Kamel Daoud devient le premier auteur d’origine algérienne à remporter le prix Goncourt avec son roman « Houris », interdit en Algérie pour avoir abordé la « décennie noire », la guerre civile qui a opposé les groupes islamistes à l’armée algérienne de 1992 à 2002.
Le prix littéraire le plus prestigieux de France, le Prix Goncourt, a été décerné à l’auteur franco-algérien Kamel Daoud pour son roman « Houris », un récit fictif des massacres de la « décennie noire » algérienne (1992-2002).
Le roman est écrit du point de vue d’un survivant du massacre perpétré par les islamistes le 31 décembre 1999.
Le livre est interdit en Algérie, le pays interdisant tout ouvrage évoquant cette période de guerre civile. En effet, « Houris » contrevient à un article de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, qui interdit d’évoquer les « blessures de la tragédie nationale » – expression utilisée pour qualifier la guerre civile qui a opposé les groupes islamistes à l’armée algérienne de 1992 à 2002, tuant entre 60 000 et 200 000 personnes et faisant des milliers de disparus.
Son éditeur, Gallimard, a été prié de ne pas assister à la 27e édition du Salon international du livre d’Alger, qui se déroule du 6 au 16 novembre.
Daoud, 54 ans, a déjà remporté le Prix Goncourt du Premier Roman pour son livre « L’Enquête Meursault » (« Meursault, contre-enquête » – 2013).
Il devient le premier auteur d’origine algérienne à remporter le prix Goncourt.
Il a été choisi parmi les autres finalistes Hélène Gaudy (avec son roman « Archipels »), Sandrine Collette (« Madelaine avant l’aube ») et Gaël Faye (« Jacaranda ») – ce dernier remportant le prix Renaudot pour son deuxième roman, sur la reconstruction du Rwanda après le génocide de 1994.
Né à Mostaganem, en Algérie, Daoud a étudié la littérature française à l’Université d’Oran et a commencé à travailler comme journaliste lorsqu’il est entré au journal algérien francophone Le Quotidien d’Oran en 1994. Sa chronique populaire, « Raïna Raïkoum » (« Notre opinion, Votre opinion ») a fait de lui un nom connu et l’a amené à devenir chroniqueur dans divers autres médias, dont Le Point.
Il s’installe en France en 2023, trois ans après être devenu citoyen français.
Le Prix Goncourt est décerné par l’Académie Goncourt à l’auteur de « la meilleure et la plus imaginative œuvre en prose de l’année ». Le prix comporte une récompense symbolique de seulement 10 €, mais se traduit par une reconnaissance et des ventes de livres considérables pour l’auteur gagnant.