Cette loi pourrait ouvrir la voie au retour de l’ancien président catalan en fuite, Carles Puigdemont.
La chambre basse du parlement espagnol débat et vote mardi sur une loi d’amnistie extrêmement controversée qui vise à mettre un terme aux problèmes juridiques de centaines de personnes potentiellement impliquées dans la tentative infructueuse d’indépendance de la Catalogne en 2017.
Le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a accepté de faire adopter la loi en échange du soutien parlementaire de deux petits partis séparatistes catalans – Esquerra Republicana et Junts per Catalunya -, lui permettant de former un nouveau gouvernement minoritaire de gauche après les élections générales espagnoles peu concluantes.
Les conservateurs, qui ont remporté le plus de sièges aux élections de 2023, n’ont pas réussi à obtenir le soutien parlementaire. Ce fut ensuite le tour de Sanchez, mais sans ces deux partis, il n’aurait pas pu former un gouvernement, ce qui signifie que le pays aurait dû se rendre à de nouvelles élections.
Le projet de loi, qui est crucial pour leur soutien, pourrait ouvrir la voie au retour de l’ancien président catalan en fuite Carles Puigdemont – chef de l’un des partis séparatistes – qui a fui l’Espagne pour la Belgique après avoir mené l’échec de la tentative de sécession illégale en 2017, qui a amené le pays au bord du gouffre.
Une question clé est de savoir si le parti de Puigdemont peut obtenir des clauses dans le projet de loi qui le protégeraient de toute contestation judiciaire s’il revenait. S’il n’y parvient pas, il pourrait abattre le projet de loi.
Puigdemont et la question de l’indépendance catalane sont un anathème pour de nombreux Espagnols, et le projet d’amnistie a suscité la colère des partis d’opposition conservateurs et d’extrême droite, qui représentent environ la moitié de la population du pays. De nombreux membres du système judiciaire et de la police s’y opposent également, tout comme plusieurs personnalités du parti de Sánchez.
Les partis d’opposition ont organisé au moins sept manifestations majeures contre la loi ces derniers mois.
Pourquoi la loi vacille-t-elle ?
Le parti du leader indépendantiste Carles Puigdemont a annoncé qu’il voterait contre la loi d’amnistie à moins que les amendements proposés pour garantir que tous les cas liés à la tentative de sécession soient inclus et acceptés.
La principale pierre d’achoppement est l’inclusion des affaires de terrorisme dans la loi d’amnistie. Junts per Catalunya veut protéger Puigdemont et son implication dans l’affaire d’enquête sur les activités de la plateforme indépendantiste Tsunami Democràtic.
Le juge de la Cour suprême espagnole chargé de l’enquête veut attribuer les crimes terroristes à deux cas.
Ce sont les événements survenus à l’aéroport El Prat de Barcelone le 14 octobre 2019, lorsqu’une foule de manifestants a fait effondrer l’aéroport et qu’un voyageur français est décédé d’un arrêt cardiaque et que deux policiers ont été grièvement blessés lors des affrontements.
Le parti de Puigdemont souhaite modifier le texte de la loi afin que tous les crimes terroristes soient amnistiés.
Quelle est la prochaine?
Même si le projet de loi est finalement approuvé mardi, on ne sait pas quand la loi pourrait entrer en vigueur, car elle devrait être soumise au Sénat, où le principal parti d’opposition farouchement conservateur, le Parti populaire, dispose d’une majorité absolue. Le parti s’est engagé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour bloquer le projet de loi au Sénat et le contester devant les tribunaux.
Après avoir nié pendant sa campagne électorale que les socialistes accorderaient l’amnistie, Sánchez affirme désormais que l’amnistie sera positive pour l’Espagne car elle calmera davantage les eaux en Catalogne.
Le précédent gouvernement de Sánchez a gracié plusieurs dirigeants emprisonnés du mouvement indépendantiste catalan.
Le vote doit être approuvé par 176 législateurs de la chambre basse de 350 sièges. La coalition minoritaire de Sánchez dispose de 147 sièges, mais bénéficie en principe du soutien d’au moins 30 députés supplémentaires.