Le Royaume-Uni ne coopère pas suffisamment pour aider à réduire les bateaux de migrants, selon un nouveau rapport français.
Un nouveau rapport français accuse le Royaume-Uni de ne pas suffisamment coordonner ses efforts pour réduire le nombre de migrants traversant la Manche à bord de petits bateaux.
Ces critiques s’inscrivent dans le cadre d’une évaluation plus large soulignant « l’efficacité incertaine » des politiques d’immigration clandestine.
La France « a du mal à développer des accords de coopération opérationnelle » avec le Royaume-Uni, selon le rapport publié jeudi par la Cour des comptes française, organisme chargé de contrôler l’utilisation des fonds publics – indépendant du gouvernement.
Le rapport fait notamment référence à une unité commune de renseignement créée en 2020 pour lutter contre le trafic d’êtres humains et réduire le nombre de personnes risquant leur vie pour traverser illégalement la Manche. En 2022, l’unité a contribué au démantèlement de sept réseaux de migration clandestine.
La Cour « a constaté que les Britanniques ne fournissent pas d’informations exploitables sur les départs des petits bateaux, et donnent des informations très générales, de premier niveau, qui n’ont pas été contre-vérifiées ».
Les informations sur les circonstances dans lesquelles les migrants arrivent, sur leurs nationalités et sur les bateaux « semblent très inégales », indique le rapport.
« Les relations entre la France et le Royaume-Uni sont donc déséquilibrées en termes d’échange d’informations et de renseignements », ajoute-t-il.
Le ministère britannique de la Défense estime que les traversées de la Manche par bateau ont augmenté d’au moins 58 % entre 2021 et 2022, année qui a vu plus de 45 000 migrants arriver sur les côtes britanniques.
Le rapport affirme qu’environ 56 % des tentatives de passage à la frontière ont été empêchées la même année, soit un chiffre inchangé par rapport à l’année précédente.
Le gouvernement britannique a annoncé cette semaine que le nombre de migrants traversant la frontière avait diminué de plus d’un tiers en 2023, pour atteindre un peu moins de 26 000, remerciant le « partenariat avec la France » pour son rôle dans cette baisse.
Pourquoi ces fissures apparaissent-elles maintenant ?
Ces dernières années, la France a intensifié ses efforts pour empêcher les migrants de traverser la Manche, notamment en renforçant la police, les équipements et les installations.
Le pays a reçu 222 millions d’euros du Royaume-Uni de 2018 à 2022 dans le cadre d’un accord bilatéral.
En mars dernier, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a débloqué 541 millions d’euros supplémentaires pour la période 2023-2026.
Le nombre de personnes vivant illégalement en France est inconnu, mais les chercheurs du Pew Research Center estimaient leur nombre en 2017 entre 300 000 et 400 000, dans un pays de 67 millions d’habitants.
Cela représente environ trois fois moins de migrants sans statut légal qu’au Royaume-Uni et en Allemagne.
Le rapport de la Cour des comptes a également évalué une série d’autres questions liées aux politiques d’immigration illégale, qui ont fait l’objet de 133 modifications législatives au cours de la dernière décennie.
Il souligne la difficulté d’appliquer les ordres de quitter le territoire national, alors que la France est le pays qui procède au plus grand nombre d’expulsions dans l’Union européenne.
Plus de 150 000 décisions de ce type ont été prises en 2022 et seulement 10 % des personnes concernées ont effectivement quitté le pays, précise le communiqué.
Au milieu d’un récent débat sur un projet de loi sur l’immigration axé en grande partie sur la manière d’accélérer le processus d’expulsion, le rapport indique que « les comparaisons internationales suggèrent qu’un changement d’échelle n’est pas réaliste » concernant de telles politiques.
Les autorités britanniques ont renvoyé environ 3 500 personnes dans leur pays d’origine et l’Allemagne a renvoyé environ 13 000 personnes en 2022, selon les statistiques recueillies par le ministère français de l’Intérieur.
Les raisons évoquées par le rapport incluent la difficulté des autorités françaises à prouver l’identité des migrants concernés, la réticence des pays d’origine à délivrer une autorisation pour les laisser entrer, et le refus des compagnies aériennes commerciales et des pilotes d’avion de les embarquer.