This courtroom sketch by Valentin Pasquier shows French far-right leader Marine Le Pen during her trial, Paris France, Monday, Oct. 14, 2024.

Jean Delaunay

Le parquet français demande 2 ans de prison et l’inéligibilité contre Marine Le Pen

La chef du Rassemblement national d’extrême droite française, Marine Le Pen, fait face à un procès qui pourrait déterminer son avenir politique. Accusés de détournement de fonds parlementaires européens, Le Pen et 24 responsables du Rassemblement national font l’objet d’une surveillance étroite.

Le parquet de Paris a requis mercredi une peine de deux ans de prison contre la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen et une période d’inéligibilité supplémentaire de cinq ans pour se présenter aux élections, dans le cadre d’un procès pour détournement présumé de fonds du Parlement européen. la course à la présidentielle de 2027 est en jeu.

Le Rassemblement national et 25 de ses responsables, dont Le Pen, sont accusés d’avoir utilisé l’argent destiné aux assistants parlementaires de l’Union européenne pour rémunérer le personnel ayant travaillé pour le parti entre 2004 et 2016, en violation des réglementations du bloc des 27. Le Rassemblement National s’appelait à l’époque le Front National.

Les procureurs ont demandé au tribunal de déclarer Le Pen coupable et de lui infliger une amende de 300 000 € et trois ans supplémentaires de prison avec sursis. Ils ont demandé que la période d’inéligibilité soit déclarée effective immédiatement, que Le Pen fasse appel ou non.

Aucune émotion de la part du leader d’extrême droite

Le procès, qui durera neuf semaines, devrait s’achever le 27 novembre et le verdict sera rendu ultérieurement. Les avocats de la défense doivent s’exprimer dans les prochaines semaines.

Le Pen n’a montré aucune émotion dans la salle d’audience en écoutant les demandes des procureurs.

« Ce n’est pas une surprise », a-t-elle déclaré aux journalistes. « Je constate que les affirmations des procureurs sont extrêmement scandaleuses. »

Le Pen a déclaré qu’elle estimait que les procureurs étaient « uniquement intéressés » à l’empêcher de se présenter à la présidentielle en 2027. « J’ai bien compris cela », a-t-elle déclaré.

Le Pen a été finaliste derrière le président Emmanuel Macron aux élections présidentielles de 2017 et 2022, et le soutien électoral de son parti s’est accru ces dernières années.

Les procureurs ont également requis un verdict de culpabilité pour tous les autres coaccusés, comprenant diverses peines allant jusqu’à un an de prison et une amende de 2 millions d’euros pour le parti.

Le Pen a nié les accusations selon lesquelles elle était à la tête d’un « système » destiné à siphonner l’argent du Parlement européen au profit de son parti, qu’elle a dirigé de 2011 à 2021.

S’exprimant devant le tribunal la semaine dernière, elle a plutôt soutenu que les missions des assistants devaient être adaptées aux diverses activités des députés européens, y compris certaines missions hautement politiques liées au parti.

L’aide parlementaire « est un statut », a-t-elle déclaré. « Cela ne dit rien sur le métier, rien sur le travail requis, du secrétaire au rédacteur de discours, de l’avocat au graphiste, du garde du corps à l’employé de bureau du député européen. »

Les coaccusés de Le Pen, dont la plupart lui doivent leur carrière politique ou professionnelle, ont témoigné sous sa surveillance étroite.

Certains collaborateurs ont fourni des explications embarrassées et confuses, face au manque de preuves que leur travail était en relation avec le Parlement européen.

Le Pen a insisté sur le fait que le parti « n’a jamais eu la moindre remontrance de la part du Parlement » jusqu’à l’alerte lancée en 2015 par Martin Schulz, alors président de l’instance européenne, aux autorités françaises concernant une possible utilisation frauduleuse des fonds européens par des membres du Front national.

« Remontons le temps. Soit les règles n’existaient pas, soit elles étaient beaucoup plus flexibles », a-t-elle déclaré.

Le Pen craignait que le tribunal ne tire de fausses conclusions des pratiques ordinaires du parti qu’elle juge légitimes. «C’est injuste», a-t-elle répété. « Quand on est convaincu que tomate c’est cocaïne, toute la liste de courses devient suspecte ! »

La présidente du tribunal, Bénédicte de Perthuis, a déclaré que quelles que soient les questions politiques en jeu, le tribunal devait s’en tenir à un raisonnement juridique.

« En fin de compte, la seule question qui compte (…) est de déterminer, sur la base de l’ensemble des preuves, si les assistants parlementaires travaillaient pour le député européen auquel ils étaient rattachés ou pour le Rassemblement national », a déclaré de Perthuis.

Patrick Maisonneuve, avocat au Parlement européen, a déclaré que le coût du détournement présumé est estimé à 4,5 millions d’euros. « Ces dernières semaines, il est apparu très clairement que la fraude est, je pense, largement établie », a-t-il déclaré mardi à la presse.

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