La nature des manifestations n’a pas encore été confirmée mais les dirigeants syndicaux affirment qu’elles pourraient s’étendre à Bruxelles.
Les agriculteurs français prévoient de nouvelles manifestations à l’échelle nationale en novembre prochain en raison des inquiétudes suscitées par l’accord commercial UE-Mercosur.
Deux des principaux syndicats agricoles français ont annoncé une nouvelle vague de manifestations le mois prochain contre un accord commercial en cours de négociation entre l’UE et les pays sud-américains du bloc Mercosur.
La finalisation de l’accord est attendue avant la fin de l’année, potentiellement en marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro, au Brésil, en novembre.
Les syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs prévoient des manifestations à l’échelle nationale à partir de la mi-novembre.
« Nous appelons notre réseau à relancer les manifestations à partir du 15 novembre 2024 », ont déclaré les présidents des deux syndicats, Arnaud Rousseau et Pierrick Horrel, au journal français Ouest-France. C’est trois jours avant le début du sommet du G20 au Brésil.
La nature exacte de ces manifestations n’a pas encore été confirmée, mais Rousseau a également déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse mardi qu’ils pourraient atteindre Bruxelles.
Pourquoi les agriculteurs français sont-ils opposés à l’accord commercial ?
La FNSEA affirme que l’accord commercial avec le Mercosur est le dernier déclencheur de sa frustration croissante face à « l’incohérence » des politiques de l’UE. Les agriculteurs français craignent qu’un accord avec le bloc Mercosur n’entraîne un afflux de viande de bœuf bon marché et d’autres produits agricoles qui, selon eux, ne sont pas soumis aux réglementations strictes de l’UE.
« L’accord ouvrirait la porte à 99 000 tonnes de viande bovine, 180 000 tonnes de volailles, l’équivalent de 3,4 millions de tonnes de maïs et 180 000 tonnes de sucre », préviennent la FNSEA et Jeunes Agriculteurs dans un communiqué commun.
Un fonds de compensation aurait été proposé par la Commission européenne pour apaiser les inquiétudes des agriculteurs, selon un article publié par Politico le 16 octobre. La FNSEA estime qu’il s’agit d’une « provocation pour les agriculteurs européens » qui « consisterait à brader notre agriculture et à condamner la durabilité de nos exploitations agricoles en important des aliments dont l’Europe ne veut pas ».
De précédentes protestations massives d’agriculteurs ont débuté dans toute l’Europe au début de cette année en raison de la colère suscitée par les réglementations environnementales et la concurrence des importations bon marché.
La France a connu de nouvelles manifestations locales ces dernières semaines, les syndicats s’inquiétant du « manque de mesures concrètes et durables » face à des pressions croissantes telles que les mauvaises récoltes liées aux conditions météorologiques et les épidémies.
La pression monte sur la France pour qu’elle s’oppose à l’accord
Bien qu’un accord avec le Mercosur ait été initialement conclu en 2019, plusieurs États de l’UE l’ont initialement bloqué en raison du manque d’engagements environnementaux dans le projet d’accord et des inquiétudes quant à son impact sur l’agriculture européenne. La France a été l’un des opposants les plus importants.
Plusieurs députés français ont de nouveau fait pression sur la France pour qu’elle s’oppose à l’accord ces dernières semaines, estimant qu’il serait « délétère pour la biodiversité et les forêts, mais aussi pour les agriculteurs et les salariés qui se voient en concurrence déloyale avec des marchés où les normes environnementales et sociales sont moins strictes ». ».
Les Verts français ont exhorté le président Emmanuel Macron à proposer la formation d’une coalition de pays de l’UE contre l’accord.
Interrogé sur l’accord la semaine dernière, Macron a déclaré que « dans l’état actuel, ce n’est pas un traité acceptable ».
« Nous appelons au respect substantiel des accords de Paris, des clauses miroir et à la protection des intérêts, des industries et des agriculteurs européens, car il s’agit d’une question de règles du jeu équitables », a-t-il ajouté.