Les Bourses européennes ont chuté mercredi après une chute des semi-conducteurs à Wall Street. Des données économiques plus faibles que prévu, notamment des révisions à la baisse des indices PMI de la zone euro, ont encore pesé sur le moral des investisseurs.
Les marchés européens ont connu un sentiment d’aversion au risque mercredi, après une chute des actions de Nvidia due aux semi-conducteurs, qui a vu les actions de Nvidia chuter de 9,5 %, effaçant environ 280 milliards de dollars (252 milliards d’euros) de valeur de marché.
L’indice Euro Stoxx 50 reculait de 1% à 10h30 CET, après une baisse de 1,2% la veille.
L’indice AEX d’Amsterdam a enregistré la plus mauvaise performance, en baisse de 1,4%, principalement en raison d’une forte baisse de 5% des actions d’ASML Holding NV, marquant la pire séance de la société depuis début août. La banque suisse UBS a abaissé la note du fabricant néerlandais de puces électroniques de Buy à Neutral, réduisant l’objectif de cours à 900 euros par action, contre 1 050 euros auparavant, dans un contexte de craintes croissantes pour la croissance future.
L’intensité de lithographie de la société atteint un plateau dans les segments logique et mémoire, la demande en intelligence artificielle s’avérant insuffisante pour compenser cette tendance, explique l’analyste François-Xavier Bouvignies dans une note de recherche aux investisseurs.
Les principaux indices boursiers d’Espagne, de France, d’Allemagne et d’Italie ont également enregistré des baisses, chacun en baisse d’environ 0,7 %.
Les géants du luxe LVMH et Kering ont été parmi les moins performants en France, avec des actions en baisse de 2,6% et 2% respectivement. Les rendements des obligations souveraines de la zone euro ont baissé, les investisseurs ayant adopté une position défensive dans un contexte de détérioration des données économiques.
Les données économiques pèsent sur le sentiment
Sur le plan macroéconomique, des signes de faiblesse ont continué d’apparaître. L’activité manufacturière américaine s’est contractée plus que prévu en août, juste avant la publication des données cruciales sur le marché du travail plus tard cette semaine.
Dans le même temps, les enquêtes privées Caixin en Chine ont signalé une expansion plus lente que prévu dans le secteur des services en août, ajoutant aux inquiétudes quant à la santé de la deuxième économie mondiale.
Arjen van Dijkhuizen, économiste senior pour la Chine chez ABN Amro, a commenté : « L’économie chinoise reste bloquée au ralenti, le ralentissement de l’immobilier entraînant une baisse de la demande intérieure et des risques croissants sur le front extérieur. »
En Europe, S&P Global a révisé à la baisse ses enquêtes PMI, montrant une croissance plus faible que prévu dans le secteur des services le mois dernier.
L’indice PMI composite de la zone euro de la Banque commerciale de Hambourg (HCOB) pour le mois d’août a été légèrement ajusté à la baisse à 51, contre une estimation initiale de 51,2, contre 50,2 en juillet.
Bien qu’il s’agisse du sixième mois consécutif d’expansion, les nouvelles commandes, l’emploi et la confiance ont tous montré des signes de ralentissement.
La croissance de la zone euro continue de dépendre du secteur des services, qui a enregistré sa plus forte croissance depuis trois mois. Le secteur manufacturier reste toutefois en récession, la production industrielle se contractant pour le 17e mois consécutif.
La France a fait figure de point positif en août, l’activité du secteur privé enregistrant sa croissance la plus rapide depuis mai 2022, grâce à l’essor des services lié aux Jeux olympiques de Paris.
L’Allemagne, en revanche, a continué à lutter, enregistrant sa deuxième contraction mensuelle consécutive de l’activité du secteur privé.
« Si cette performance médiocre du secteur des services se poursuit, cela pourrait rendre plus probable une récession économique générale en Allemagne », a averti le Dr Cyrus de la Rubia, économiste en chef de la Hamburg Commercial Bank. Il a ajouté que si les services ont tiré la croissance, le secteur manufacturier reste en récession, la situation se détériorant dans plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne.
« Les mauvaises nouvelles sont de bonnes nouvelles » pour la politique de la BCE
Pour la Banque centrale européenne (BCE), les dernières données pourraient apporter un certain soulagement.
Selon de la Rubia, une baisse des pressions sur les prix, notamment sur les salaires, pourrait apaiser les craintes d’inflation, permettant à la BCE une plus grande flexibilité dans ses décisions politiques futures.
Bien que les enquêtes PMI aient montré une légère hausse des prix du secteur des services en août, les pressions globales sur les coûts ont diminué, ce qui pourrait influencer la position de la BCE sur les taux d’intérêt.
Les données d’inflation du mois d’août montrant également des tendances positives, les derniers chiffres d’Eurostat pourraient conduire à une nouvelle baisse des taux lors de la prochaine réunion du 12 septembre, selon l’expert.
Dans une note récente, Bank of America a prévu une baisse de ses taux de 25 points de base en septembre et en décembre.
En outre, l’économiste de la Banque européenne, Ruben Segura-Cayuela, a noté que « si l’activité s’avère encore plus faible (un risque évident à court terme), même une réduction en octobre 2024 pourrait être envisagée ».
Bank of America prévoit également une baisse de taux de 125 points de base en 2025, le taux de dépôt revenant à 2 % d’ici septembre. Si l’inflation continue à être inférieure aux objectifs, deux baisses supplémentaires pourraient être à l’horizon en 2026.