L’alliance de gauche s’est engagée à augmenter les dépenses publiques à un moment où la France est mise en garde contre son déficit public excessif.
Jean-Luc Mélenchon a cherché à apaiser les craintes selon lesquelles un éventuel gouvernement de gauche en France perturberait les normes de dépenses de l’Union européenne.
Lors d’une visite à Bruxelles quelques jours après la victoire surprise de son alliance de gauche, le Nouveau Front populaire (NPF), au second tour des élections législatives françaises, Mélenchon a affirmé que les projets de dépenses radicaux de son alliance étaient inébranlables.
« Je ne vois pas en quoi notre programme est en contradiction avec (…) les règles budgétaires européennes », a-t-il dit, ajoutant qu’il n’avait pas connaissance de règles de dépenses dans l’Union autre que la nécessité de maintenir un « certain niveau d’équilibre ».
« Ce que je peux dire, c’est que nous sommes suffisamment malins et intelligents pour comprendre que nous n’avons aucun intérêt à une collision frontale avec des institutions capables du pire, comme la Commission européenne », a-t-il ajouté, dans une pique adressée au puissant exécutif de l’UE.
Lors de sa campagne, le Nouveau Front populaire a promis d’augmenter les dépenses publiques de 150 milliards d’euros et s’est engagé à augmenter de 10 % les salaires du secteur public et les aides au logement. Il a déclaré que les dépenses supplémentaires seraient compensées par des impôts sur les super-riches et les grandes entreprises.
Mais Paris est déjà sous le feu des projecteurs à Bruxelles pour son incapacité à réduire le déficit public.
Le mois dernier, l’exécutif européen a mis en garde le gouvernement français contre son déficit constamment élevé – ou la différence entre les dépenses et les recettes publiques -, qui s’élevait à 5,5 % de la production économique en 2023.
Le bloc exige des États membres qu’ils maintiennent leur déficit budgétaire en dessous de 3 % du produit intérieur brut (PIB).
Cet avertissement formel de l’exécutif européen signifie que Paris devrait élaborer un plan en collaboration avec Bruxelles pour réduire son déficit excessif – un processus que le prochain gouvernement, une fois formé, devra s’attaquer de front.
Le résultat des élections législatives de dimanche n’a pas permis de déterminer la composition du Parlement, ce qui signifie que la voie vers un gouvernement est actuellement incertaine, la France étant confrontée à une période d’instabilité politique. Le président Macron a demandé au Premier ministre actuel, Gabriel Attal, de rester en poste pour assurer la continuité du gouvernement pendant que les négociations de coalition sont en cours.
Mercredi, Mélenchon a affirmé que la seule façon de remédier au déficit excessif de la France était d’augmenter les recettes, ce que son parti LFI a toujours préconisé en augmentant les impôts.
« Je peux vous dire qu’il n’y a pas de dépense nouvelle – et je m’y engage au nom de la coalition, et pas seulement en mon nom propre – (…) pas de dépense supplémentaire qui ne soit garantie par des recettes supplémentaires », a-t-il affirmé.
Mélenchon a également cherché à imputer la responsabilité des problèmes budgétaires de la France au capitalisme de libre marché.
« Les politiques néolibérales créent de la dette et des perturbations sociales. Il est donc clair que les choses vont forcément aller plus mal pour la France, qui a été une économie étatisée pendant un millénaire, que pour d’autres États lorsque nous déstabilisons l’État, les services publics et les grandes institutions de solidarité sociale », a-t-il ironisé.
La paralysie politique inquiète Bruxelles
Mélenchon, qui a été le premier chef de parti à faire une déclaration après le dévoilement des sondages de sortie en France dimanche, est susceptible d’effrayer de nombreux centristes à Bruxelles.
Son parti, la France insoumise (LFI), est considéré comme se situant à l’extrême gauche du Nouveau Front populaire, qui abrite également des forces de centre-gauche.
De tous les partis politiques de l’alliance, la France Insoumise a obtenu le plus grand nombre de sièges (71) à l’Assemblée nationale française, suivie du Parti socialiste (PS) avec 64 sièges.
Mélenchon a appelé à plusieurs reprises le président Macron à nommer un Premier ministre issu de l’alliance de gauche. Il a affirmé mercredi qu’une « règle » avait été établie au sein de son alliance selon laquelle le groupe arrivé en tête au sein de la coalition proposerait un candidat au poste de Premier ministre.
Mais un Premier ministre issu du groupe d’extrême gauche constituerait sans aucun doute une ligne rouge pour d’autres forces centristes qui pourraient être des partenaires potentiels du NFP au gouvernement.
Mélenchon a reconnu que le processus de nomination d’un candidat au poste de Premier ministre acceptable par l’ensemble de l’alliance de gauche devait prendre en compte « toutes sortes d’aspects ».