Les anciens Premiers ministres appelaient à « mesurer » leurs dépenses

Martin Goujon

Les anciens Premiers ministres appelaient à « mesurer » leurs dépenses

PARIS — Dominique de Villepin, Jean-Pierre Raffarin et Lionel Jospin forment désormais le trio de tête des anciens Premiers ministres les plus dépensiers, selon une note au projet de loi de finances écrite par Marie-Christine Dalloz. La députée Droite républicaine a obtenu le coût des avantages dont ont joué les anciens locataires de Matignon ces dernières années.

En 2023, 11 d’entre eux ont retenu de menus services (chauffeur, voiture, secrétaire) à hauteur de 1,23 million d’euros, un montant en hausse de 27% par rapport à 2022, lit-on dans le document consulté par L’Observatoire de l’Europe.

Rien de pharaonique, même si un effort serait bienvenu, suggère Marie-Christine Dalloz. La parlementaire les appelle « à être davantage mesurées dans leurs dépenses par souci d’exemplarité au regard de la situation financière de la France ».

«Un ou deux (sont) particulièrement concernés, d’autant qu’ils feront souvent des commentaires sur les plateaux télévisés», a-t-elle souligné mercredi en dévoilant ses travaux en commission des Finances. Invité régulière des matinales radio et télé, Dominique de Villepin se sentira peut-être visé.

Pour le patron de Villepin International, qui prodigue ses conseils aux dirigeants du monde, l’Etat a dépensé 6 287 euros en frais automobiles et 191 252 euros en frais de personnel, pour un montant total de 197 540 euros. Jean-Pierre Raffarin, dont les affaires prospèrent notamment en Chine, a coûté 167 467 euros, juste devant Lionel Jospin (162 012 euros).

Plusieurs autres dépassent la barre des 100 000 euros. C’est le cas de Manuel Valls, François Fillon, Bernard Cazeneuve et Edouard Balladur. Moins nécessiteux, Alain Juppé, Jean-Marc Ayrault et Edith Cresson fermentent la marche.

A leur demande, les anciens chefs du gouvernement français peuvent bénéficier de ces avantages en nature, encadrés par un décret pris en 2019 sous Edouard Philippe. Ils sont octroyés pour une durée de dix ans à compter du départ Matignon, et pas au-delà de leurs 67 ans. Cette limite d’âge ne s’applique pas aux « PM » qui ont quitté leurs fonctions avant le décret.

Edouard Philippe et Laurent Fabius n’ont eux pas coûté un centime l’année dernière. La raison ? Ils occupent tous les deux un mandat ou une fonction publique (maire du Havre et président du Conseil constitutionnel), ce qui les empêche, au moins pour le moment, d’en profiter.

Quant à Jean Castex, patron de la RATP depuis 2022, il n’affiche aucune dépense de personnel et la plus petite enveloppe de dépenses automobiles, à 3 607 euros.

Elisabeth Borne et Gabriel Attal sont absents de la liste. Et pour cause, la première était encore à Matignon en 2023, et la seconde pas encore en fonction.

La somme des à-côtés accordés aux anciens Premiers ministres dépasse d’un peu celle de ceux offerts aux anciens présidents de la République, qui ne sont plus que deux « en activité », si l’on ose dire. Mieux dotés en personnel, mais aussi pourvus d’un bureau, de matériel informatique et d’une enveloppe de « frais divers », Nicolas Sarkozy et François Hollande ont coûté 1,08 millions d’euros à l’État l’année passée.

Cette somme a reculé sur un an de 12%, d’après les calculs de Marie-Christine Dalloz.

Toutes ces dépenses s’entendent hors indemnités de retraite et dépenses de sécurité, directement prises en charge par le ministère de l’Intérieur.

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