Hard-left figure Jean-Luc Melenchon leaves after voting in the first round of the parliamentary election, Sunday, June 12, 2022 in Marseille, France.

Milos Schmidt

Les actions françaises volatiles après le succès surprise de l’extrême gauche aux élections

Les cours des actions s’effondrent en France en raison de l’incertitude qui plane sur l’avenir politique du pays, même si les obligations restent relativement stables.

Les marchés français étaient instables lundi matin après la victoire surprise du parti de la coalition d’extrême gauche française aux élections législatives de dimanche soir.

Après une légère baisse en début de séance, les actions du CAC 40 ont fortement rebondi, pour ensuite chuter brutalement peu avant 11h00 CET. Les cours évoluent depuis sur une trajectoire baissière.

Et ce, malgré un marché obligataire français étonnamment peu dynamique, où le rendement à 10 ans se situe autour de 3,2 %.

Les dernières projections de sondage suggèrent que l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) a remporté 182 des 577 sièges de l’Assemblée nationale française après le vote de dimanche.

L’alliance centriste du président sortant Macron devrait remporter 168 sièges, tandis que le RN d’extrême droite ne devrait en obtenir que 143. Ces chiffres sont contraires aux prévisions précédentes selon lesquelles le parti pourrait obtenir la majorité absolue.

« Il semble que les partis anti-extrême droite aient vraiment reçu beaucoup de soutien », a déclaré Simon Harvey, responsable de l’analyse FX chez Monex Europe, cité par Reuters.

« Mais fondamentalement, du point de vue du marché, il n’y a aucune différence en termes de résultat. Il y aura vraiment un vide en ce qui concerne la capacité législative de la France. »

La classe politique française se retrouve dans une impasse

Après la chute des marchés suite à l’annonce d’élections législatives anticipées le mois dernier, les actions ont enregistré quelques gains au cours de la semaine précédant l’élection, renforcées par la prédiction selon laquelle le RN n’obtiendrait pas la majorité absolue.

Alors que la France se retrouve confrontée à un parlement sans majorité absolue, le marché lutte contre l’incertitude politique.

Aucun parti n’ayant réussi à obtenir une majorité de 289 voix, les groupes devront former des coalitions pour éviter une impasse législative.

En pratique, cette possibilité semble peu probable, car les politiciens du parti centriste Ensemble ne se sentiront guère à l’aise à l’idée de s’associer à l’extrême gauche.

Dans une interview accordée la semaine dernière à la radio France Inter, le ministre des Finances et allié de Macron, Bruno Le Maire, s’est montré cinglant à l’égard de La France insoumise (LFI), membre clé du NFP. « Pour moi, La France insoumise est un danger pour la nation, tout comme le Rassemblement national est un danger pour la République », a-t-il déclaré.

Le chef de file de la gauche française Jean-Luc Mélenchon a exprimé le même dégoût pour ses adversaires. Sur l’émission Ensemble, il a déclaré hier : « Nous refusons d’entrer en négociation avec son parti pour faire des compromis, surtout après avoir lutté sept ans contre ses échecs. »

Si une coalition entre ces deux forces paraît donc peu probable, certains pensent également que le Nouveau Front populaire, formé à la hâte avant le scrutin, pourrait ne pas durer une semaine.

Outre la LFI, le NFP est composé de plusieurs partis, dont le Parti socialiste plus modéré, le Parti écologiste vert et le Parti communiste français, qui ont tous leurs propres programmes.

Mélenchon pourrait-il avoir les clés des caisses ?

A ce dilemme politique s’ajoute que les analystes économiques sont également conscients des promesses de Mélenchon de dépenses effrénées.

Le parti LFI a déclaré vouloir augmenter progressivement les dépenses publiques de 150 milliards d’euros, un plan qui, selon lui, sera financé par des impôts plus élevés pour les plus riches.

L’Institut Montaigne estime que les promesses de campagne du Nouveau Front populaire nécessiteraient près de 179 milliards d’euros de fonds supplémentaires par an.

Parmi les autres mesures proposées, le groupe souhaite mettre en œuvre une augmentation de 10 % des salaires des fonctionnaires, augmenter les aides au logement de 10 %, embaucher davantage d’enseignants et de personnels de santé et abroger la réforme des retraites de Macron.

Ces engagements interviennent à un moment où la santé économique de la France n’est pas au top.

Le déficit budgétaire de la France s’est établi à 5,5 % du PIB en 2023, bien au-dessus de l’objectif de 4,9 % du gouvernement, et un résultat qui s’est accompagné d’une dégradation de la note de crédit de S&P en mars.

Malgré l’incertitude qui plane sur la politique française, certains analystes ont néanmoins souligné que l’impasse imminente dans laquelle se trouve le pays pourrait en réalité apaiser certains investisseurs.

Si la gauche peine à obtenir une majorité, Mélenchon n’aura pas facilement accès aux caisses de l’État. Ses politiques les plus radicales pourraient donc être abandonnées.

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