Les députés appellent à une action contre la « flotte fantôme » russe, appelant à des contrôles plus stricts, à des sanctions et à une interdiction totale des importations russes de combustibles fossiles afin de réduire le contournement des sanctions et les risques pour la sécurité.
Les députés ont adopté jeudi une résolution visant à limiter la capacité de la Russie à exporter du pétrole brut à l’aide de navires obsolètes, évitant ainsi les sanctions de l’UE et du G7.
Cela fait partie d’un effort plus large visant à réprimer la tentative de la Russie de contourner les sanctions occidentales. Le Parlement européen exhorte l’UE et ses États membres à agir contre la « flotte fantôme » de Moscou.
La résolution appelle les 27 États membres de l’UE à renforcer les inspections et les contrôles à l’aide de drones et de satellites, et à pénaliser tout navire naviguant dans les eaux européennes sans assurance adéquate.
Les députés ont également appelé à une interdiction totale de toutes les importations de combustibles fossiles russes, y compris le gaz naturel liquéfié (GNL).
Éviter les sanctions occidentales
Pour limiter la capacité financière de la Russie et sa capacité à financer la guerre en Ukraine, l’UE et le G7 ont fixé un plafond de prix pour le pétrole russe en 2022, fixant la limite à 60 dollars (57 euros) le baril.
En réponse, Moscou a investi environ 9 milliards d’euros dans une « flotte fantôme » de navires obsolètes et mal entretenus – dont beaucoup ont plus de 20 ans et souvent non assurés – afin de les rendre plus difficiles à retracer. Ces navires naviguent souvent sous pavillons étrangers, notamment ceux du Gabon, des Îles Cook, du Panama et du Libéria.
Cette tactique n’est pas nouvelle : des pays comme l’Iran, le Venezuela et la Corée du Nord ont également eu recours à des flottes fantômes. Les députés soulignent toutefois que l’opération russe se distingue par son ampleur et sa sophistication.
Les principales destinations de ces navires russes sont l’Inde, la Chine et la Turquie, où le pétrole est raffiné et réexporté vers l’Europe comme sous-produit, contournant ainsi les sanctions.
« Environ 600 navires de cette flotte fantôme opèrent principalement dans la Baltique et la mer Noire », a expliqué l’eurodéputé Rasa Jukneviciene (PPE).
Certains rapports estiment la « flotte fantôme » à 1 400 navires, ce qui, selon la Kyiv School of Economics, permettrait d’exporter par voie maritime 70 % du pétrole russe.
Moscou utilise diverses tactiques pour échapper à la détection. Les transferts de pétrole ont lieu entre différents navires en haute mer, et le brut est souvent mélangé à d’autres pétroles pour masquer son origine. Les navires peuvent également désactiver leurs transpondeurs du système d’identification automatique (AIS), masquant leur emplacement ou transmettre de fausses données pour éviter la surveillance.
Ces pratiques présentent des risques pour la sécurité maritime, augmentant les risques de collisions et de marées noires, qui pourraient affecter plusieurs pays européens.
« Nous demandons l’interdiction de ces dangereux transferts de navire à navire, ainsi qu’un financement supplémentaire pour les capacités de réponse rapide (en cas de marée noire), car chaque jour de retard coûtera des milliards d’euros », a déclaré le député européen Martins. Stakis (Verts).
Le Parlement européen prévient également que la « flotte fantôme » pourrait menacer la sécurité européenne, en étant potentiellement utilisée dans des opérations hybrides contre les intérêts des États membres.