pour les marchés européens et pour l’euro, dans la mesure où l’extrême droite française n’a pas obtenu autant de soutien que prévu. Un scénario de parlement sans majorité signifie qu’aucun parti ne peut prendre le pas sur le pouvoir législatif, ce qui constitue une menace moindre pour la stabilité financière de la France. Cela donnera également à Macron le temps et l’opportunité de faire volte-face lors des prochaines élections, dans trois ans.

Les marchés européens terminent le mois de juin en baisse, mais les volatilités restent à venir

Les principales bourses européennes ont terminé le mois de juin sur une note négative en raison des turbulences politiques. La chute a été particulièrement prononcée sur les actions françaises, le CAC 40 ayant chuté de 6,42 % le mois dernier. L’Euro Stoxx 600 a chuté de 2,08 % et le DAX de 1,42 % en juin. Par conséquent, l’euro s’est affaibli par rapport à la plupart des autres devises du G10 en raison de la montée en puissance de l’extrême droite lors des élections parlementaires européennes. Dans le contexte des incertitudes entourant l’issue finale des élections françaises, les marchés boursiers européens et l’euro devraient rester volatils au cours de la semaine à venir.

L’aversion au risque pourrait continuer à dominer le sentiment du marché, comme en témoigne l’écart de rendement entre les obligations françaises à 10 ans et leurs homologues allemandes, qui a de nouveau atteint 81,1 points de base vendredi, son plus haut niveau depuis 2012. En temps de crise, les obligations d’État allemandes sont considérées comme des valeurs refuges en Europe, ce qui entraîne une augmentation de l’écart de rendement entre les obligations de référence de ces deux pays.

Ventes massives d’obligations d’État françaises

Simultanément, les investisseurs semblaient vendre les obligations du gouvernement français, craignant que la montée du parti d’extrême droite ne nuise à la capacité de la France à gérer sa dette publique. Le programme de Marine Le Pen prônant des politiques anti-immigration, des réductions d’impôts et un abaissement de l’âge de la retraite devrait creuser considérablement le déficit public.

Certains craignent également que les turbulences économiques potentielles aient un effet domino sur l’ensemble de la zone euro. La semaine dernière, le gouvernement allemand a suspendu une émission conjointe de dette publique destinée à soutenir le système de défense en raison des troubles politiques en France. En outre, la montée de l’influence de l’extrême droite pourrait décourager les investissements étrangers et entraver les progrès technologiques de la France en Europe, ce qui met en péril le plan ambitieux d’Emmanuel Macron visant à attirer jusqu’à 15 milliards d’euros d’investissements, notamment dans les technologies, l’intelligence artificielle et les produits pharmaceutiques.

Malgré les risques croissants en France, la BCE ne juge pas nécessaire d’intervenir sur le marché obligataire français. Les parlementaires ont souligné que la résolution des turbulences sur les marchés français relevait en premier lieu de la compétence des responsables politiques français.

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