Protesters gather outside the parliament building in Tbilisi.

Jean Delaunay

Les Géorgiens protestent contre la nouvelle tentative du gouvernement d’adopter une « loi russe »

La législation élaborée pour lutter contre « l’influence étrangère » a suscité de nombreuses protestations.

Des milliers de Géorgiens sont descendus dans les rues de Tbilissi pour protester contre une loi qui, selon eux, imite les mesures répressives prises en Russie.

Le parti au pouvoir en Géorgie, Georgian Dream, a remanié une loi controversée interdisant les agents étrangers dans le pays, qui avait été retirée il y a un an en raison du tollé général.

La loi exige que les médias et les organisations non commerciales s’enregistrent comme « agents étrangers » s’ils reçoivent plus de 20 % de leur budget de l’étranger.

Le seul changement par rapport à la première version de la loi est une refonte de l’expression « agents d’influence étrangère » comme « poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère ».

La loi a été critiquée à Bruxelles et à Washington comme étant similaire à celle utilisée en Russie pour stigmatiser les médias et organisations d’information indépendants.

Le rêve géorgien est souvent critiqué pour son ouverture inquiétante à la Russie, même s’il existe un débat de longue date sur la question de savoir si cette caractérisation est justifiée.

La présidente du pays, Salomé Zourabichvili, s’est prononcée avec force contre le projet de loi. S’exprimant lors d’une manifestation, elle a déclaré que la législation « représente un choix entre » l’indépendance ou l’esclavage, celui de l’Europe et de la Russie.

Bruxelles a averti que si elle était adoptée, la loi sur « l’influence étrangère » porterait un coup dur à la candidature de la Géorgie à l’UE – ce que la population géorgienne soutient largement.

Le Service européen pour l’action extérieure, la principale branche de politique étrangère de l’UE, a déclaré la semaine dernière que la réintroduction du projet de loi soulevait de « sérieuses inquiétudes ».

« L’UE rappelle que le Conseil européen a accordé à la Géorgie le statut de candidat, étant entendu que les mesures pertinentes énoncées dans la recommandation de la Commission du 8 novembre 2023 seront prises », a prévenu le service dans un communiqué.

« L’étape 9 comprend une recommandation adressée à la Géorgie pour garantir que la société civile puisse fonctionner librement, et l’étape 1 appelle la Géorgie à lutter contre la désinformation contre l’UE et ses valeurs.

« La transparence ne doit pas être utilisée comme un instrument pour limiter la capacité de la société civile à fonctionner librement. »

La Russie cherche depuis longtemps à faire valoir ses intérêts en Géorgie, l’un des nombreux pays frontaliers que le gouvernement Poutine considère comme faisant partie de sa prétendue sphère d’influence légitime.

En 2008, la Russie a envahi deux régions géorgiennes séparatistes, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, dans une démarche qui préfigurait son assaut sur l’est de l’Ukraine en 2014. Depuis lors, il n’y a plus eu de relations diplomatiques formelles entre Tbilissi et Moscou.

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