Geoffroy Lejeune a été nommé rédacteur en chef de la publication emblématique après son rachat par le magnat conservateur Vincent Bolloré.
Les journalistes de l’emblématique journal dominical français Le Journal du Dimanche (JDD) ont abandonné mardi une grève de 40 jours contre la nomination d’un rédacteur de droite à la barre.
La rédaction du JDD était en grève depuis juin pour s’opposer à la nomination du journaliste controversé de droite Geoffroy Lejeune au poste de rédacteur en chef du journal – une décision considérée comme une conséquence du rachat de la publication par le magnat des médias conservateur Vincent Bolloré.
Des politiciens, y compris de la majorité au pouvoir de Macron, ainsi que des intellectuels et des célébrités ont soutenu la manifestation, avertissant que le journal influent pourrait devenir un porte-parole de l’extrême droite.
« Aujourd’hui, nous avons perdu une bataille mais notre combat n’est pas terminé », a écrit la rédaction du JDD dans un communiqué. publié mardi, annonçant que 94 % des journalistes avaient décidé d’arrêter la grève lors d’un vote à bulletin secret lundi soir.
Les journalistes du JDD ont averti que nombre d’entre eux quitteront la publication et ont exhorté le gouvernement et les législateurs à prendre des mesures pour protéger l’indépendance des médias.
L’annonce intervient le jour où Lejeune – un fier partisan du candidat d’extrême droite Eric Zemmour lors de la campagne présidentielle de l’année dernière – prend ses fonctions. « Il entrera dans une salle de presse vide. Des dizaines de journalistes refusent de travailler avec lui et sont sur le point de quitter le JDD », indique le communiqué.
La nomination de Lejeune a été officiellement décidée par le groupe d’édition Lagardère, l’ancien propriétaire du JDD, mais elle intervient au moment où le groupe de médias est entièrement repris par le groupe Vivendi, qui appartient à Bolloré.
La Commission européenne a approuvé sous condition l’acquisition de Lagardère par Vivendi en juin de cette année. Pendant des mois, les eurodéputés français et les experts des médias ont exhorté Bruxelles à le bloquer pour des raisons de pluralité des médias. Pour apaiser les craintes de concurrence, Vivendi s’est engagé à se délester de sa branche d’édition Editis et du magazine de potins Gala.
Mais l’accord a de nouveau été examiné à Bruxelles la semaine dernière, lorsque la Commission a lancé une nouvelle enquête sur une éventuelle violation des règles de l’UE sur les fusions en prenant des décisions commerciales sur l’éditeur Lagardère avant que l’accord n’obtienne l’approbation de l’UE.