Une centaine de femmes ont manifesté vendredi à Bruxelles pour dénoncer les violences de genre à la veille de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, le 25 novembre.
Les femmes portaient des gants rouges et brandissaient des banderoles avec des codes QR, qui cachaient les messages « intimes » des femmes qui les portaient. Le projet a été dirigé par la célèbre artiste espagnole Alicia Framis.
« J’ai voulu démontrer en accord avec le féminin, qui est silence, rétrospection, élégance (…) je pense que le problème principal pour les femmes dans toute l’Europe est la violence, mais pas seulement la violence physique mais aussi la violence verbale », a expliqué l’artiste.
Framis a organisé la « Grève Secrète » en collaboration avec l’Ambassade d’Espagne à Bruxelles.
Cette « performance » a réuni un groupe de bénévoles restés immobiles pendant dix minutes pour dénoncer les violences physiques et sexuelles qui touchent une femme sur trois dans le monde, selon l’ONU.
Et cela s’est produit alors que les ministres européens de l’égalité tenaient une réunion informelle ce vendredi à Pampelune, en Espagne. Les négociations informelles entre les États membres de l’UE avaient pour objectif de faire adopter la première directive européenne contre la violence à l’égard des femmes.
Framis a déclaré avoir décidé d’organiser cette « grève secrète » devant le bâtiment du Conseil européen pour dénoncer le blocage de la législation qui définirait le viol comme un rapport sexuel sans consentement dans les 27 pays du bloc.
L’artiste a prévenu qu' »au lieu de progresser, de nombreux pays envisagent de réduire » les droits des femmes.
La Commission européenne, l’organe exécutif de l’UE, a proposé l’année dernière une législation visant à rendre les lois sur le viol fondées sur le consentement cohérentes dans l’ensemble du bloc et à introduire un ensemble commun de sanctions.
Alors que d’autres détails de la directive, notamment une proposition visant à criminaliser les mutilations génitales féminines et la cyberintimidation, semblent rassembler un consensus parmi les 27 pays membres, la définition du viol basée sur l’absence de consentement divise profondément.
Selon Human Rights Watch, seuls 13 États membres de l’UE utilisent des définitions fondées sur le consentement pour criminaliser le viol.
Beaucoup d’autres nécessitent encore le recours à la force, ou à la menace, pour appliquer une punition. La France considère par exemple qu’un viol peut être considéré comme commis lorsqu’« un acte de pénétration sexuelle ou un acte oro-génital est commis sur une personne, avec violence, contrainte, menace ou surprise ».
Les négociations entre le Parlement européen, les États membres et la Commission européenne sont au point mort en raison de la réticence de certains pays de l’UE à inclure le crime de viol dans le texte final, comme la France et l’Allemagne.